Aucune violence ne peut être éducative !

Aucune violence ne peut être éducative

La violence éducative physique 

Laurence Dudek est psychothérapeute et est très engagée dans la lutte contre les violences éducatives, y compris celles dites “ordinaires”, dans tous les contextes (familiaux, scolaires, extra scolaires…).

Dans son ouvrage Une éducation bienveillante et efficace !, elle explique en quoi aucune violence ne peut être éducative. Elle remarque que violenter les enfants est une sorte de privilège auquel s’accrochent certains adultes (parents, enseignants, professionnels de la petite enfance, professionnels du soin…), souvent de manière inconsciente.

On remarque que la violence physique (douche froide, fessées, claques, tirage d’oreilles/ de bras/ de cheveux, secousses, pincements…) est de plus en plus reconnue comme une maltraitance bien qu’encore trop répandue (et défendue) dans les familles.

Ces formes de violences éducatives sont par ailleurs interdite dans les établissements scolaires (pour les écoles maternelles et élémentaires, le texte de référence en France est la circulaire n° 91-124 du 6 juin 1991).

La violence éducative psychologique

Pourtant, la violence ne concerne pas seulement les coups mais aussi les violences psychologiques (hurlement, humiliation, critique, culpabilisation, chantage, menace, répression ou négation des émotions…). Cette violence psychologique est aussi toxique que les coups.

La violence éducative qu’on qualifie d’ordinaire prend donc également la forme de la maltraitance psychologique. Laurence Dudek affirme que cette violence s’exerce quotidiennement partout, dans des situations d’éducation parentale et/ou institutionnelle (école, foyers, clubs de sport, crèches…).

Cette forme insidieuse de maltraitance dont on mesure désormais scientifiquement l’effet toxique est pourtant pratiquée aussi bien à l’école que dans les familles. Quels que soient ses modalités d’application et les « déguisements » éducatifs dont on l’affuble pour la justifier, la violence affecte non seulement le bien-être des enfants, mais elle dégrade aussi toute la société toute entière. – Laurence Dudek

Lire cet article pour aller plus loin : Repérer la violence verbale et la maltraitance émotionnelle dans nos relations (y compris envers les enfants)

 

Les conséquences de la violence n’ont aucune valeur éducative

La dimension toxique des apprentissages réalisés par les enfants subissant des violences éducatives

Laurence Dudek rappelle que frapper ou humilier un enfant pour l’obliger à obéir, pour le punir ou pour se décharger émotionnellement d’un sentiment d’impuissance à éduquer provoque chez cet enfant une saturation du cerveau (peur et stress) et des apprentissages pervers (on aurait le droit de faire du mal au nom du bien et on aurait le droit d’user de la force physique sur un plus petit/ plus faible que soi pour en obtenir ce qu’on veut).

Quand un adulte (parent, enseignant, professionnel du soin, éducateur…) a recours à une forme de violence éducative (physique et/ou psychologique), il apprend à l’enfant que la violence est un rapport normal, sain et inévitable dans les relations humaines; qu’il ne peut y avoir que deux positions dans les relations humaines (agresseur dominant ou victime dominée).

Les enfants qui subissent des violences éducatives (y compris dites ordinaires) font bel et bien des apprentissages :

  • ils apprennent à avoir peur des adultes en général et en particulier des personnes en qui ils sont supposés avoir confiance et auprès desquelles ils devraient pouvoir trouver protection et soutien,
  • ils apprennent à avoir mal, à s’endurcir et à ne plus faire confiance à leurs sensations et leurs émotions qui sont pourtant des boussoles internes utiles ,
  • ils apprennent, par imitation, à utiliser la violence sur les faibles et les petits,
  • ils apprennent à confondre l’amour et la violence, à les voir comme compatibles,
  • ils apprennent à avoir peur des punitions ou à chercher les récompenses plutôt qu’à développer un sens de l’éthique et un sens de la responsabilité individuelle (être contraint, c’est ne pas réfléchir),
  • ils apprennent à éviter les conséquences fâcheuses pour eux sans prendre en conséquence celles qui touchent les autres (ou l’environnement),
  • ils apprennent à mentir et à se cacher (la sagesse populaire ne nous dit-elle pas à juste titre : “Quand le chat n’est pas là, les souris dansent”).

A l’école : des pratiques violentes tout aussi inefficaces et toxiques

Laurence Dudek regrette que les méthodes éducatives qui préconisent la punition et la récompense, ainsi que la compétition entre les enfants, sont appliquées généralement dans les familles parce qu’elles sont inscrites dans les pratiques de l’école et du système social à grande échelle. Ces pratiques violentes dites éducatives sont simultanément la mère et la fille de la société.

Pourtant, ces pratiques à forte composante émotionnelle inhibent l’intelligence dans un cercle vicieux : peur -> allumage du cerveau émotionnel -> court-circuitage du cerveau supérieur qui réfléchit -> pas de réflexion. Si les enfants apprennent quelque chose dans ces circonstances, ils l’apprennent malgré cela et non pas grâce à cela.

On comprend alors que les violences éducatives dans toutes leurs formes et leur intensité ont des conséquences néfastes : elles transforment les aptitudes naturelles des enfants à l’empathie et la coopération en prédisposition à la compétition et la recherche de performance à tout prix, au risque de produire des “générations d’irresponsables sans autre morale que celle du profit individuel et sans empathie dans leur vie sociale”.

 

Il nous reste pourtant une large marge de manoeuvre pour accompagner les enfants sans violence et avec respect, en nous laissant guider par des valeurs humaines partagées et un éducation en conscience (en se débarrassant de nos automatismes et de nos propres blessures d’enfance). Ce choix est à la portée de tous et toutes, personnellement et collectivement.

En mettant en œuvre l’égalité, l’écoute, l’empathie, la confiance… et toute la créativité, qui redevient possible lorsqu’on n’a plus l’option « Je punis, je frappe, je fais mal, etc. », on (re)devient un éducateur efficace, puisant dans la nature profonde de notre humanité l’amour et la miséricorde.- Laurence Dudek

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Source : Une éducation bienveillante et efficace ! (Ma p’tite famille) de Laurence Dudek (éditions First). Disponible en médiathèque, en libriair ou sur internet.

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