La solution gagnant-gagnant pour favoriser l’adhésion des enfants aux règles de la vie collective

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Dans son livre Eduquer sans punir, Thomas Gordon nous livre la manière dont sa famille a géré la répartition des tâches ménagères. Il appelle cette méthode la solution gagnant-gagnant qui se fonde sur le principe de participation pour élaborer des règles de vie collective avec les enfants.

Les groupes ont besoin de règles, mais la façon d'inciter tous les membres du groupe à respecter ces règles fait toute la différence !

 

Gordon énumère les avantages à établir les règles AVEC les enfants (ce qui est différent de : “les enfants ont le droit de donner leur avis mais ce sont les adultes qui décident à la fin” ou même de “votons pour retenir la meilleure solution”) :

  • Les enfants sont davantage portés à appliquer ou à respecter les règles qu’ils ont contribué à établir.
  • Les décisions prises à plusieurs sont meilleures.

2 têtes (ou 3 ou 4 ou 25) valent mieux qu’une seule tête. Par ailleurs, les décisions prise en commun tiennent compte non seulement des expériences et besoins des adultes, mais aussi de ceux des enfants.

  • Des relations plus étroites et chaleureuses s’établissent entre adultes et enfants quand les enfants sont intégrés au processus de prise de décision.
  • Ce procédé accroît l’estime de soi, la confiance et le sentiment de maîtriser son destin chez les enfants.
  • La participation à l’élaboration des règles collectives développe le sens des responsabilités et de la discipline chez les enfants.

La résolution de problèmes enfants/adultes en 6 étapes avec la solution gagnant-gagnant

1. Identifier le problème

La personne qui a un problème l’expose au reste de la famille à l’aide de messages Je (“j’ai un problème“) et de questions ouvertes. Dans l’exemple de Thomas Gordon, c’est la maman qui a repris un travail à temps plein :

Je ne peux pas effectuer la même somme de travail qu’auparavant, lorsque je restais à la maison. Je voudrais que nous décidions comment répartir les tâches domestiques d’une manière équitable. Commençons par en dresser la liste.

Messages Je :

La personne qui a le problème s’exprime en messages Je pour ne pas accuser ou culpabiliser les autres (comme par exemple, “tu ne m’aides jamais”, “tu ne fais pas ta part”). Les messages Je aident les personnes qui ont des problèmes à sortir leurs sentiments, à exprimer ouvertement leurs besoins (“voici comment je me sens à ce sujet“) et favorisent une relation de respect mutuel qui amènent les autres à écouter et aider.

Questions ouvertes :

Les questions ouvertes laissent la porte ouverte à toutes les propositions (ici, la mère utilise le mot comment). Il s’agit d’éviter les solutions toutes faites qui appellent un oui ou un non. L’idée est de solliciter toutes les idées possibles et imaginables car il n’y a pas une “bonne” solution : pour un même problème, différentes solutions sont possibles et chacune a ses conséquences. Le point crucial est de trouver une solution mutuellement acceptable :

  • de quoi a-t-on besoin ?
  • que pourrait-on faire ?
  • comment faire ?
  • qui peut le faire ? 

Thomas Gordon explique que toute la famille alors procédé à l’inventaire des tâches ménagères (qui comprenait quand même 26 points dans son exemple !).

2. Rechercher des solutions possibles et les différentes options

règles enfants

Chacun lance des idées en vrac, toute les idées sont les bienvenues à cette étape. La phrase clé est : “on écrit toutes les idées”  pour donner une valeur égale à toutes les contributions, quel qu’en soit l’auteur. Chaque famille aura sa propre solution (l’exemple de Gordon n’est pas à suivre à la lettre, mais donne une idée de ce à quoi peut mener une résolution de problèmes enfants/parents).

Faber et Mazlish conseillent de laisser les enfants présenter les premières idées sans les évaluer ou les commenter.

