De la violence éducative ordinaire à une parentalité consciente : un long chemin… difficile mais tellement nécessaire et enrichissant !

Conférence de Marc-André Cotton le samedi 16 mai 2015 à la Foire éco-bio d’Alsace (43 min).

Prendre conscience de l’héritage religieux dans la reproduction de la violence éducative

La violence éducative a des effets chimiques sur notre cerveau et laisse des traces inconscientes

La violence éducative laisse une empreinte sur le psychique et nous travaille à notre insu. La violence éducative a des effets chimiques sur le cerveau.

On peut travailler sur soi, revenir sur des choses qui ont été vécues il y a très longtemps et s’en libérer par l’expression.

Par ce moyen, on réalise qu’on a une histoire, que nos parents ont une histoire, qu’on reproduit avec nos enfants un certains nombre de comportements répétitifs (pourquoi je refais ça ?), qu’on est porteur d’un regard sur nos enfants (celui que nos parents ont eu sur nous). On réalise que nos propres parents n’ont pas été à l’écoute de nos besoins mais centrés sur leurs problématiques. On peut parler avec nos enfants et nos parents de ce qu’on découvre sur nous même.

La violence éducative a une histoire à la fois physique et psychique (jugement, critique, condamnation…).

 

La violence inter-générationnelle, un héritage de la tradition judéo-chrétienne

Marc André Cotton remonte à l’époque d’Abraham pour montrer à quel point nos sociétés occidentales modernes sont imprégnés de violence à l’égard des enfants. Abraham n’a finalement pas commis un infanticide (non pas par respect de la vie de son enfant ou par sa conscience propre mais par soumission à Dieu). Il a fallu attendre des siècles pour que quelqu’un s’intéresse au vécu d’Isaac (le fils d’Abraham). Cela donne la mesure du temps qu’il a fallu pour prendre peu à peu conscience du vécu et de la souffrance de l’enfant.

Selon certains anthropologues, à cette époque ancienne, 15 à 50% des nouveaux nés étaient tués à la naissance ou en bas âge par leurs parents.

Quand on n’a plus de parent qui protège, on cherche à l’extérieur un substitut du parent.La violence éducative créerait donc un désespoir chez les enfants pour les encourager à se tourner vers la foi, vers un dieu qui deviendrait le substitut de parents non capables de protéger leur enfant.

C’est le début d’une transmission de la violence inter-générationnelle : un héritage de la tradition judéo-chrétienne qui valorise la violence, comme illustré par le dicton “qui aime bien châtie bien”. La violence devient témoignage d’amour mais l’enfant ne peut pas comprendre le double message paradoxal “je t’aime et je te fais du mal pour ton bien”. Marc André Cotton explique qu’on trouve plus de 200 références à la punition dans l’Ancien Testament.

L’adulte projette sur l’enfant qu’il est mauvais et qu’il faut le corriger.

Pour aller plus loin :Vingt siècles de maltraitance chrétienne des enfants

ving siècles de maltraitance

Que se passe-t-il quand un enfant est violenté et humilié ?

La dissociation

Sous l’effet de la terreur, les humains se dissocient.

Le cerveau de l’enfant est chimiquement, physiologiquement sidéré et incapable de comprendre ce qui lui arrive. Le système nerveux ne peut pas intégrer un tel niveau de stress et se protège. L’émotion est éteinte à l’aide d’endorphines : cette anesthésie émotionnelle donne à l’adulte un sentiment d’irréalité, de distance, d’absence complète d’empathie quand il se retrouve lui même en situation d’affliger de la violence à son enfant.

Le problème est que l’émotion reste piégée dans le cerveau et l’expérience n’est pas traitée de manière consciente. L’empreinte du traumatisme va générer des paniques conditionnées comparables au stress post traumatique, jusque dans l’âge adulte. La mémoire traumatique resurgit dans certaines circonstances particulières et peut engendre des mécanisme de répétition (mêmes comportements répétés).

La mémoire traumatique

Il peut y avoir mise en place de réflexes ou de mécanismes agressifs qui vont permettre à l’enfant de survivre à la ré-émergence de la mémoire traumatique. La mémoire qui remonte à la surface donne l’impression de revivre ces traumatismes donc la personne pourrait avoir recourir à un comportement agressif contre elle-même ou les enfants pour anesthésier sa propre souffrance. Ces mécanisme sont physiologiques et irrépressibles.

