Les bébés humains sont des mammifères faits pour être portés.

bienfaits du portage chez les bébés

Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau regrette que la société moderne ait voulu à tout prix transformer les bébés humains de “primates porteurs” (et portés) en “nidicoles” (qui, comme les oiseaux, se développent dans un nid). Cette transformation se manifeste notamment par la valorisation de la poussette comme un accessoire indispensable de puériculture.

Le portage a connu un regain de faveur ces dernières années, au même titre que l’allaitement qui étaient tous les deux auparavant considérés comme des pratiques animales, arriérées. Pourtant, Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau remarque que, quand un bébé dépasse quelques semaines et quelques kilos, il se retrouve généralement en poussette. Cela peut s’expliquer par le fait que le portage ne rapporte pas grand chose d’un point du vue commercial et qu’une certaine vision du “progrès” domine encore. Mis à part l’achat du porte-bébé, porter ne coûte rien.

Le portage est agréable pour l’enfant et pour ses parents et il existe des arguments scientifiques sur les bienfaits du portage.

Les bienfaits du portage chez les bébés

Les bébés portés pleurent moins

Morath (1977) a montré qu’un nourrisson qui s’éveille commence à pleurer seulement si, après avoir émis un son bref pour attirer l’attention, il ne perçoit aucun signe de présence alentour.

Les bébés portés ont moins besoin de pleurer : le contact étroit avec l’adulte fait que ce dernier est tout de suite averti des besoins du bébé et peut les satisfaire plus rapidement et efficacement (dans le sens où la proximité physique améliore la compréhension par l’adulte des besoins et de la communication non verbale du bébé et permet une réponse à la fois adaptée et rapide). De plus, il est possible d’allaiter un bébé sans le sortir du porte bébé.

Une étude parue dans Pediatrics en 1986 a montré que, chez une centaine d’enfants observés, le portage réduisait les pleurs et l’agitation de 43% le jour et 51% le soir.

Le portage favorise l’attachement parents/ enfant.

Lors d’une expérience relatée en 1990, des porte-bébés en tissu ou des sièges en plastique ont été distribués de façon aléatoire à deux groupes de mères de milieux défavorisés à qui on a demandé de s’en servir régulièrement.

À 13 mois, les chercheurs ont testé la qualité de l’attachement mère/enfant : 83% des “enfants porte-bébés” montraient un attachement sécurisé, contre 38% des “enfants sièges en plastique”.

Le portage renforce le sentiment de compétence et de confiance en soi des parents.

Les parents savent que le portage est un moyen sûr de satisfaire les besoins de leur bébé (et ceci est particulièrement important dans le cas de bébés à coliques, de bébés aux besoins intenses).

Le portage permet par ailleurs aux parents de continuer à vaquer à leurs occupations et à s’occuper des éventuels autres enfants.

Le bébé est sécurisé.

Le silence et la solitude inquiètent les bébés parce qu’ils sont synonymes de danger de par notre nature de mammifères (le silence et la solitude n’ont par contre rien d’anormal ni d’inquiétant pour les petits des oiseaux nidicoles).

Comme le suggère Portmann (1944/69), le nourrisson n’est pas nidicole de nature, mais notre société fait de lui un nidicole “culturel” (Peiper, 1950, 1955, 1961). Pourtant, du point de vue de la biologie du comportement, le bébé humain manifeste toujours son appartenance au type “petit marsupial”, qui a besoin de la présence physique proche de la personne qui prend soin de lui pour se sentir en sécurité.

Un développement psychomoteur plus rapide et plus harmonieux chez les bébés portés.

Les bébés portés reçoivent beaucoup plus de stimuli que ceux qui sont laissés seuls dans leur chambre, un transat ou une poussette. Non seulement ils participent à toutes les activités de la maisonnée, “à hauteur d’homme”, mais ils sont sécurisés par le contact physique des adultes qui les portent.

Le portage permet un éveil harmonieux en rapport avec la réalité, une  implication au sein du monde et un développement riche et subtil de tous les sens. En effet, le bercement du portage stimule le système nerveux immature du bébé, en particulier le système vestibulaire (sens de l’équilibre).

Les bébés qui sont beaucoup portés développent un bon tonus du cou et du tronc, et une capacité d’adaptation aux changements de position.

Souvent, contrairement à ce qu’on pourrait penser, les bébés portés marchent plus tôt (Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau écrit que c’est frappant chez les petits Africains).

Par ailleurs, le portage traditionnel jambes bien écartées (par exemple à califourchon sur la hanche) est préventif des problèmes de hanche.

Des avantages plus nets encore chez les bébés prématurés

Les avantages du portage sont particulièrement nets chez les bébés prématurés. Pour ces enfants nés à un âge où ils devraient être encore dans l’utérus de la mère, le portage, que certains spécialistes appellent “a womb with a view” (“utérus avec vue”), va prolonger la gestation interrompue. plus tôt que prévu par la nature.

Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau prend pour preuve la pratique des “bébés kangourous” colombiens (désormais courante dans de nombreux centres de néonatalogie) : le bébé, seulement vêtu d’une couche, est placé à la verticale peau à peau sur la poitrine de sa mère ou de son père, pendant des longues plages de temps

Les avantages sont nombreux pour les bébés prématurés portés de cette manière en peau à peau :

  • meilleur sommeil,
  • pleurs plus rares,
  • énergie mieux conservée,
  • allaitement et attachement parents/enfant facilités,
  • prise de poids plus rapide,
  • infections plus rares.

Quand on parle de portage bénéfique, on parle de portage physiologique.

Tous les porte-bébés ne se valent pas. Les porte-bébés rigides, où le bébé est comme “suspendu” jambes pendantes, sans être bien maintenu contre le corps du porteur, cumulent les inconvénients :

  • pour l’enfant : dans ces modèles le bébé est dans une position dangereuse pour sa colonne vertébrale parce qu’il n’est pas en flexion, comme il l’était dans la position fœtale ;
  • pour le porteur : le poids de l’enfant tire sur le cou, les épaules et les reins.

Avec un porte-bébé physiologique où le bébé est bien maintenu contre le corps de l’adulte, son poids est mieux réparti, ce qui évite le mal au dos au porteur et un risque de mauvais développement de la colonne au bébé porté.

Les porte-bébés physiologiques ont leurs confort et inconfort et chaque parent pourra trouver parmi les choix proposés celui qui lui convient le mieux. L’idéal est d’avoir plusieurs modèles, à utiliser au gré des situations quotidiennes.

Le mieux est encore d’assister à des ateliers de portage pour apprendre à porter et avoir des conseils sur les types de porte-bébés qui existent, voire les essayer. Les ateliers de portage sont également l’occasion d’échanger entre parents, d’apprendre plusieurs techniques de portage et nouage d’écharpes, d’avoir des conseils en fonction de l’âge du bébé et des recommandations utiles (par exemple, il vaut mieux éviter de porter un bébé face au monde).

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Source : Pour une parentalité sans violence de Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau (éditions Jouvence)

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