Comment aider un adolescent déprimé ou en dépression ?

Comment détecter les signaux qui doivent nous alerter ? Comment distinguer un sentiment de mal être, un sentiment de déprime et un épisode dépressif ?

Comment aider un adolescent déprimé dépression

L’émission Grand bien vous fasse ! du 27 septembre 2017, animée par  Ali Rebeihi sur France Inter, a traité du sujet de la dépression adolescente. 

Selon la Haute autorité de Santé, 8% des adolescents entre 12 et 18 ans souffriraient de dépression… Comment détecter les signaux qui doivent nous alerter ? Comment distinguer un sentiment de mal être, un sentiment de déprime et un épisode dépressif ? Quel rôle peuvent jouer les parents, les amis, les enseignants et bien surs les thérapeutes pour prévenir et accompagner ces adolescents désemparés ? Ce sont les questions que se sont posées Ali Rebeihi et ses invités :

A écouter en replay (52 minutes) :

Résumé de l’émission :

Quels sont les symptômes qui peuvent alerter l’entourage ?

La tristesse et l’isolement sont deux des symptômes les plus fréquents et les plus visibles. Le recours aux autres (parents, enseignement, famille, amis…) n’est plus possible et l’adolescent se renferme, communique peu ou pas du tout. S’appuyer sur le collectif quand un adolescent va mal est très utile (liens avec les oncles et tantes, les cousins, les enseignants….).

Faire la différence entre un épisode dépressif et un coup de blues passager peut être compliqué chez les adolescents car la dépression peut avancer masquée. Les signes sont à décrypter et suivre sur le long terme (irritation constante, isolement, changement d’amis, manque d’envie, passage à l’acte, fugue, scarification…). Les symptômes peuvent être variés et constituent un faisceau d’arguments : tristesse, repli, problème de sommeil, prise de risque, maux de tête/ de ventre, troubles alimentaires, phobie scolaire, hallucinations, consommation excessive d’alcool ou drogues, mais également des symptômes plus masqués (un ado déprimé n’est pas toujours triste ou pas tout le temps triste).

Les intervenants insistent sur le fait que l’autonomie, ce n’est pas se débrouiller seul mais c’est savoir s’appuyer sur ses propres ressources internes et les ressources des autres en fonction des circonstance. Cela peut effectivement être difficile de se séparer de l’enfance et de la famille pour entrer dans le monde adulte et l’absence d’envie de grandir n’est jamais feinte, elle peut être source de vraie souffrance (physique, émotionnelle, psychique) à prendre au sérieux.

Y a-t-il des périodes à risques ? 

Les intervenants citent plusieurs périodes à risque :

  • le passage du lycée vers les études supérieures (les classes préparatoires peuvent être à l’origine de dépression chez certains jeunes; la fac également car les étudiants se retrouvent dans d’immenses bâtiments où ils peuvent se sentir seuls, perdus, impuissants);
  • de manière générale, la pression scolaire peut être très anxiogène : il peut être utile avec certains adolescents qui vivent leurs études avec beaucoup de pression de réévaluer les objectifs scolaires et de parler d’une orientation plus appropriée;
  • certaines problématiques familiales (ex : le divorce des parents) peuvent entraîner ou accentuer une dépression adolescente : les entretiens familiaux sont des outils de prévention efficaces pour accompagner une dynamique familiale qui s’est grippée;
  • certains adolescents sont plus exposés que d’autres en relation avec tout ce qui empêche l’autonomisation et la séparation (d’avec l’enfance et également d’avec la famille) : caractère angoissé, laxisme ou surprotection familiale, difficulté économique dans la famille, divorce, orientation sexuelle hors de la norme sociétale, violence intra-familiale…;
  • tout ce qui touche aux questions de popularité peut enclencher des dépressions et actes suicidaires (avec les écrans et les réseaux sociaux comme caisse de résonance des phénomènes de harcèlement).

Garçons-filles, des différences ? 

Les intervenants estiment que les filles ont, de manière générale, plus d’aisance pour demander de l’aide que les garçons. Les garçons vont traduire directement leur malaise dans leurs comportements plutôt que parler et demander de l’aide. Globalement, les garçons sont un peu plus à risque que les filles (les filles font quantitativement plus de tentatives de suicide que les garçons mais les garçons font plus de suicides réussis.).

Que faire ? A qui s’adresser ?

Les intervenants invitent les parents à s’appuyer sur les autres personnes dans l’entourage pour que les adolescents puissent avoir plusieurs personnes autour d’eux auxquelles ils peuvent se confier.

 

Il existe des lieux ressources dédiés à l’accueil et l’accompagnement des adolescents en souffrance :

  • les BAPU dans certaines universités (Bureau d’Aide Psychologique Universitaire),
  • des lieux rattachés aux hôpitaux telle que la Maison de Solenn à l’hôpital Cochin qui est un lieu pluri disciplinaire pour suivre les adolescents à travers un accompagnement psychologique, corporel (techniques pour agir sur le corps plutôt que subir un corps qui change tellement vite), holistique (créativité, techniques de relaxation, estime de soi…).

En tant que parents comment accompagner ?

Pour certains parents, il peut être difficile d’entendre parler de dépression pour leurs enfants. Certains parents peuvent être trop angoissés donc paralysés et/ou être tentés de minimiser ou nier les difficultés des adolescents. Ils devient alors difficile de trouver le bon interlocuteur pour les adolescents qui se sentent incompris et seuls. De plus, la collaboration des parents peut être entravée par d’autres facteurs : la peur du regard des autres, la culpabilité, la déception, les préoccupations des parents qui souffrent eux-mêmes…

 

 

 

Les intervenants insistent sur deux points clés :

  • accompagner par des paroles ouvertes et authentiques afin d’évaluer le degré de mal-être (qu’est-ce que tu ressens vraiment à l’intérieur ?),
  • porter une attention particulière aux signes d’isolement de la part des adolescents (pour prévenir l’isolement des adolescents, les parents peuvent fournir aux ados autant d’occasions de se sentir utiles et d’appartenir que possibles).

 

Les intervenants reconnaissent qu’il est de la responsabilité des accompagnants professionnels de ne pas tout psychiatriser : parfois, une médiation familiale peut suffire (chez un thérapeute en cabinet privé).

Par ailleurs, une prévention à tous les niveaux du corps social est utile à travers une image positive de l’adolescence. De nombreux adolescents vont bien et sont capables de contribuer, de s’engager, d’agir dans des associations, dans la citoyenneté, dans des partis politiques…

Dans la majeure partie des cas, l’adolescence se passe bien. L’adolescence n’est pas une maladie !
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Les livres des intervenants :