C’est la raison pour laquelle la violence se reproduit. La morale et le droit ne peuvent pas empêcher ces passages à l’acte et ces mécanismes psychiques de répression.

 

Que faire de cet héritage religieux ?

Quand ni la morale ni le droit international ne suffisent…

Les États ont tenté de briser le cercle de la violence éducative par le droit. La Convention des Droits de l’enfant est un texte international qui reconnaît l’intérêt supérieur de l’enfant comme une considération primordiale.

Droits de l'EnfantPourtant, le chemin est encore long à parcourir, même dans les pays signataires de cette Convention.

90% des femmes sont excisées en Égypte.

13 millions de garçons sont circoncis chaque année.

Aux États-Unis, 19 États pratiquent toujours les châtiments corporels à l’école.

Plusieurs pays européens refusent d’adopter une loi contre la fessée.

En France (données de Anne Tursz, pédiatre française) : entre 51 et 255 bébés seraient tués chaque année par leurs propres parents; la maltraitance concernerait 2% des élèves du 2nd degré (collège et lycée) et 2,4% des élèves du 1° degré (maternelle et primaire); 85% des parents recourent à la violence éducative ordinaire.

 

Si la morale religieuse et le droit sont impuissants à protéger les enfants, comment mettre fin à la violence éducative ?

La parentalité consciente aide à changer de regard sur les enfants et les bébés en se posant la question : de quoi les bébés et les enfants ont-ils besoin ?

Comprendre les bébés

Le bébé est un être conscient et il a besoin d’attachement maternel. Pourtant, la séparation du bébé avec sa mère reste la règle, notamment à la naissance.

Comme le bébé vit dans une continuité de conscience du ventre de sa mère à l’extérieur, empêcher la satisfaction de ce besoin de continuité entrave le développement de la conscience.

Chaque rupture va laisser des traces plus ou moins fortes.

 

Comprendre les enfants

Les enfants ont besoin de jouer. Par le jeu, ils manifestent ce qu’ils ont vécu et questionnent le comportement des personnes autour d’eux. Même quand ils ont le langage, le jeu est le moyen privilégié des enfants pour exprimer leur vécu.

Il s’agit ici d’observer, d’écouter ce que l’enfant a à dire sans le rendre coupable de ce qu’il manifeste (le fameux “tu l’as bien cherché”).

 

Aller au delà du sentiment de culpabilité et se libérer de l’héritage culturel/ religieux

Il y a des points aveugles dans nos histoires familiales qui vont se mettre entre nous et nos enfants. – Marc André Cotton

Les adultes interprètent souvent les comportement des enfants en fonction de leurs souffrance non résolues dans leur propre enfance. Notre rapport aux enfants est conditionné par ce que nous avons nous-mêmes vécu, d’où l’importance de s’y intéresser. C’est quand les enfants butent sur nos points aveugles que les relations vont poser des problèmes.

Parler de parentalité consciente va soulever le sentiment de culpabilité des adultes et amène à remettre en cause ses propres parents.

Pourtant, la parentalité consciente est un moyen d’accepter de voir qu’il y a des conséquences même si cela implique un sentiment désagréable. C’est également reconnaître sur nous les conséquences de la solitude ressentie dans la petite enfance, de la rupture d’attachement.

Cheminer vers une parentalité consciente est une lourde tâche : difficile mais nécessaire…

4 questions sur notre propre enfance

Pour cheminer vers une parentalité consciente, on pourrait se poser des questions sur notre propre enfance :

  • quelles ont été les conditions de ma naissance ?
  • comment mes parents et mes grands parents étaient-ils avec moi ?
  • quels étaient leurs rapports respectifs ?
  • quelle fut ma place dans la dynamique familiale ?

Chercher des réponses à ces questions peut créer des surprises et peuvent faire remonter des émotions difficiles ou des conflits latents. D’un coup, on peut se découvrir en train de reproduire des réactions avec nos propres enfants.

En éprouvant certaines souffrances de notre propre enfance, on est amené à comprendre ce que nous avons nous même vécu dans certaines situations que vivent également nos enfants. Accueillir nos réactions émotionnelle évite de les décharger sur les enfants et contribue à briser la chaîne de la transmission de la violence éducative.

Une question sur mon enfant

La question clé de la parentalité consciente est :  Qu’est ce que mon enfant ressent ? à la lumière de notre propre enfance.

Le travail sur soi permet de trouver du sens à ce que nous vivons tous, en tant qu’individus et que société et de libérer le présent du passé pour soulager nos enfants.

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