4 manières de débloquer une situation de crise avec les enfants grâce à l’expression artistique

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Parfois, les mots ne suffisent pas pour accueillir les émotions des enfants et susciter la coopération. Passer par l’expression artistique peut être un moyen efficace de débloquer une situation de crise avec les enfants. Il ne s’agit pas ici de faire des oeuvres d’art, mais d’utiliser l’imagination, un papier et un crayon pour permettre l’expression émotionnelle.

Dessiner les larmes

Plutôt que de chercher à éviter les larmes d’un enfant qui est triste (“ne t’inquiète pas”, “ne pleure pas”…), il est possible d’accueillir la tristesse avec des dessins.

Reconnaître la tristesse d’un enfant à la fois avec des mots et des dessins permet à l’enfant de la vivre jusqu’au bout et l’autorise à l’exprimer pleinement :

  • mettre les émotions en mots : “ça c’est frustrant, tu n’aime pas quand…”
  • mettre les émotions en dessin : “est-ce que c’est comme ça que tu te sens ?” en montrant un dessin de visage triste réalisé par nous-même.

Il est possible d’ajouter des larmes sur le visage pour rendre compte au mieux de l’intensité de l’émotion vécue par l’enfant. S’il en ressent le besoin, l’enfant pourra rebondir et demander à l’adulte d’ajouter des larmes ou prendre lui-même les crayons pour dessiner ce qu’il ressent au plus près de ses émotions personnelles.

Il est ensuite possible de demander à l’enfant comment il se sent désormais et accompagner l’expression verbale par de nouveaux dessins : soit effacer des larmes, soit dessiner un nouveau visage plus neutre et, même plus tard, un visage souriant.

Dessiner ce que l’enfant désire pour le lui accorder en imagination

Quand un enfant est frustré, il peut se mettre dans une colère vive, d’autant plus quand il se sent incompris dans son émotion initiale.

Afin d’éviter qu’une frustration ne dégénère en agressivité ou violence, il est possible là encore de l’accueillir :

  • avec des mots : “Tu aimes vraiment… Tu aurais voulu… et tu es vraiment déçu… ça te rend triste et en colère en même temps”
  • avec des dessins : attraper un papier et un crayon et commencer à dessiner ce que l’enfant aurait voulu en commentant ce dessin “Qu’est-ce que tu aimes le plus dans… ? Là, je peux dessiner…, qu’est-ce que tu en penses ?”

L’enfant dira à l’adulte d’ajouter des détails au fur sur ce qu’il aurait aimé et pourra même passer à l’action en prenant lui-même les crayons.

Quand le dessin est terminé, il peut être utile de conclure en disant que oui, cela aurait en effet été vraiment chouette de faire ce qui était dessiné puis de demander à l’enfant où il veut accrocher le dessin.

Utiliser l’expression émotionnelle pour adoucir le stress du matin

Certains matins, les enfants ne veulent pas sortir du lit et refusent d’aller à l’école. Cela peut entraîner des conflits dès le réveil et une bonne dose de stress pour toute la famille. Recourir à l’expression émotionnelle artistique peut là encore être utile pour éviter les crises et les disputes.

Cette approche est efficace quand elle s’inscrit dans une démarche d’accueil et de reconnaissance des émotions plus globale.

Quand un enfant ne veut pas sortir du lit, il est possible de le caresser, de le masser quelques instants en disant : “Je vois que tu n’as pas envie de te lever. Tu as encore besoin d’un peu de temps dans le lit. Je vais préparer la table du petit déjeuner et tu peux venir quand tu seras prêt. J’aurai un papier et des crayons pour toi pour que tu puisses me faire un dessin de comment c’est nul d’aller à l’école”.

L’idée n’est pas de dire que le dessin est joli ou de chercher à l’analyser mais de permettre l’expression émotionnelle de l’enfant et d’apporter un support d’échange pour accueillir ce qui est difficile pour l’enfant.

Dessiner la colère (et déchirer la feuille !)

Dessiner peut également servir dans les cas de grosses colères. Certains enfants sont tellement emportés dans leur colère qu’ils sont hermétiques à toute approche et refusent de dessiner quoi que ce soit.

Le parent peut alors se montrer créatif et prendre lui-même les crayons pour refléter ce que l’enfant a l’air de ressentir avec intensité (quitte à trouer la feuille en appuyant très fort) : “Tu es fâché comme ça ?”

L’enfant pourra alors interagir et plusieurs scénarios sont possibles : l’enfant dit oui, l’enfant dit non et le parent ajoute des traits rouges et des trous pour retranscrire une colère encore plus forte ou alors l’enfant s’empare du matériel. Il sera autorisé à fouetter le papier, à déchirer le papier en petit morceau, à froisser la feuille et la mettre en boule. L’adulte pourra alors reformuler avec des mots ce qu’il voit :”Waou, tu es fâché à ce point !”.

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Source : Parler pour que les tout-petits écoutent de Joanna Faber et Julie King (Les Editions du Phare). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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