Les 4 étapes de la connexion (les enfants coopèrent quand ils se sentent connectés)

Dans leur livre La discipline sans drame, Daniel Siegel et Tina Payne proposent une approche éducative basée sur la connexion.

Les enfants coopèrent d’ordinaire beaucoup plus vite s’ils se sentent connectés à nous et si nous les incitons à un échange agréable et enjoué. Tout est dans notre façon de nous y prendre. Nous pouvons être de bien meilleurs éducateurs si notre comment est respectueux, ludique et calme. – Daniel Siegel et Tina Payne

Se connecter signifie faire en sorte que les enfants se sentent compris et les assurer de notre présence à leurs côtés dans les moments difficiles (émotions douloureuses, frustration, stress…). La plupart du temps, la connexion avec les enfants en proie à des émotions désagréables et difficiles à canaliser comportent 4 étapes :

1.Réconforter

Le lien le plus précieux est d’ordre non verbal.

Un contact avec une intention aimante et bienveillante, qu’il soit discret (comme prendre une main ou caresser la tête) ou plus démonstratif (comme serrer quelqu’un contre soi) a le pouvoir de faire rapidement retomber la température émotionnelle.

La posture corporelle et les mimiques du visages véhiculent également des messages qui vont mener à la coopération ou à la fuite/ combat.

étapes connexion émotions enfants

Daniel Siegel et Tina Payne prennent l’exemple des animaux menaçants : l’approcher avec une attitude agressive lui enverrait le message que nous sommes une menace et l’animal n’aurait pas d’autres alternatives que l’attaque ou le retrait (fuite). Au contraire, si nous voulons approcher l’animal, nous avons intérêt à agir de manière à signifier que nous ne constituons pas une menace.

Il en va de même pour les enfants (et les adultes également) : quand le cerveau détecte une menace, la zone des émotions entre aussitôt en alerte maximale, court-circuitant la zone de la réflexion (par gain de temps et d’énergie dans une optique de survie).

Pour Siegel et Payne, l’une des façons les plus rapides d’inspirer la confiance et l’absence de menace consiste à se positionner en-dessous du niveau des yeux de l’enfant et à choisir une posture corporelle décontractée et apaisante. Sans même ouvrir la bouche, nous en disons déjà long…

Vos paroles et votre langage corporel doivent se combiner pour exprimer empathie et connexion et suggérer à votre enfant : “Je suis là, à tes côtés. Je vais te réconforter et t’aider.”

Cette attitude pour nouer le contact avec les enfants dans un moment difficile a également pour résultat de calmer… les parents ! Un ton de voix calme, une posture décontractée, des mots empathiques apaisent parents et enfants.

2.Valider

Même si une émotion vous semble ridicule, n’oubliez pas que pour l’enfant elle est très réelle et que vous ne voulez pas avoir l’air de rejeter quelque chose qui lui est important.

Pour autant, la validation des émotions ne vaut pas permission de taper, frapper, crier sur quelqu’un, casser… Parfois, il pourra être utile auparavant d’éloigner l’enfant de la situation : on n’autorise pas un comportement inapproprié en s’identifiant aux émotions des enfants.

Valider les émotions revient plutôt à accorder notre instrument avec celui de l’enfant afin de pouvoir créer ensemble quelque chose de beau.

Valider les émotions est difficile car cela requiert de résister à la tentation de dénier ou minimiser ce que traversent les enfants, au risque de rompre la connexion.

Cela te fait vraiment de la peine de ne pas avoir été invité.e, n’est-ce pas ? Je me serais senti.e exclu.e moi aussi. 

Je vois à quel point tu es furieux.se. Pas étonnant que tu te sois mise dans cet état, ça m’aurait mis très en colère moi aussi.

3.Ecouter

Le problème de l’appel à la logique avec les enfants en proie à leurs émotions (“Zoé ne peut pas inviter toute l’école à sa fête d’anniversaire !”, “Kevin n’a pas voulu te faire mal, c’est un accident, ce n’est pas la peine de te mettre en colère”) est qu’il présuppose que l’enfant en colère ou déçu est capable d’entendre et de répondre rationnellement. Or la zone logique du cerveau d’un enfant est non seulement déconnecté quand il est blessé ou en colère mais elle est encore en développement tout au long de l’enfance.

