8 clés pour nourrir la confiance en soi d’un enfant

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1. Valoriser le processus plutôt que le résultat

L’état d’esprit de développement est basé sur la croyance que vos qualités fondamentales sont des choses que vous pouvez cultiver par vos efforts. Bien que les gens puissent être différents de beaucoup de façons – de par leurs talents et aptitudes initiales, leurs intérêts, ou leur tempérament -, chacun peut changer et se développer par le travail et l’expérience. – Carol Dweck

Comment utilisons-nous les compliments ? Complimenter l’intelligence ou le talent d’un enfant renvoie un message d’esprit fixe. Cela fragilise leur confiance et leur motivation. Valoriser le fait d’avoir un talent ou une bonne note sont des marques de l’état d’esprit fixe. L’expansion des connaissances et des compétences est une marque de l’état d’esprit de développement.

Il est possible d’encourager autrement et de se concentrer sur les processus que l’enfant a utilisé :

  • stratégies,
  • efforts,
  • choix.

Plutôt que dire à un enfant ou un adolescent qu’il est « brillant » parce qu’il a eu une bonne note, nous pourrions dire « Tu as cherché des stratégies, tu as persévéré, essayé toutes sortes de solutions et fini par surmonter la difficulté ».

Cette manière de valoriser le processus plutôt que le résultat inculque aux enfants un état d’esprit de développement. Ainsi, ils comprendront que même les génies travaillent dur. Quelles que soient les capacités d’une personne, l’effort est ce qui les transforme en accomplissement personnel. Au lieu de se laisser définir par l’expérience (positive ou négative), les enfants qui adoptent un état d’esprit de développement utilisent leurs expériences, quels qu’en soient les résultats, pour en apprendre quelque chose et devenir encore meilleurs pour eux-mêmes (et non pas contre les autres ou pour les autres).

Le plus important pour relever et réussir des défis est de les aborder avec un état d’esprit de développement. Il s’agit de penser en termes non seulement d’efforts et de travail mais également de stratégies.

 

2. Accepter que les apprentissages prennent du temps

La vitesse et la perfection ne sont pas les priorités. Méfions-nous des compliments du type « Tu l’as fait si vite ! Bravo ! » ou « Tu n’as fait aucune erreur » qui envoient le message que la vitesse et la perfection comptent plus que les choses apprises.

C’est la pratique, l’entraînement et la quantité d’efforts qui développent une compétence. Or la pratique prend du temps.

Par ailleurs, c’est à travers la pratique que les enfants seront confrontés à des défis, des problèmes à résoudre, des échecs. C’est à partir de ces épreuves qu’ils pourront développer de nouvelles stratégies plus efficaces.

 

Enfin, il peut être utile d’avoir en tête des repères de compétences par tranche d’âge mais surtout de garder à l’esprit que chaque enfant a son propre rythme. Cela nous aidera à garder foi dans les compétences de l’enfant et à le laisser se comporter comme les enfants de son âge, sans attente sur réaliste ou angoisse liée à un éventuel “retard”.

 

3. Cultiver la curiosité

Il est commun de dire que les enfants sont naturellement curieux. Pourtant, cette curiosité naturelle et spontanée disparaît au fur et à mesure qu’ils grandissent.

Ken Robinson explique que les personnes les plus douées pour la pensée divergente sont… les enfants de moins de 5 ans ! Les personnes les plus créatives au monde sont les enfants de maternelle !

[Les questions] signifient qu’ils prennent conscience qu’il y a des choses qu’ils ne savent pas… qu’il y a des mots invisibles de la connaissance qu’ils n’ont jamais visités. – Carl Pickhardt

Cultiver l’esprit de curiosité et l’art de poser des questions permet de maintenir ardentes les braises de l’apprentissage que chaque enfant porte en lui.

