Comment préparer l’environnement familial pour des enfants épanouis ?

Dans son livre Quand l’école s’adapte aux enfants, Donna Bryant Goertz, éducatrice Montessori avec 30 ans d’expérience, nous livre sa vision de l’éducation pour des enfants épanouis.

Elle insiste beaucoup sur la notion d’obstacles dans l’environnement familial. Pour elle, la première mesure à prendre en termes d’éducation est de modifier un environnement familial ou un style de vie qui fatigue, surexcite, déresponsabilise, abandonne ou protège trop l’enfant. Elle reprend l’idée de Maria Montessori selon laquelle le rôle des éducateurs (parents et enseignants) est de retirer les obstacles du chemin de l’enfant pour le laisser ensuite continuer seul.

quand l'école s'adapte aux enfants

Donna Bryant Goertz donne 10 conseils pour favoriser l’épanouissement des enfants.

 

1. Préparer chaque pièce de la maison de manière à permettre à l’enfant de participer pleinement à la vie familiale.

Cela peut passer par des choses comme

  • prévoir des petites bouteilles de lait (voire un petit pot ou un pichet) sur l’étagère la plus basse du frigo pour que l’enfant puisse se servir lui-même au petit déjeuner.
  • afficher la quantité et la combinaison d’aliments possibles dont l’enfant pourra se servir pour goûter à 16 heures
  • montrer à l’enfant comme mettre la table (pour aider les plus jeunes à savoir ce dont ils ont besoin et où poser quoi, vous pourrez tracer le contour de chaque élément sur un set de table au stylo indélébile)

Donna Bryant Goertz estime qu’on peut laisser l’accès au frigo ou aux placards libre dans ces conditions. En revanche, il vaut mieux éviter des avertissements vagues, non directifs et moralisateurs du type : “Ne mange pas trop !”, “Ne te coupe pas l’appétit !”

 

2. Demander une participation à la vie de famille adaptée à l’âge de l’enfant

Il est également possible d’établir un nombre d’heures consacré chaque semaine aux écrans. L’enfant sera alors libre de décider comment il veut utiliser ce “quota” de temps : deux heures d’écran peuvent se répartir en une heure et demie de télé et une demie heure d’ordi ou en deux heures de télé.

 

3. Impliquer l’enfant dans les sorties familiales qui se rapportent à la vie courante

Avant d’aller dans des magasins, on pourra “muscler” le cerveau de l’enfant :

  • expliquer à l’enfant ce qu’on part acheter (la liste des courses, les caractéristiques d’un produit en particulier si c’est un gros achat comme un frigo…)
  • poser des questions à l’enfant avant de se déplacer, pour établir la liste des courses par exemple (de quoi a-t-on besoin au supermarché ? est-ce que tu as fini tes céréales ? est-ce que tu as envie d’en changer ? est-ce qu’il reste du jus de fruits ? qu’est-ce qui te ferait le plus envie au goûter entre X et Y ?…)
  • assigner une tâche avant de partir au magasin (par exemple, choisir les bananes et/ou peser les carottes),
  • donner un crayon et un carnet à l’enfant dans le magasin pour qu’il prenne des notes

 

4. Organiser la vie de famille en tenant compte de l’âge de l’enfant et de sa personnalité

Un jeune enfant qui a du mal à s’endormir a besoin d’une routine calme et apaisante qui le sécurisera. Donna Bryant Goertz propose même d’utiliser une petite lampe ou des bougies pour donner le bain à l’enfant, de tamiser les lumières dans toute la maison tant que l’enfant ne dort pas, de parler bas, de bouger lentement et de respirer profondément.

A l’opposé, un aîné qui pose des difficultés au moment du coucher ressent-il peut-être une injustice car il est obligé d’aller se coucher en même temps que ses frères et sœurs plus jeunes. Dans ce cas, il est envisageable de lui accorder un temps de veille plus long.

 

5. Rester réceptif aux sentiments de l’enfant et l’encourager à exprimer ses émotions avec respect

Toutes les émotions sont légitimes, mais tous les comportements ne sont pas acceptables. – Haïm Ginott (Entre parent et enfant)

Quand les enfants ressentent de fortes émotions, ils sont incapables d’écouter et d’accepter quelque remarque que ce soit (conseil, consolation, critique…). Ils veulent simplement que les parents comprennent ce qui se passe à l’intérieur d’eux, ce qu’ils ressentent à ce moment précis.

Identifier les sentiments des enfants et leur refléter ce qu’ils souhaitent participe à soulager leur frustration et à apaiser les relations parents/enfants.

Quand les enfants se sentent compris, leur solitude et leur souffrance diminuent et leur amour pour leurs parents va en grandissant. La bienveillance d’un parent sert de premier secours émotionnel pour les sentiments douloureux. – Dr Haim Ginott

A un enfant qui n’arrête pas d’embêter son frère et ses amis, le parent pourrait dire :

“Tu as l’air très en colère contre ton frère ! Je vois à quel point tu es en colère. Tu te sens exclu quand ses amis viennent le voir. Tu voudrais te joindre à eux. Je me demande comment tu pourrais lui expliquer ce que tu ressens. Comment pourrais-tu le dire avec respect ? Tu as le droit de dire comment tu te sens, mais tu as la responsabilité de le respecter.”

 

6. Expliquer minutieusement ce qui se passe dans la famille en des termes adaptés à l’âge de l’enfant et en tenant compte de sa compréhension et de sa curiosité.

