Comment réagir quand un enfant transgresse les règles ?

Comment réagir quand un enfant transgresse les règles ?

L’éducation respectueuse/ bienveillante/ positive/ bien-traitante/ non violente (quel que soit le nom qu’on lui donne) ne signifie pas l’absence de règles. Les règles sont nécessaires pour assurer la vie en collectivité et la sécurité de tous.

Selon l’âge des enfants et les valeurs familiales, les règles peuvent différer, en gardant en tête que les enfants seront toujours plus enclins à les suivre quand ils en ont compris l’intérêt et qu’ils ont participé à leur élaboration.

Par ailleurs, il est sage et utile de savoir que ces règles seront, à un moment ou un autre et pour une raison ou une autre, transgressées. Dans ce cas-là, le plus difficile pour nous, parents, est de nous concentrer sur une approche respectueuse et constructive plutôt que faire en sorte que l’enfant se sente mal et souffre.

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8 pistes pour réagir avec bienveillance quand un enfant transgresse les règles

Une réaction appropriée en fonction de l’importance de la règle

Si un enfant transgresse une règle qui ne le met pas en danger ni ne met en danger d’autres personnes, il n’est pas nécessaire d’en faire toute une montagne. Une expression de nos émotions (exemple : la peur de se faire voler le vélo s’il n’est pas rangé dans le garage), de nos besoins (exemple : besoin de contribuer à la bonne santé de l’enfant si celui-ci se ressert un gâteau) suivi d’un rappel bref de la règle peut suffire.

Impliquer dans la réparation

Les enfants sont capables de réparer leurs propres erreurs. Il est possible de leur demander s’ils ont une idée pour réparer en soulignant comment la personne affectée par ses agissement se sent. Avec le temps, les enfants sollicités de cette manière auront à cœur de réparer par eux-mêmes leurs erreurs et seront capables de faire preuve de responsabilité personnelle.

Pour aller plus loin : Réparer au lieu de punir

Donner une seconde chance

Nous avons la possibilité de donner une seconde chance aux enfants. Cette option peut prendre de nombreuses formes :

  • Peux-tu me montrer une manière de caresser le chien gentiment ? 
  • Comment peux-tu t’adresser à cette personne pour qu’elle ait envie de t’écouter ? 
  • Maintenant, on va rejouer l’action pour se donner une deuxième chance.

Arrêter le comportement et écouter les émotions

L’enfant doit trouver sur son chemin des adultes qui disent non à ses comportements agressifs/ dangereux et lui montrent comment vivre en collectivité en respectant les besoins des autres et en faisant preuve d’auto discipline. Et ce non sera d’autant plus structurant et éducatif qu’il invitera l’enfant à réparer les dommages causés, à rendre des compte aux autres et à réfléchir aux conséquence de ses actes.

Quand un enfant se conduit de manière inappropriée, il est possible d’arrêter ce comportement sans passer par la force, l’intimidation ou les menaces. Enseigner des compétences socio-émotionnelles aux enfants peut se faire sur un ton calme, dans le respect sans violence ni physique ni verbale.

Une manière de procéder de cette manière peut passer par :

  • arrêter le geste avec une posture ferme et un mot comme “Je ne te laisserai pas taper ton frère”
  • mettre tout le monde en sécurité si besoin en s’interposant entre les enfants ou en prenant l’enfant “agresseur” à part en cas de conflit pour lui permettre de se calmer et d’exprimer ses émotions
  • pratiquer l’écoute active : “J’ai l’impression que c’est difficile pour toi. Tu as tapé ton frère alors que tu sais que c’est interdit. Tu en as marre que…” Cette séquence peut parfois prendre plusieurs minutes, voire plusieurs dizaines de minutes. C’est là l’une des plus grandes difficultés que rencontrent les parents parce que nous n’avons pas l’habitude de parler des émotions, surtout celles des enfants et nous pouvons vite être découragés. Or ce “travail” paie sur la longueur.
  • une fois que l’enfant a déchargé ses émotions, lui demander ce qu’il pourrait faire ensuite, une fois que le parent se retirera
  • s’occuper également de l’enfant agressé en reflétant ses émotions à lui également

Réfléchir en temps long

Les apprentissages prennent du temps. Le cerveau des enfants est immature et fragile : avoir cette idée en tête permet de conserver une approche bienveillante en cherchant à savoir si l’enfant a eu assez de temps et assez d’informations, si les demandes formulées à son égard sont conformes à ses possibilités physiques et cognitives.

De nombreux comportements enfantins qui posent des problèmes aux parents au quotidien (comme le sommeil, l’alimentation ou l’agressivité qui se manifeste dans les morsures par exemple) correspondent en réalité à des étapes de développement par lesquelles passent tous les enfants. Il est normal que les bébés aient des comportements de bébés, et que les tout-petits agissent comme des tout-petits. Ainsi, un enfant ne comprend peut-être pas une consigne car son cerveau n’est pas assez développé pour en comprendre le sens. Ou alors il ne peut pas respecter une règle car son développement moteur ne le permet pas (par exemple, un jeune enfant dit “trop maladroit” peut être envisagé comme un enfant dont la coordination oeil-main est en cours de développement). Ou encore un enfant peut se mettre à mentir parce qu’il est entré dans l’âge de l’imaginaire et qu’il ne fait plus vraiment la différence entre réalité et imagination, et que cela l’amuse de créer une monde alternatif.