Permettre aux enfants d’explorer de nouvelles expériences leur fait comprendre que même si elles leur paraissent effrayantes ou différentes, ils sont capables de s’y “frotter” et de les surmonter. Cela ne signifie pas pour autant d’obliger les enfants à faire des choses dont ils n’ont pas envie ou de nier leurs émotions (“mais non, tu n’as pas peur de l’eau”, “mais non, c’est pas haut, vas-y, saute !”).

On peut mettre en action les idées imaginées : et si on remplaçait le beurre par de l’huile de coco ou les oeufs par des bananes dans la recette ? Qu’est-ce que cela donnerait ? Essayons pour voir !

On peut proposer des opportunités aux enfants d’observer physiquement les résultats de leurs hypothèses.  L’exploration et le passage à l’acte fournissent souvent de nouvelles questions et nourrissent de nouvelles idées à tester au cours de nouvelles expériences.

Exposons les enfants à de nouvelles idées et ils créeront de nouvelles questions !

 

4. Accompagner les prises d’autonomie en apportant une aide utile

Surprotéger un enfant peut rapidement lui faire perdre sa confiance en lui; faire à sa place peut rapidement le décourager et lui transmettre le message qu’il n’est pas compétent.

Le message d’amour est par définition celui de la confiance dans les capacités de l’enfant.

Pour se développer sainement, pour grandir et acquérir de la maturité, l’enfant a besoin d’affronter un certain nombre d’échecs, de lutter par moments contre l’adversité et de vivre parfois des émotions douloureuses.

Pensez au prix que devra payer l’enfant qui aura connu le « luxe » d’avoir tout ce qu’il veut. – Tal Ben Shahar

Maria Montessori résume cette attitude en une expression : Aide moi à faire tout seul. Cela peut commencer dès les premiers mois de vie de l’enfant avec le concept de motricité libre.

Tout l’enjeu est d’apprendre à doser notre aide pour aider efficacement les enfants. Maria Montessori disait également à propos de la confiance à transmettre aux enfants : “N’aidez jamais un enfant à accomplir un geste qu’il est capable d’effectuer seul”.

Par ailleurs, il est possible d’insister sur les petits pas, sur les progrès de l’enfant pour lui montrer qu’il est capable d’atteindre des objectifs, de réussir ce qu’il entreprend. Des responsabilités de plus en plus importantes pourront lui être données en fonction de son âge.

Pour aller plus loin : Comment doser notre aide pour aider utilement les enfants dans leur construction et leurs apprentissages

 

5. Adopter une vision constructive des erreurs 

Les erreurs sont les fondements de l’apprentissage. Nous pouvons élever les enfants de manière à ce qu’ils n’aient pas peur de l’échec et qu’ils considèrent les erreurs comme une opportunité d’apprendre et de grandir.

Ne portez pas de jugement. Enseignez. C’est un processus d’apprentissage. – Carol Dweck

Rien n’est plus décourageant pour un être humain, a fortiori un enfant, que de voir ses efforts critiqués. Or un enfant découragé n’osera plus se lancer dans de nouveaux projets, dans de nouveaux apprentissages.

Il est possible d’adopter une vision positive des erreurs :

  • Au lieu de demander des copies ou des actions sans faute, nous pouvons demander un engagement total et de véritables efforts.
  • Au lieu d’évaluer les enfants, nous pouvons leur donner du respect et les stratégies dont ils ont besoin pour se développer et s’améliorer.
  • Au lieu de punir des mauvaises notes, nous pouvons voir avec l’enfant ce qu’il peut apprendre de ses notes (ses points forts, ses points faibles, quelles sont les ressources nécessaires, où trouver ces ressources, quelles questions poser pour progresser, à qui…)

 

6. Reconnaître les marques de courage 

Le courage peut s’exprimer de plusieurs manières :

  • quand un enfant surmonte une difficulté (“c’était difficile et tu as fait ci, ça et, au final, tu as réussi !”, “comme tu fois être fier de toi d’avoir réussi à…”, “ça t’a demandé de tonnes d’efforts, je t’ai vu lutter et tu n’as pas abandonné”…)
  • quand un enfant essaie quelque chose de nouveau (“cela peut être effrayant d’essayer quelque chose de nouveau et tu as dépassé tes peurs, cela s’appelle du courage”, “Au début, tu avais peur et c’est bien normal et puis, petit à petit, tu as osé, tu t’en entraîné, et maintenant, tu sais faire”).

