Comment éduquer sans fessée ? (par Isabelle Filliozat)

Un extrait de l’émission Les Maternelles (France 5) du 2 mars 2017 avec l’intervention d’Isabelle Filliozat, thérapeute et auteure de plusieurs ouvrages sur la parentalité positive.

Pourquoi en vient-on à mettre des fessées aux enfants ? 

  • La fatigue 
  • L’inconscient (par réflexe archaïque, par automatisme inscrit dans notre cerveau car nous avons reçu des fessées enfants, nous sommes comme gouvernés par les souvenirs de ce qui a été efficace pour récupérer un semblant d’autorité)
  • Le manque d’alternatives (l’idée étant que soit je donne une fessée, soit je ne fais rien au risque de perdre le “pouvoir”)
  • La croyance que c’est dans la souffrance que les enfants apprennent

La culpabilité saine est celle qui nous incite à mesurer que cela fait mal aux enfants et à faire attention à ce que nous disons et ce que nous faisons.

 

Les effets de la fessée (et de la violence éducative ordinaire) sur le cerveau de l’enfant

Quand les violences éducatives ordinaires sont trop récurrentes,

  • hyper réaction de l’amygdale (centre des émotions dans le cerveau qui détecte et alerte sur les dangers)

violence éducative ordinaire

  • sidération (paralysie des fonctions supérieures qui permettent l’accès au raisonnement, manque de lien entre le cerveau préfrontal et le cerveau émotionnel)
  • empêchement de la sécrétion d’ocytocine, hormone du lien et de l’empathie

citation éducation bienveillante

  • apprentissage des rapports de force et des jeux de pouvoir comme normaux

C’est important de ne pas enseigner qu’on le droit de taper quand on est stressé ou fatigué. – Isabelle Filliozat

Lire aussi : 5 conséquences néfastes de la fessée utilisée comme « méthode » éducative

 

Comment éduquer sans fessée ? 

-Penser en terme de soupape : “quand on éteint le gaz, le lait ne déborde pas”. C’est à nous de mettre le doigt sur ce qui se passe dans le coeur de l’enfant en pratiquant l’écoute active ou en posant des questions.

limites enfants

-Se doter de techniques pour se calmer (des ressources ici)

On ne peut pas s’occuper de son enfant si on n’est pas au clair avec soi-même, si on n’apprend pas à se calmer.

-Parler ce qui se passe en nous, de nos émotions, de nos peurs

Anticiper et expliciter les attentes

-Se reconnecter via un câlin (mettre la relation en priorité)

-Aider les enfants à mettre des mots sur les émotions (un exemple de roue des émotions ici)

Rappeler les règles calmement aussi souvent que nécessaire

-Poser des questions pour engager la réflexion

Enseigner les comportements adaptés (ex : “Trouvons ensemble 10 solutions pour… Lequel tu préfères ? Laquelle de 10 solutions tu veux prendre ?”)

Il ne s’agit pas de punir, il s’agit d’enseigner. – Isabelle Filliozat

-Pratiquer la parentalité ludique (jouer, rire, imaginer pour penser en termes de lien plutôt qu’ériger des murs entre parents et enfants…) – voir ici pour repenser la discipline avec la parentalité ludique

Lire aussi : Sans fessée, comment faire ? (livret en téléchargement gratuit)

Comment réagir une fois que la fessée est partie ? 

Parler de ce qui se passe en l’enfant pour réparer : “tu as dû avoir peur”, “tu aurais préféré que…”, “à quel point tu as eu peur ?”, “qu’est-ce que ça t’a fait ?”, “tu as raison, ce n’est pas juste”

C’est naturel d’éprouver de la culpabilité et de la honte quand on réalise qu’on a fait mal à son enfant, qu’on n’est pas le parent qu’on aurait aimé être. La clé est d’utiliser cette culpabilité pour changer et être le parent qu’on voudrait être. – Isabelle Filliozat

Informer n’est pas culpabiliser mais il s’agit plutôt éveiller les consciences. On ne peut pas faire de choix éclairés, conscients, on ne peut pas être libre tant qu’on n’a pas les informations qui permettent d’avoir accès à des alternatives. Ce cheminement se fait ensuite en conscience avec plus ou moins de difficultés (qui dépendent de l’histoire familiale, de l’entourage proche…). Cependant, la non violence est toujours un choix et, comme nous n’acceptons pas qu’un homme ne lève la main sur sa femme (ne serait-ce qu’une fois et quelle que soit l’intensité du coup), il n’est jamais être acceptable de frapper un enfant, quelle que soit la forme que le coup prend.

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Pour aller plus loin :

La fessée : questions sur la violence éducative d’Olivier Maurel (éditions La Plage). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

 

Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent de Adèle Faber et Elaine Mazlish (éditions Le Phare). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.