Redéfinir certaines règles quand cela est nécessaire, de préférence en impliquant les enfants

Thomas Gordon, auteur de Éduquer sans punir, énumère les avantages à établir les règles AVEC les enfants (ce qui est différent de : « les enfants ont le droit de donner leur avis mais ce sont les adultes qui décident à la fin » ou même de « votons pour retenir la meilleure solution ») :

  • Les enfants sont davantage portés à appliquer ou à respecter les règles qu’ils ont contribué à établir
  • Les décisions prises à plusieurs sont meilleures

Deux têtes (ou 3 ou 4) valent mieux qu’une seule tête. Par ailleurs, les décisions prise en commun tiennent compte non seulement des expériences et besoins des adultes, mais aussi de ceux des enfants.

  • Des relations plus étroites et chaleureuses s’établissent entre adultes et enfants quand les enfants sont intégrés au processus de prise de décision
  • Ce procédé accroît l’estime de soi, la confiance et le sentiment de maîtriser son destin chez les enfants
  • La participation à l’élaboration des règles collectives développe le sens des responsabilités et de la discipline chez les enfants

Thomas Gordon propose de résoudre les problèmes en 6 étapes avec la solution gagnant-gagnant :

1. Identifier le problème

2. Rechercher des solutions possibles et les différentes options

3. Évaluer les solutions

4. Choisir la ou les meilleure(s) solution(s)

5. Appliquer la solution

6. Évaluer les résultats

La vie est un processus continuel d'ajustement et de réajustement

Au cours de ses séquences de résolution de problème, des sanctions peuvent être établies.

Par opposition à la punition, la sanction peut être définie comme « la conséquence prévue à l’avance d’une infraction ou d’un non respect d’une règle ou d’une loi explicitement formulée et reconnue » (Jean-Pierre Carrier – Docteur en Sciences de l’Education).

Les comportements  non acceptés considérés comme des infractions ainsi que les sanctions correspondantes sont donc définies au préalable.

Les réparations (symboliques – comme une lettre d’excuse ou matérielle – comme la réparation d’un objet cassé ou le nettoyage d’une maladresse) sont connues et adaptées au type et à la gravité de l’infraction.

Respecter les enfants quoiqu’il en soit

Il est important de s’adresser aux enfants avec le même respect et la même considération qu’on attend d’eux quand ils s’adressent aux autres (amis, famille, enseignants…). Les enfants apprennent par mimétisme.

Réaménager l’environnement si nécessaire

L’environnement est à prendre au sens large :

  • la qualité et la quantité du sommeil,
  • la qualité et la quantité de l’alimentation (l’ingestion d’une grande quantité de sucre et d’additifs peut modifier les comportements),
  • la quantité de sortie dans la nature et les possibilités de bouger, de se décharger (le mouvement étant un besoin fondamental parfois négligé),
  • l’aménagement de la maison qui peut entraîner des tensions dans la fratrie ou bien empêcher l’accès à l’autonomie – 10 manières de préparer l’environnement familial pour des enfants épanouis,
  • le rythme de vie (les petits stress quotidiens, le stress communicatif des parents…).

 

En conclusion, cinq éléments sont importants à prendre en compte :

  1. Donner la priorité à la connexion émotionnelle avant la redirection du comportement : les conseils et les réparations peuvent venir après l’expression des émotions, tant des parents que des enfants (les parents ont le droit de dire comment ils se sentent quand l’enfant agit comme il le fait).
  2. Relever ce qui est conforme (même les plus petites choses) encourage les enfants à se diriger dans la bonne direction (exemple : “Merci d’avoir éteint la télé quand je te l’ai demandé.”)
  3. Tous les comportements inappropriés n’ont pas de cause émotionnelle (d’autres causes peuvent être explorées quand les transgressions sont récurrentes : aménagement de la maison, temps de jeu libre insuffisant, faim, sommeil, troubles neurodéveloppementaux…).
  4. Les enfants sont davantage portés à appliquer ou à respecter les règles qu’ils ont contribué à établir.
  5. L’humour et le jeu sont des moyens efficaces de restaurer le lien et de susciter la coopération.

A mon sens, les parents renoncent à l’humour et au jeu dans les situations critiques, de craintes d’encourager une mauvaise attitude. Je dois rester sévère et glacial pour qu’il comprenne qu’il a mal agi. Mais l’humour ne constitue pas une récompense. Il restaure en revanche l’élément manquant :  le lien dont la rupture a justement causé le problème. – Lawrence Cohen

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La lecture de mon livre La co-éducation émotionnelle : s’élever en même temps qu’on élève les enfants (éditions Hatier) vous donnera des pistes pour raisonner autrement face aux comportements des enfants qui nous mettent en difficulté (avant de chercher à plaquer des astuces et conseils au risque de constater que “l’éducation positive, ça ne marche pas”). Il est disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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