2 alternatives pour éviter les jeux de pouvoir avec les enfants (avec la discipline positive)

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Jane Nelsen, initiatrice du concept de discipline positive, propose une approche éducative basée sur le lien et l’implication des enfants. Elle estime qu’une façon efficace de remplacer les luttes de pouvoir entre parents et enfants est de proposer des moyens aux enfants d’avoir du pouvoir sur les décisions qui les concernent et de se demander aussi souvent que possible :

  • pourquoi y-a-t-il résistance ?
  • en quoi cette résistance de mon enfant sert-elle ses besoins ?
  • quelle est sa fonction pour lui ?

La nature étant bien faite, toutes nos émotions et nos réactions (et celles de nos enfants) servent un besoin qui lui-même sert la vie.

Jane Nelsen affirme que les leçons de morale, les isolements et les punitions conduisent à de la résistance, du retrait ou de la rébellion, et qu’aucune discussion constructive et éducative ne peut avoir lieu sous le coup de la colère (du parent et/ou de l’enfant). Dans cette optique, elle propose deux pistes pour éviter les jeux de pouvoir avec les enfants.

  • 1. L’espace de retour au calme (utile avec les plus jeunes)

L’espace de retour au calme est un espace cocon, agréable dans lequel les enfants se sentent bien et dans lequel ils trouveront des outils pour s’apaiser. On pourra ainsi y mettre des feutres et des crayons, des peluches, des livres, des plumes, une balle anti stress, une paille pour souffler dedans, un coussin pour taper dedans/ pour poser la tête/ pour pleurer, une roue des émotions, un lecteur de musique…

>>>Voir plus d’idées ici : La boîte à émotions pour accompagner les émotions fortes et désagréables

Pour ma part, l’espace de retour au calme de ma fille est dans sa chambre à l’intérieur d’une petite cabane en tissu dans laquelle nous avons mis un tapis tout doux, des coussins, une roue de la colère, des livres et des crayons avec des feuilles. Elle s’y réfugiait souvent quand elle était petite.

espace retour au calme discipline positive

L’idée est de proposer aux enfants d’y aller si la situation en fait sentir le besoin :

  • est-ce que cela t’aiderait d’aller dans l’espace de retour au calme ?
  • est-ce que tu veux que je t’y accompagne ?

Les enfants pourront aussi s’y rendre spontanément lorsqu’ils se sentent submergés par la colère.

Cet endroit de retour au calme n’est pas un coin punitif (dans lequel on envoie les enfants réfléchir ou se calmer) mais un vrai espace dans lequel ils auront réellement la possibilité de s’apaiser, autant de temps que nécessaire. Quand les enfants (et les adultes) sont submergés par les émotions, le cerveau qui est capable de réfléchir est comme déconnecté. Il est nécessaire de prendre un temps calme pour “rebrancher” le cerveau rationnel avant de pouvoir adopter un comportement différent.

 

  • 2. Les questions de coopération (utiles avec les enfants plus grands et les ados)

Jane Nelsen propose également pour les plus grands une manière de poser des questions qui invitent les enfants à coopérer et à faire preuve de pouvoir (pour nourrir leurs besoins d’autonomie, de considération, de sens et de respect).

On pourrait ainsi dire aux enfants dont le comportement nous irrite ou nous pose problèmes (par exemple, un enfant qui ne fait pas ses devoirs ou qui ne participe pas aux tâches ménagères) :

J’ai besoin qu’on parle tous les deux car j’ai un problème au sujet de… et j’aimerais qu’on trouve une solution ensemble. Quand est-ce que tu serais disponible pour une petite discussion/ préfères-tu qu’on se voit à XX heures ou à YY heures ?

Une fois que le “rendez-vous” est pris, on adoptera une attitude ouverte et on raisonnera en termes de besoins : les nôtres et ceux de l’enfant. L’idée est de trouver une solution qui satisfasse le parent (nourrissant ses besoins de respect, d’ordre, de calme, de savoir que l’enfant est heureux et est actif dans la construction de sa réussite…) et l’enfant (besoin d’autonomie, de compréhension, de confiance, de se sentir accepté et apprécié, de se sentir aimé inconditionnellement…).

Le parent pourrait tenir un discours du type :

Je t’aime et je veux le meilleur pour toi. Je m’inquiète quand… car j’ai besoin de savoir que tu vas réussir ta vie, que tu es heureux et que tu le seras toute ta vie. J’ai besoin de savoir que je contribue à ce bonheur et à cette réussite.

Je suis fatigué.e de te rappeler sans cesse de (te brosser les dents/ faire tes devoirs/ débarrasser la table…) et je ne veux en aucun cas que notre quotidien se résume à ce type de conflit.

Je ne pourrai jamais te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas. Mais je veux t’aider à explorer ce qui est bon pour toi et à mettre en place un plan qui te permettra d’accomplir le meilleur pour toi. De quoi as-tu besoin ? Comment pourrais-tu y parvenir ? Qu’est-ce qui fonctionnerait pour toi et m’éviterait d’intervenir ? Comment puis-je t’aider ? J’ai confiance dans le fait que tu trouveras une solution, ta solution sur mesure et efficace.

Le fait que l’enfant/ado puisse élaborer sa propre solution en ayant toutes les cartes en main (les émotions et besoins de ses parents et le pouvoir de décider pour lui-même) augmente les chances de régler les luttes de pouvoir. Par ailleurs, le fait de s’auto-déterminer et de s’auto-organiser est une compétence clé pour la vie.

Cela ne voudra pas dire que la solution trouvée évitera tous les conflits (l’éducation positive ne consiste pas à éviter les conflits). Mais cela signifie que les conflits ont de plus grandes chances d’être résolus sans violence, efficacement et de plus en plus rapidement.

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Pour aller plus loin : La discipline positive de Jane Nelsen (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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