Comprendre la colère : comment différencier colère constructive et colère destructrice ? 

différencier colère constructive et colère destructrice

La colère est une émotion utile et légitime.

La colère est une émotion légitime et nous avons parfaitement le droit de l’éprouver. La colère est à la racine de nombreux mouvements sociaux qui luttent contre les injustices et permet des avancées en matière de justice sociale. Sur le plan personnel, elle nous permet de protéger notre dignité et d’affirmer des limites personnelles. Une personne en colère est concentrée sur l’idée que les autres la blessent, lui font du mal et bafouent des valeurs précieuses à ses yeux. L’intensité de la colère est influencée par

  • l’interprétation de la signification des éléments par le prisme de nos valeurs,
  • nos attentes à l’égard d’autrui (plus elles sont fortes, plus la colère est intense, et c’est le cas envers des personnes proches ou des personnes supposées nous soutenir ou en qui nous avions confiance),
  • l’intention que nous prêtons aux autres : plus nous croyons que l’autre a fait exprès de nous blesser, plus nous sommes en colère.

Tempérer une colère forte qui risque de générer des paroles ou des actes violents

Quand la colère surgit, elle déforme notre perception et notre cognition, et il y a une période réfractaire qui nous prive de l’accès à notre intelligence. – Paul Ekman

Les scientifiques estiment que toutes les émotions ont une fonction. La science tient toutes les émotions pour utiles : le problème est alors de trouver la juste mesure de la colère et les circonstances appropriées pour la survenue de cette émotion. L’émotion de colère a une nature adaptative : elle attire notre attention sur l’événement qui provoque la colère et donne l’énergie de surmonter l’obstacle et de satisfaire un/des besoin(s) non satisfait(s). Quand les émotions ne sont pas adaptatives, la période réfractaire se prolonge et le risque de réagir à des choses qui n’ont rien à voir avec la situation présente augmente.

Les spécialistes des émotions nous invitent à faire la distinction entre la colère comme émotion émergente et l’enchaînement de pensées qui la suit. L’émotion émergente est constituée des sensations corporelles (les dents crispées, la respiration saccadée, les poings qui se serrent…), l’intensité de l’émotion (une irritation ou une franche exaspération) et les tendances à l’action (envie de crier, de taper, de foncer sur la personne..). Les pensées qui accompagnent et alimentent l’émotion de colère, comme le fait de se dire “Il ME fait encore sa crise”, “C’est reparti, elle me cherche vraiment et elle va me trouver”, “C’est toujours la même chose, il ne changera jamais” ou bien “J’en peux plus, je vais bien lui faire comprendre qui commande”. Paul Ekman estime qu’il y a une colère constructive caractérisée par deux aspects :

  • quand la colère est constructive, la période réfractaire est courte (on retrouve accès à l’intelligence et à la capacité de raisonner plus rapidement pour agir sans violence);
  • la colère peut être compassionnée quand il s’agit d’un sentiment puissant qui pousse à une action éthique (exemple : prendre la défense de quelqu’un qui est maltraité).

Comment réduire l’emprise de la colère destructrice ?

Ce qui nous a été donné par la nature est l’impulsion pour affronter des obstacles, réparer des injustices et défendre l’intégrité humaine. Mais il arrive que les expériences personnelles et la socio-culture dans laquelle baignent les humains peuvent transformer cette dotation initiale au service de la vie en impulsion automatique pour s’en prendre à autrui, à la personne qui a créé l’obstacle (de manière plus ou moins objective d’ailleurs puisque la colère non constructive est accompagnée d’illusions et de souvenirs qui font émerger des choses qui ne sont pas forcément en rapport avec la situation présente).

C’est précisément cet élément acquis (par l’histoire personnelle, l’expérience, la culture et parfois influencé par le tempérament) qu’il est possible de désapprendre.

Il existe des outils et des ressources pour empêcher que les émotions destructrices prennent le dessus et se traduisent en actes maltraitants ou dégradants (pour soi et pour les autres). Voici quelques ressources qui aident à éviter que la colère ne dégénère en violence :

 

 

tableau vocabulaire colère

 

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Source : Surmonter les émotions destructrices : un dialogue avec le Dalaï Lama de Daniel Goleman (éditions Pocket). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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