La nature des enfants est bonne

Carlos Gonzales est un pédiatre espagnol et a écrit le livre Serre-moi fort : Comme élever vos enfants avec amour (éditions Le Hêtre Myriadis). Il s’y demande pourquoi personne ne nous rappelle les raisons pour lesquelles nos enfants sont de bonnes personnes. Il continue en écrivant :

Et ils le sont. Ils doivent l’être, forcément. Aucune espèce animale ne pourrait survivre si ses membres ne naissaient pas avec la capacité d’acquérir le comportement normal des adultes et la tendance à le faire.

Carlos Gonzales part du principe que la nature de l’enfant est bonne et que c’est la charge des adultes d’accompagner les enfants tout au long de leur vie avec affection, respect et proximité tant émotionnelle que physique.

citation éducation

9 qualités naturelles des enfants 

1. L’enfant est de nature désintéressée

Avec la théorie de l’attachement, John Bolwby affirme que le besoin des enfants de leur mère est indépendant du besoin de nourriture et même probablement plus important. Pourquoi un enfant qui est propre, qui a mangé, qui n’a ni trop chaud ni trop froid, qui n’a pas soif, qui n’a pas sommeil pourrait donc pleurer ? Carlos Gonzales écrit : le bébé veut sa mère; il vous veut, vous, ses parents !

L’amour d’un enfant est pur, absolu, désintéressé. – Carlos Gonzalez

Les parents sont l’objet d’un amour absolu de la part de leur enfant. Ce dernier a un besoin naturel de tendresse et de contact physique.

2. L’enfant sait faire preuve de générosité

Carlos Gonzales rappelle que, pour les adultes, la disposition à prêter dépend de trois facteurs :

  • ce que nous prêtons

Ce que nous prêtons a plus ou moins de valeur. En tant qu’adultes, nous ne serions pas prêts à prêter notre voiture à n’importe qui. Un enfant n’a pas beaucoup de possessions : un seau, une pelle ou un ballon sont aussi importants pour lui qu’un sac à main, un ordinateur ou une moto pour nous.

  • à qui nous le prêtons

Nous faisons la différence entre les amis et les inconnus : nous prêtons plus facilement aux amis. Carlos Gonzales écrit que, du point de vue d’un adulte, tout enfant de 2 ans, sans défense et désarmé, est un “petit copain” mais, quand on mesure moins d’un mètre, un enfant de 2 ans est bel et bien un inconnu.

Le partage se fera avec méfiance au départ, ce qui est tout à fait compréhensible. Une fois que les enfants se sont apprivoisés, le partage se fera plus facilement et pour une durée de temps plus longue.

  • pour combien de temps

Quand on observe deux enfants jouer ensemble (sans que les parents interviennent), on s’aperçoit d’une valse à 3 temps : pendant quelques minutes, le possesseur de jouets partagera de mauvais gré ou refusera carrément le partage. A d’autres moments, les enfants pourront même négocier : une pelle contre un râteau. Au bout d’un certain temps, il partagera de bon cœur. Les enfants arrivent en général à passer un bon moment de jeu pacifique.

Ce qui est souvent remarquable est que les enfants préfèrent connaître la personne à qui ils vont prêter et surtout que cette personne demande la permission. Une fois ces formalités passées et quand ils n’y sont pas forcés par une “superpuissance extérieure”, les enfants arrivent la plupart du temps à un accord amical pour résoudre leurs conflits de propriété.

3. L’enfant tend à être toujours de bonne humeur

Carlos Gonzales estime que, si les enfants passent beaucoup de temps à pleurer, c’est qu’ils ont davantage de raisons de pleurer que les adultes.

Les choses qui font pleurer les enfants et les adultes sont complètement différentes :

  • un enfant ne pleure pas pour un contrôle fiscal, pour un licenciement, pour la relégation de son équipe de foot préférée en deuxième division…
  • un enfant peut pleurer pour une tour de construction détruite, pour une glace refusée, pour ne pas aller au bain…

Parmi les raisons qui font le plus souvent pleurer les enfants, on peut citer :

  • être séparé de ses parents,
  • essayer de faire quelque chose et ne pas y arriver,
  • remarquer quelque chose de bizarre et ne pas savoir ce que c’est,
  • avoir besoin de quelque chose et ne pas savoir comment l’obtenir.

La différence entre ce qui nous rend tristes/ en colère et ce qui rend tristes/ en colère un enfant est la répétition de ses événements : les choses qui font pleurer les enfants surviennent plusieurs fois par jour. En dehors de ces événements, les enfants jouent, sourient et s’émerveillent de la vie bien plus que nous le faisons une fois adultes.