 

 

7. Adapter les périodes d’activités aux besoins fondamentaux de nutrition, sommeil, exercice, concentration, solitude et compagnie spécifiques au tempérament de l’enfant.

– Le sommeil

D’après le Ministère de la Santé, les besoins moyens en sommeil sont les suivants :

  • Un nourrisson a besoin de 16 à 17 heures de sommeil par jour,
  • Un enfant de 3 ans a besoin de 12 heures de sommeil minimum,
  • Un enfant de 6 ans a besoin de 10 heures,
  • Un adolescent de 12 ans a besoin 9 heures.

 

– La nutrition

Il existe notamment des avertissements sur certains produits alimentaires qui mettent en garde sur les effets des additifs sur les comportements des enfants. Nous pouvons être attentifs aux mentions sur les emballages des aliments industriels (du type sucettes ou bonbons).

 

– L’exercice physique

Selon les recommandations officielles, les enfants ont besoin de bouger au moins l’équivalent d’une heure de marche rapide par jour. Rien n’oblige à bouger pendant 1 heure d’affilée : on peut très bien prévoir des plages de 4 fois 15 minutes (2 allers retours à l’école à pieds par exemple) ou 2 fois 30 minutes. Les programmes scolaires prévoient 30 minutes d’activité physique par jour en maternelle et 3 heures par semaine en élémentaire.

Je vous invite à lire cet article sur les besoins de mouvement des enfants : Bouger et se dépenser physiquement est un besoin fondamental des enfants… souvent négligé

 

– La compagnie et la vie sociale

Donna Bryant Goertz expose la situation dans laquelle un enfant se dispute systématiquement avec un ami qui lui est cher quand celui-ci est invité à la maison. Elle propose d’élaborer un programme ;

  • planifier des activités libres de plein air (double bénéfice : dépense d’énergie et pas de problème de partage de jouets)
  • demander à l’enfant invité d’apporter quelques affaires (son vélo, ses rollers par exemple)
  • limiter le temps de visite
  • proposer des activités dans un laps de temps restreint pour éviter l’énervement, l’excitation et le désordre trop grand

 

8. Aider l’enfant à mettre de l’ordre dans sa chambre et à ranger ses affaires

Donna Bryant Goertz propose de ne conserver qu’un dixième des objets de l’enfant et de les présenter de manière attrayante sur des étagères. Le reste des jouets sera conservé dans des cartons et les objets seront remplacés une fois par mois, en mettant à disposition de l’enfant ceux qu’il a choisi dans les cartons et en évacuant les autres.

Des périodes de rangement pourront être proposées selon votre organisation et votre propre tolérance au désordre : cela pourrait être 3 fois par jour par exemple (avant de partir à l’école, avant le déjeuner et avant le coucher).

C’est au parent que revient la tâche d’expliquer à l’enfant en quoi consiste le fait de ranger (comme mettre les livres dans la bibliothèque, les jouets sur l’étagère et le linge salle dans la panière à la salle de bain).

Voici une proposition pour motiver votre enfant à ranger : Ranger une chambre d’enfant en deux temps, trois mouvements + un livre à lire aux enfants : On range !.

on range

 

9. Considérer le comportement de l’enfant comme étant en “évolution”, jamais comme bon ou mauvais

La valorisation des réussites valorise l’enfant : même si l’enfant récolte une mauvaise note à l’école, il est toujours possible de mettre l’accent sur ce qui est fait, sur les exercices réussis, sur les progressions par-rapport à l’évaluation précédente.

L’encouragement efficace porte sur les efforts et les réalisations de l’enfant, pas sur son caractère ou sa personnalité. Il est possible de formuler des encouragements en 3 étapes pour des enfants épanouis:

  • Décrire ce qui est vu (“Je vois un plancher propre, un lit sans un seul pli et des livres rangés sur l’étagère”)
  • Exprimer ce qui est ressenti (“C’est un plaisir d’entrer dans cette chambre !”)
  • Résumer en un mot le comportement digne de louange (“Tu as trié les crayons, les feutres et les stylos, et tu les as placés dans des boîte séparées. C’est ce que j’appelle de l’organisation !”)

 

10. Alterner la fermeté avec une bonne mesure d’espoir, de bonne humeur et de joie

Rire souvent avec l’enfant et lui raconter des histoires sur sa vie aident à faire passer des messages. Je vous propose de compléter la lecture avec ces deux articles :

Et l’humour dans l’éducation ?

L’imagination au service de l’éducation

 

Donna Bryant Goertz ajoute un onzième point à sa liste :

11. Fournir à l’enfant du matériel créatif et introduire l’enfant à l’art, à la culture, aux langues, aux sciences et à l’histoire.

  • Remplir la maison de livres, de cartes, de dictionnaires, d’atlas
  • Laisser à portée de main des feuilles, des crayons, de la peinture, de la pâte à modeler, de l’argile, de la colle, des ciseaux
  • Accrocher des reproductions d’œuvres d’art dans la maison
  • Aller au musée, voir des expositions d’art, des spectacles de danse, des concerts, des pièces de théâtre adapté à l’âge de l’enfant
  • Passer des heures entières dans la nature
  • Lire à haute voix à l’enfant
  • Faire la cuisine ensemble

Mais surtout, elle ajoute : “N’ennuyez pas votre enfant en voulant enseigner ou prêcher quand il n’est pas intéressé.

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Source : Quand l’école s’adapte aux enfants : entraide et excellence à l’école Montessori de Donna Goertz (éditions DDB). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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