Dans toute l’histoire des tentatives de retour au calme des enfants, un sermon logique répété à l’infini n’a jamais calmer qui que ce soit.

Une fois que les émotions ont été validées, il vaut mieux fermer la bouche et écouter vraiment ce que l’enfant a à dire : notre travail d’adultes consiste à décrypter les émotions qui sont derrière les mots.

En résumé, réconforter, valider et écouter passent par des attitudes positives :

  • reconnaître ce que dit l’enfant au-delà de ce qui est dit et donné à voir
  • rester à l’affût des indices qui permettent de saisir ce qui se passe vraiment dans la tête de l’enfant (posture, signes non verbaux…)
  • se concentrer sur les émotions en laissant de côté le petit refrain du parent qui sait mieux que l’enfant ce qui est bon pour lui et ce qu’il devrait ressentir (argumenter, sermonner, nous défendre d’accusations que nous estimons infondées…)
  • ne pas réprimer les émotions en disant d’arrêter de ressentir ce qui est ressenti ici et maintenant (toutes les émotions sont légitimes, tous les comportements ne le sont pas en revanche). L’important est d’offrir un temps et un espace sécurisés pour que l’enfant exprime sans retenue ce qu’il a sur le coeur.

4.Réfléchir

Réfléchir peut prendre ici deux sens : réfléchir à la manière d’un miroir ou réfléchir au sens de mobiliser son intelligence pour trouver des solutions à un problème.

Tout d’abord, réfléchir les émotions et le contexte permet de mettre en perspective les émotions comme des visiteuses passagères qui ont émergé dans une situation particulière mais qui ne sont pas un trait de la personnalité de l’enfant ni de la relation avec la personne dont il se plaint. Il s’agit de ne pas permettre à ce qui est une émotion légitime et passagère (ex : la colère envers un frère ou une soeur) d’être perçue comme un aspect fondamental et permanent de la relation frère/ soeur. Rappeler que les émotions, bien que normales, sont passagères permet de remettre les choses en perspective.

Cela peut passer par le fait de rappeler le moment de plaisir qui précédait la crise : “Vous vous amusiez bien tous les deux, tu aimais ça de jouer avec lui avec les briques et, d’un coup, il a tout cassé ! C’est ça qui t’a mise vraiment en colère ! C’est parfois agaçant d’avoir un petit frère.”

Ensuite, réfléchir peut également signifier de réfléchir à une solution (mais pas toujours : parfois, une écoute bienveillante suffit à apaiser l’enfant qui ne cherche pas spécialement de solution mais simplement un soutien inconditionnel et une compréhension authentique).

Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour que vous puissiez jouer tous les deux ensemble ? Est-ce que tu serais d’accord pour jouer avec lui et accepter qu’il détruise certaines de tes constructions ? Est-ce que tu serais d’accord pour lui laisser des briques juste pour lui ? Est-ce que tu serais d’accord pour changer de jeu et faire quelque chose ensemble ?

Ici, les solutions sont infinies… place à la créativité et à l’intelligence des parents et des enfants ! Je me souviens d’un repas de famille avec ma fille et ma nièce au cours duquel elles ont eu du mal à trouver un terrain d’entente. Ma fille (7 ans) jouait aux Legos et sa cousine (3 ans) venait systématiquement détruire ses constructions… jusqu’au moment où ma fille a dit à sa cousine : “Je vais te construire des maisons que tu auras le droit de détruire mais tu dois attendre que j’ai fini de les construire avant de les détruire. Et tu n’auras pas le droit de détruire celles à côté” (elle avait fait une espèce de séparation avec une couverture pour signifier la ligne à ne pas franchir). Croyez-le ou non : elles ont pu jouer ensemble sans problème le reste du repas !

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Source : La discipline sans drame : calmer les crises et aider votre enfant à grandir de Daniel Siegel et Tina Payne (éditions Les Arènes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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