 

Dans l’exemple de Thomas Gordon, la piste retenue a été que chaque membre choisisse les tâches qu’il préfère et les combine. La fin de la deuxième partie s’est donc soldée par un éventail de solutions possibles.

 

 

3. Évaluer les solutions

Cette étape consiste pour chaque membre à choisir les idées qui lui conviennent, celles qui ne lui conviennent pas et celles qu’il se sent prêt à mettre en application.

Il est absolument indispensable d’éviter les jugements de valeur (“cette idée est nulle”) mais plutôt d’adopter une attitude descriptive :

“Je ne serais pas à l’aise dans ce cas parce que…”

“C’est une chose que je ne pourrais pas faire…”

Thomas Gordon livre les échanges qui ont eu lieu au sein de sa famille :

“Je trouve trop lourd de devoir veiller à l’entretien de deux voitures”

“Arroser les plantes prend bien moins de temps que faire les courses”

“Celui qui fait la vaisselle devrait aussi balayer le sol de la cuisine et de la salle à manger”

“Qui fera la vaisselle du petit déjeuner ?”

 

4. Choisir la ou les meilleure(s) solution(s)

Une fois les différentes solutions évaluées, la famille est prête à choisir les meilleures solutions et à élaborer un plan précis pour les appliquer. Au cours de cette quatrième étape, les questions suivantes seront traitées :

Quelles étapes devons-nous suivre pour réaliser ce plan ?

Qui sera responsable de quoi ? 

Quand le plan devra-t-il être accompli ? 

Dans le cas de Thomas Gordon, le père a relu la liste des différentes tâches notées à l’écrit en mentionnant le responsable défini à l’étape 3 et en demandant : “Est-ce bien ce que nous avons décidé ?“.

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5. Appliquer la solution

D’autres questions émergeront peut-être en cours de route, des résistances feront peut-être jour. Il s’agit de les anticiper au maximum en se mettant en situation.

Anticiper les détails

Thomas Gordon explique que des détails délicats ont dû être traités avant de pouvoir passer à une application efficace :

A quelle fréquence devra être lavé le chien ? 

Dans quel délai la vaisselle doit-elle être rangée et le sol balayé après le dîner ? 

Que ferons-nous si nous dînons à l’extérieur un soir où l’un de nous dois cuisiner ? 

Faire face aux résistances

Si des résistances du type “ça ne marchera pas, tu fais jamais ce que tu dis” émergent (que ce soit du côté des parents ou des enfants), il est nécessaire de recadrer :

Pas d’accusation ni de discussion à propos du passé. Tout de suite, nous essayons de trouver une solution pour l’avenir.

 

6. Évaluer les résultats

Tout cela est bien joli mais quid de la pratique : si le plan sur lequel la famille s’était entendue fonctionne un temps puis tombe à l’eau, comment réagir ?

Il s’agit dans cette sixième étape de régler les questions suivantes :

Comment savoir si les décisions prises ensemble sont efficaces ?

Que faire si l’un de nous ne veut plus de charger d’une de ses tâches ?

Il est alors possible de se donner un temps de mise à l’essai (par exemple 2 semaines) avant de se réunir à nouveau pour discuter de ce qui marche et de ce qui ne marche pas. Au cours de cette nouvelle étape, chacun continuera de s’exprimer en messages Je :

Je suis déçu(e) que notre approche ne fonctionne pas comme prévu. Je me retrouve en train de faire ton travail et c’est inacceptable pour moi. Je voudrais donner une autre chance à notre plan. J’ai besoin de discuter de ce qui l’empêche de marcher ou de chercher d’autres solutions tous ensemble.

La vie est un processus continuel d'ajustement et de réajustement

 

La résolution de problèmes parents/enfants grâce à la solution gagnant-gagnant n’est pas une solution miracle mais un procédé qui permet à chaque famille de trouver les solutions les plus appropriées pour elle.

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Source : Éduquer sans punir : apprendre l’autodiscipline aux enfants de Thomas Gordon (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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