Comment se développe la capacité à former des liens affectifs chez les humains ?

attachement âge adulte

Dans la théorie de l’attachement, ce développement est en relation directe avec la qualité des interactions précoces entre la figure d’attachement primaire (le plus souvent la mère) et l’enfant. D’autres figures d’attachement secondaires (enseignants, famille, personnel de crèche…) peuvent également contribuer dans une moindre mesure.

Trois mécanismes expliquent cette influence qui perdure au fil des années :

1.Les schémas d’attachement et de communication précoces

Les schémas d’attachement et de communication précoces organisent les perceptions, les pensées, les émotions et les comportements ultérieurs de l’enfant puis de l’adulte, en particulier en cas de stress.

Une stratégie saine consiste, dans ces circonstances, à exprimer ses émotions et à rechercher le soutien et l’aide d’autrui.

2.Les représentations élaborées par rapport aux relations intimes

Les représentations élaborées par-rapport aux relations intimes viennent affecter la capacité à se lier à autrui. Ces représentations sont construites à partir des expériences réelles vécues avec les parents et elles conduisent à s’attendre à être accepté et aimé (ou non) et à pouvoir compter (ou non) sur autrui.

Elles sont à la base autant de la confiance en soi que de la confiance en autrui.

3.Le respect des besoins d’exploration de la personne dans son enfance (sans entrave ni peur inutile)

Le respect par les parents des besoins d’attachement doit aller de paire avec le respect pour le besoin d’exploration de l’enfant. C’est la capacité à explorer sans entrave et sans peur inutile de la part des adultes qui permet d’entrer en contact avec de nouvelles personnes, de se faire des amis, et d’entretenir plus tard des relations (amoureuses notamment) équilibrées.

Cette capacité d’exploration tant physique que psychique permet aussi d’affronter de nouvelles situations, de s’adapter et d’entrer en relation avec autrui. C’est également la capacité d’exploration qui va permettre d’entrer en lien et de confronter des représentations, des idées, des croyances afin d’éventuellement abandonner d’anciens modes de perception et de réaction qui ne sont plus nécessairement appropriés.

Les racines de l’attachement à l’âge adulte dans l’enfance

L’expérience du soutien (ou du rejet) par les figures d’attachement a un impact sur la manière dont un enfant parle de son expérience et comment il s’adapte dans des situations stressantes à forte charge émotionnelle.

Une représentation secure des relations avec autrui peuvent être déduites des stratégies utilisées pendant l’enfance et l’adolescence lors des situations difficiles. Ces stratégies consistent à communiquer ses émotions et ses envies en cas de détresse, à rechercher activement l’aide d’autrui, à savoir gérer ses émotions dans les conflits relationnels, à accorder de l’importance aux liens affectifs et à avoir un discours cohérent sur ce qui se rapporte à l’attachement.

Or la capacité à aborder les relations affectives autant de son point de vue que de celui d’autrui est une compétence acquise par la pratique au sein de la famille.

Accepter l’enfant, le soutenir, être à son écoute et lui fournir des expériences stimulantes adaptées sont les caractéristiques du comportement que chacun des parents, meilleures garanties d’une représentation harmonieuse  de soi et d’autrui à l’âge adulte.

L’adulte se doit de respecter les besoins d’exploration de l’enfant, lui apprendre à coopérer, tout en lui permettant de trouver seul des solutions à sa portée. Il est là pour guider, soutenir et faire progresser l’enfant dans ses apprentissages, et non pour le soumettre à des situations qui le dépassent ou pour lui imposer des solutions toutes faites.

Une fois encore, il s’agit pour le parent de se centrer sur l’enfant, de jouer avec lui, et non d’en faire son jouet.

Les paroles accompagnant les activité ludiques, les encouragements, les félicitations, les conseils, semblent aussi avoir un impact ultérieur sur la capacité à concevoir clairement la qualité de ses relations à autrui. – Yvane Wiart

Pour autant, il y a une évolution dans le temps. Certains parents, en particulier certaines mères, peuvent présenter des difficultés dans leurs relations à leur bébé dans les premiers mois puis peuvent se montrer beaucoup plus à l’aise avec leur enfant quand il grandit. Elles deviennent plus sensibles à ses besoins relationnels, peut-être aidées par l’apparition du langage qui leur facilite la communication. Cela peut également être le cas pour les pères, plus à l’aise avec des enfants dont compétences motrices et cognitives se sont développées.

Cela étant, il apparaît globalement qu’un comportement attentif et chaleureux (ou son contraire) manifesté par les parents pendant les trois premières années de la vie a toutes les chances, sauf accident de la vie, de se retrouver dans les situations relationnelles ultérieures, ce qui permet de comprendre comment les schémas se renforcent et se stabilisent chez l’enfant.

Les tenants de la théorie de l’attachement en concluent l’importance de l’attachement aux parents dans l’enfance dans la prédiction des caractéristiques de l’attachement à un.e partenaire adulte et donc la capacité à vivre des relations harmonieuses, sources de bonheur (ou alors destructrices et/ou instables).

Pour autant, le cerveau est plastique et peut se reconfigurer à tout moment de la vie. Ainsi, il est possible d’envisager une reprise de contact avec l’instinct d’attachement :

  • soit par une action thérapeutique professionnelle,
  • soit par une rencontre avec une personne sécure qui peut parvenir à faire évoluer les modalités d’attachement insécure d’un partenaire,
  • soit par une prise de conscience personnelle sur ce qu’il y a de mieux à faire (mais ce cas est extrêmement rare et difficile).

Dans tous les cas, patience et attention sont des prérequis vers une vie plus harmonieuse.

C’est pour cette raison qu’Yvane Wiart milite pour la diffusion massive d’informations auprès des parents et des professionnel.le.s de l’enfance (éducateurs/trices de jeunes enfants, pédiatres, assistant.e.s maternel.le.s, enseignant.es…) sur l’importance d’un attachement sécure dès la petite enfance pour l’épanouissement tant personnel qu’interpersonnel (voire sociétal).

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Source : L’attachement, un instinct oublié de Yvane Wiart (éditions Albin Michel). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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