 

7.Laisser les enfants faire preuve de responsabilité individuelle

Certaines choses sont de la responsabilité du parent (fournir un toit, de la nourriture, assurer la sécurité…), d’autres sont de celle de l’enfant (par exemple, penser à ses affaire de sport pour le cours de piscine, ranger ses affaires).

Si nous pensons faire à la place du petit enfant des tâches qui nous paraissent ingrates ou désagréables par amour, il y a fort à parier que, lorsque nous estimerons qu’il est en âge de le faire, il considérera cette tâche comme une contrainte ou une punition.

Prenons conscience que c’est dans la petite enfance que se construit l’adolescence, puis l’adulte. – Emanuelle Opezzo

Aider utilement un enfant est un gage du développement de sa responsabilité personnelle. Si nous ne laissons pas l’enfant essayer tout seul, si nous faisons à sa place, c’est la confiance en soi, l’estime de soi, mais aussi la volonté, la persévérance et la prise d’initiatives qui seront affectées.

On pourra apprendre aux enfants à penser « solutions » plutôt que se décharger sur nous (ou toute autre personne) pour leur trouver des solutions toutes faites (voire les leur imposer par la contrainte) : « qu’est-ce que tu peux faire face à ce problème ? à quelle solution penses-tu ? comment faire pour être sûr que tu penses à… ? » A défaut, on pourra au moins leur laisser le choix entre plusieurs solutions, ou alors partir de nos propositions pour qu’ils inventent la leur.

Chez les enfants occidentaux, le mécanisme permettant de veiller sur soi ne fonctionne que partiellement puisqu’une grande partie de cette tâche est prise en charge par les adultes. Ayant la redondance en horreur, le continnum supprime donc toutes les responsabilités que les adultes reprennent à leur compte. Il s’ensuit une diminution de l’efficacité étant donné que personne d’autre ne peut être plus constant et plus alerte que soi-même. – Jean Liedloff (Le concept du continuum)

 

8.Accueillir et valider les émotions des enfants

Cultiver la confiance en soi d’un enfant ne signifie ni le mettre sous cloche ni le jeter dans le grand bain sans qu’il sache nager. Il s’agit plutôt de l’accompagner progressivement, l’outiller, l’encourager, lui accorder une pleine attention, remarquer ses progrès, se retenir d’intervenir quand cela n’est pas nécessaire, proposer de l’aide sans l’imposer.

Pour autant, tout cela est inefficace sans un soutien émotionnel bienveillant. Construire la confiance en soi d’un enfant passe par l’accueil et la validation de ses émotions, quelle qu’en soit leur nature. Cela peut être :

  • La peur face à la nouveauté
  • La tristesse face à l’échec
  • La colère face à la frustration
  • Le stress face à une épreuve

Cela est vrai pour les émotions mais c’est également le cas pour les sensations tels que le froid, la faim, le sommeil. Plus un enfant est capable de compter sur son “thermomètre” interne en relation avec ses sensations et ses émotions, plus il aura confiance en lui.

La bonne nouvelle est que ses points clés sont valables à tout âge, y compris pour les adolescents et les adultes !

confiance en soi

 

Par ailleurs, il est utile de noter que, dès la petite enfance, la confiance en soi se construit dans la proximité émotionnelle et le contact physique de l’enfant avec ses parents. Le maternage proximal (portage physiologique, sommeil partagé, réponse aux pleurs des bébés, allaitement) fonde le sentiment de conscience de soi du petit enfant.

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Pour aller plus loin, je vous propose la lecture de mon livre 50 activités bienveillantes pour renforcer la confiance en soi des enfants (aux éditions Larousse). Disponible en librairie ou sur internet.

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