PARENTS : 6 questions pour dépasser l’autocritique et la culpabilité parentale

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Dans son livre Développer l’estime de soi de son enfant, Petra Krantz Lindgren propose 6 questions à méditer afin de mieux nous écouter et dépasser l’autocritique d’une manière constructive. Ces questions nous aident à faire preuve d’empathie envers nous-mêmes et à tirer des apprentissages à partir de ce que nous estimons être des erreurs éducatives. Dès lors, la culpabilité peut devenir un terreau fertile et ouvrir la porte à des changements ou des mises en perspective de croyances rigides ou d’idéaux irréalistes.

1.Dans quelles situations l’autocritique se déclenche-t-elle ?

La culpabilité peut nous prendre par surprise quand quelque chose qui ne correspond pas à nos valeurs, à ce qui est important pour nous se produit (exemple : on crie sur les enfants alors qu’on s’était engagé à ne plus crier) ou que quelque chose ne fonctionne pas. La culpabilité et l’autocritique ont quelque chose à voir avec la perfection et la difficulté à accueillir ce qui se passe en soi.

Il est important d’identifier le ou les incidents qui nous ont conduits à faire ce choix, regretté ensuite, pour pouvoir faire différemment la prochaine fois. Trois éléments sont à prendre en compte :

  • les attentes sont-elles réalistes ou sont-elles trop élevées (comme le fait de croire qu’un parent bientraitant ne devrait jamais lever les yeux au ciel) ?
  • les circonstances (le contexte prenant en compte le moment de la journée qui peut être source de plus ou moins de fatigue; l’âge des enfants; le bien-être au travail; la qualité du soutien relationnel…) participent-elles à rendre plus difficiles les relations familiales ?
  • ai-je les compétences nécessaires pour agir de manière plus alignée avec mes aspirations ? Si non, où et comment pourrais-je les acquérir ?

2.Quels besoins n’ont pas été satisfaits par ce choix générateur d’autocritique ?

La  culpabilité est une alarme qui signale que nous sommes coupés de nos valeurs importantes et alerte sur des besoins insatisfaits, sur des aspirations perdues, sur une conviction non mise en œuvre, sur un désalignement entre nos buts et nos actes.

Voici une liste des besoins fondamentaux qui nous animent tous et qui peuvent nous aider à démêler ce qui a motivé nos actions regrettées et ce qui est à la racine de la tension émotionnelle :

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La culpabilité nous signale que nous jugeons sévèrement ce que nous avons fait. Quand nous éprouvons de la culpabilité, deux parties s’affrontent en nous :

  • celle qui a agi,
  • celle qui vérifie si l’acte que nous avons posé respecte nos valeurs.

La personne qui se sent “culpabilisée” est en tension parce qu’elle sent bien qu’il y a un décalage entre ses valeurs, ses aspirations profondes et ses actes. C’est le deuil de nos besoins insatisfaits qui délivre de la culpabilité. Ce deuil passe par un temps de reconnexion à soi, à nos émotions douloureuses et aux besoins qui n’ont pas pu être satisfaits au moment où nous avons fait l’action que nous regrettons désormais.

 

3.Dans cette situation, quels étaient les émotions en lien avec des besoins à combler ?

Les émotions primaires communes à tous les humains et elles ont une fonction utile. Notre système émotionnel sert l’objectif inconscient de la conservation de la vie. Reconnaître et nommer les émotions ressenties permet de s’occuper du message que celles-ci cherchent à faire passer. Or on ne peut pas s’occuper de quelque chose qu’on ne laisse pas exister ou qu’on nomme mal (voire pas du tout).

tableau des émotions

 

Consulter le tableau au format PDF pour une meilleure lisibilité : tableau des émotions

 

4.Qu’est-ce que je ressens en observant mes besoins identifiés ?

Quand nous sommes à l’écoute de l’ensemble de nos besoins, ceux qui n’ont pas été satisfaits et ceux que nous avons essayé de satisfaire, un changement intérieur se produit souvent.

Au lieu de s’arrêter sur des jugements autocritiques (du type “je devrais vraiment être plus compréhensive !“), nous ressentons du chagrin (“cela m’attriste de penser que j’ai traité mon fils de fainéant“).

En se permettant d’une part le chagrin et d’autre part la prise de conscience de nos propres besoins, une réconciliation intérieure est bien souvent possible : “J’ai essayé d’agir en fonction de ce qui est important pour moi. La prochaine fois, je tâcherai de trouver une manière qui satisfasse mieux l’ensemble des besoins qui m’animent“.

5.Une fois la tristesse reconnue et exprimée, réfléchir à ce qui peut être fait : comment réparer ?

Quand nous pensons avoir commis une erreur, il s’agit au fond d’avoir privilégié certains besoins au détriment d’autres. S’écouter et s’intéresser à ces besoins constituent une première étape pour transformer la mauvaise conscience, d’abord en tristesse puis en apprentissage.

Une deuxième étape consiste à mettre des mots sur la mauvaise conscience. On gagnerait à parler aux enfants de nos émotions et nos besoins qui ont influencé tel ou tel incident.

6.Demander aux enfants ce que cela leur fait d’entendre leurs parents parler de leurs erreurs et de leur vulnérabilité.

Cette question est primordiale, tout comme la volonté et la disponibilité à écouter la réponse. Reconnaître que l’on a commis une erreur n’est pas une astuce pour éviter notre propre mauvaise conscience. Il s’agit en revanche de transformer l’auto critique en tristesse, puis en apprentissage, qui offre ensuite des possibilités de satisfaire un plus grand nombre de besoins.

C’est pourquoi nous devons solliciter l’ensemble des canaux de communication (les mots, le langage corporel, le ton de la voix, l’expression faciale) pour signaler aux enfants que nous sommes sincèrement intéressés par leur réponse et que nous prêts à accueillir leurs mots avec empathie et bienveillance.

Parler de nos erreurs et de nos tourments permet de créer du lien et du partage, de créer des opportunités d’apprendre les uns des autres.

Les enfants aiment quand les adultes proches d’eux se montrent comme de vraies personnes entières. Des personnes qui ressentent de choses, qui ont des besoins et des envies. Des personnes qui se réjouissent et s’émerveillent, mais qui peuvent également être tristes, avoir du chagrin, des doutes et qui font de leur mieux. Des personnes qui sont comme eux et auxquelles ils peuvent s’identifier. – Petra Krantz Lindgren

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Source : Développer l’estime de soi de son enfant de Krantz Lindgren Petr (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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