Les attitudes éducatives ne sont pas influencées par la raison.

L’occultation des mauvais traitements empêche réagir avec raison

Des chercheurs ont mis en évidence que les attitudes éducatives ne semblent pas influencées par la raison. On sait désormais pourquoi : notre cerveau a été impacté par ce que nous avons subi alors que nous étions enfants.

Selon l’attitude de nos propres parents, certaines connexions dans notre cerveau ont pu être endommagées. Si, enfants, nous avons été souvent victimes de violence éducative, même ordinaire (punition, fessée, humiliation verbale, rejet), si nous avons eu peur de nos parents, nos amygdales cérébrales ont été suractivées et sont devenues plus sensibles et très réactives. Les amygdales  sont une structure cérébrale essentielle au décodage des émotions, et en particulier des menaces. Les amygdales sont à l’origine de la mémoire émotionnelle reliée à la peur.

Voici le processus qui empêche à une violence ou une menace d’être encodée et traitée par le cerveau comme une situation autobiographique. Le cerveau ne peut pas décoder ce qui se passe quand on vit une agression.

violence éducative ordinaire

Le déni de la réalité est un mécanisme de défense.  A partir du moment où un être humain se sent menacé ou en danger (par exemple un enfant face à une main levée ou un hurlement), il met en place ce mécanisme de défense et se coupe de son état de peur. L’occultation des mauvais traitements subis est une stratégie de survie.

Par ailleurs, le manque d’accompagnement émotionnel et les violences éducatives (même celles dites “ordinaires” donc) fait que nous avons moins de récepteurs à ocytocine.

Hyperactivité de l’amygdale + peu d’ocytocine + peu de maîtrise émotionnelle = un cocktail qui nous mène à réagir par du stress là où un autre parent, élevé avec davantage de tendresse et d’empathie, aura une réaction plus centrée sur le besoin de l’enfant. – Isabelle Filliozat

Le problème est que, quand nous crions, donnons une fessée ou humilions un enfant, nous voyons la peur dans ses yeux. Or nous ne voulons pas l’avoir blessé. Cette dissonance crée de l’angoisse et de la honte. Notre psychisme recourt alors à un processus de réduction de dissonance cognitive. Il est plus facile de modifier ses pensées que ses comportements puisque ces derniers sont inscrits dans nos réseaux neuronaux. Nous changeons donc nos pensées pour justifier notre comportement : “il l’a bien cherché”, “elle est insupportable”, “il faut bien mettre des limites”…

C’est bien un automatisme inscrit dans notre cerveau qui nous fait crier sur nos enfants. Nous avons peu de pouvoir sur cet automatisme tant que nous n’avons pas pris conscience des mécanismes de la mémoire traumatique et/ou que nous n’avons pas rencontré une personne bienveillante, empathique, soutenante sur le chemin de la parentalité.

Ce mécanisme permet de comprendre à la fois pourquoi il est si difficile d’adopter un mode d’éducation bien traitant et pourquoi tant de personnes sont résistantes à l’idée d’une éducation sans fessée ni punition. Cela explique également pourquoi la violence éducative ordinaire se transmet de génération en génération dans un cycle vicieux.

De nombreuses associations et des professionnels engagés font un travail de (in)formation au sujet des violences éducatives ordinaires et de la mémoire traumatique. On peut citer, de manière non exhaustive :

  • le livre de Muriel Salmona Châtiments corporels et violences éducatives-Pourquoi il faut les interdire en 20 questions réponses (éditions Dunnod) sur les châtiments corporels et la mémoire psycho-traumatique ;
  • les conférences de Brigitte Oriol, inspirées par le travail d’Alice Miller:
  • les travaux de Bassel Van der Kolk sur le Stress Post Traumatique.

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Source : On ne se comprend plus : traverser sans dommage la période des portes qui claquent entre 12 à 17 ans de Isabelle FIlliozat (éditions JC Lattès). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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