4. L’enfant pardonne facilement

Les enfants sont de nature miséricordieuse.

Nos enfants nous pardonnent, tous les jours, des dizaine de fois. Ils pardonnent sans duplicité, sans réserve, sans reproches, jusqu’à oublier complètement l’offense. Leur colère retombe bien plus vite que la nôtre. – Carlos Gonzalez

5. L’enfant est courageux

Carlos Gonzales écrit qu’aucune force ni aucune menace ne pourraient faire tenir tranquille une demie-heure d’affilée un enfant de 2 ans. Il nous demande donc d’admirer la vaillance des enfants plutôt que de se plaindre de leur “obstination”.

6. L’enfant a des talents de diplomate

Un enfant sait détourner l’attention ou avoir une parole qui détend l’atmosphère.

Il demande à ses parents qui se sont mis en colère contre lui de regarder sa tour de legos; il propose une course à un enfant en colère; il fait un câlin à un enfant triste; il propose de partager son goûter.

7. L’enfant est sincère

La sincérité des enfants nous dérange souvent. Quand on pose une question à un jeune enfant, on doit s’attendre à ce que la réponse ne soit pas forcément celle qu’on avait prévue.

Les enfants ne connaissent pas la dissimulation, la ruse ou la tromperie par nature : ils apprennent ces “compétences” à partir du moment où ils font l’expérience auprès d’adultes que le mensonge leur épargne réprimandes et punitions.

8. L’enfant est de nature sociable

Les enfants se parlent sans préjugés, ils ne font pas preuve de racisme (sauf si cette “valeur” est prônée dans le contexte culturel).

nature bonne de l'enfant

Par nature, l’enfant n’apporte pas d’importance à la classe sociale, à l’appartenance ethnique ou encore à la tenue vestimentaire. C’est la couche de culture (apportée par les adultes, les médias) qui empêche un enfant de jouer avec n’importe quel autre enfant.

Les enfants vont parfois poser des questions embarrassantes sur ce qu’ils ne connaissent pas, se trouver perplexes face à la différence mais, une fois la surprise passée, ils sont aussi capables de traiter n’importe quelle personne telle qu’elle est sans se préoccuper de son apparence physique.

Je l’ai expérimenté dans l’école maternelle de ma fille : une unité d’enseignement y accueillait sept enfants autistes. Tous les enfants jouaient de manière naturelle et spontanée ensemble dans la cour de récréation. L’enseignante de petite section nous avait même raconté que ses élèves se portaient volontaires tous les jours pour un temps de lecture en décloisonnement au sein de l’unité d’enseignement.

De même, dans une école dans laquelle j’ai travaillé, une classe de CLIS accueillait une petite fille atteinte de trisomie : c’était la chouchou de la cour de récré et tous les enfants veillaient à ce qu’elle ne manque de rien.

9. L’enfant est compréhensif

Les enfants de moins de 3 ans sont capables d’empathie et ils se soucient de la souffrance des autres. L’être humain étant un animal social, la coopération avec d’autres membres de son groupe est donc sa voie naturelle.

Pourquoi est-ce important de connaître la nature bonne des enfants ? 

Dans son livre Le concept du continuum, Jean Liedloff écrit que la seule identité positive qu’un enfant puisse connaître est basée sur le principe qu’il se sent bien, bon et le bienvenu.

Sans cette conviction [d’être bien, bon et bienvenu], tout être humain est handicapé par un manque de confiance, de spontanéité, de grâce et par l’ignorance du sens global de son identité. Tout bébé est bon, mais ne peut s’en rendre compte qu’indirectement, à travers la façon dont on le traite. – Jean Liedloff

Avoir connaissance de la nature bonne de l’enfant est alors indispensable au bien-être des enfants (et de la société par extension). Quand un parent estime que son enfant le manipule ou le “cherche”, qu’il est fait d’un bois à “redresser”, qu’il est un ennemi à vaincre, il lui est difficile de traiter l’enfant avec bonté. Or seule la bonté, source de tendresse et de compréhension, peut servir de base au bien être de l’enfant.

L’enfant ne peut qu’éprouver l’inutilité ou la vanité de son existence sans le sentiment d’être bon. Ce sentiment d’être bon découle de la manière dont il a été traité au cours de son enfance, cette manière découlant elle-même de la manière dont ses parents envisageaient la nature de l’enfant.

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Source : Serre-moi fort : Comment élever vos enfants avec amour de Carlos Gonzalez (éditions Le Hêtre Myriadis). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet (site de l’éditeur)

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