ENFANTS & ECOLE : 6 conditions pour un apprentissage efficace

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Peter Gray est un psychologue américain, spécialisé dans l’apprentissage et le jeu. Il propose 6 conditions pour des apprentissages plus efficaces à l’école. Pour lui, les seuls apprentissages vraiment efficaces et durables sont ceux réalisés dans le cadre d’une éducation auto dirigée.

1. L’éducation relève de la responsabilité de l’enfant.

A partir du moment où les enfants comprennent qu’ils sont eux-mêmes responsables de leur éducation, ils sont capables d’endosser cette responsabilité.

Quand ils croient, ou sont amenés à croire, qu’une tierce personne est responsable de leur éducation, et que tout ce qu’ils ont à faire dans la vie est de suivre les ordres qui leur sont donnés, ils perdent en esprit d’initiative et en connaissance d’eux-mêmes, de leurs envies, de leurs besoins, de leurs émotions. Ils ne sont alors plus capables de se sentir responsables du déploiement de leurs potentiels et n’endossent pas la responsabilité de leur développement (intellectuel, moteur, relationnel…).

 

2. Les temps de jeux, d’exploration et de poursuite des centres d’intérêt propres doivent être illimités.

Quand Peter Gray dit “illimité”, il l’entend au sens propre : bien plus qu’une heure par jour ou même que trois heures par semaine. Essayer différentes choses, tester des hypothèses, s’entrainer, faire, défaire et refaire, tout cela demande du temps.

Trouver sa passion, la pratiquer, la creuser, l’enrichir, requièrt du temps non contraint, non borné.

Il est impossible d’interrompre des activités par des sonneries et de décider pour les autres comment ils vont occuper leur temps tout en s’attendant à ce qu’ils trouvent leur Elément, à ce qu’ils apportent leur talent au monde pour faire une différence positive.

 

3. Laisser l’opportunité aux enfants de jouer avec les “outils” de la culture dans laquelle ils baignent.

La culture dans laquelle nous baignons dépend de notre naissance. Dans une culture de chasseur cueilleurs, les outils indispensables à maîtriser pour trouver sa place seraient les arcs et les flèches, les couteaux et le feu.

Dans notre culture moderne occidentale, l’outil principal est l’ordinateur/ la tablette. Ce n’est pas surprenant que les enfants adorent jouer à l’ordinateur ou sur la tablette. Ils savent dans leur chair que c’est l’outil par excellence de leur culture et c’est presque un instinct que de passer beaucoup de temps à se l’approprier… jusqu’a ce qu’il devienne une sorte d’extension de leur propre corps (comme le serait un arc dans une culture de chasseurs cueilleurs).

 

4. Les adultes entourant les enfants doivent être bienveillants : des aidants et non des juges.

Les adultes aidant le développement des enfants ne peuvent pas être des juges, des censeurs. Une personne qui évaluerait, qui ferait des remarques (comme “mais tu ne sais pas encore ça!) est la dernière personne à qui les enfants voudraient demander de l’aide. Ils se sentent plutôt nerveux, angoissés, et même stressés, au contact de ce type de personnes.

Les adultes bienveillants, qui n’émettent pas de jugement en fonction de normes, de paliers par âge, sont ceux vers lesquels les enfants pourront se tourner en cas de difficultés, et auxquels ils pourront se confier : “Je ne sais pas du tout comment faire. Je me suis trompé. J’ai besoin d’aide.”

 

5. Le “mélange” d’enfants de tous âges profitent aussi bien aux petits qu’aux grands.

Peter Gray milite en faveur de classes mixtes, dans lesquels des enfants de tous âges se cotoyeraient.

Les enfants d’un même âge n’ont pas forcément grand chose à s’apprendre mutuellement : les interactions sont plus riches quand les écarts d’âge sont plus grands.

 

6. L’immersion dans un groupe est bénéfique quand ce groupe est une communauté stable et démocratique.

Les enfants ont besoin de reconnaissance et d’appartenance : les communautés dans lesquells chaque enfant sait que ses idées et ses actions sont prises en compte et débattues par les autres membres de sa communauté comblent ces deux besoins fondamentaux. Les enfants se sentent à la fois responsables d’eux mêmes mais aussi des autres. Ils apprennent à s’auto gérer, à établir des règles en fonction des besoins de chacun et des problèmes rencontrés au fur et à mesure qu’ils émergent dans la vie en collectivité. Les interactions façonnent le fonctionnement de la communauté.

conditions de l'apprentissage

Ce n’est pas une utopie : ce type d’organisation existe déjà !

En voici 2 exemples en France :

> L’école dynamique à Paris (inspirée par l’école démocratique Sudbury aux Etats-Unis)

> L’école du 3° type de Bernard Collot (des écoles publiques « sans cahiers, sans leçons, sans programmes, sans évaluations, sans horaires, sans emploi du temps, ouvertes aux enfants et aux adultes même pendant les vacances »)

Instituteur, Bernard Collot a transformé sa classe unique en une “école du 3e type”, à la faveur de 40 années de pratiques et d’innombrables échanges avec ses collègues. Sans présupposé idéologique, simplement en laissant se développer la pédagogie Freinet dans un contexte multi-âge, il est parvenu à concilier efficacité des apprentissages et bien-être des enfants.


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Vidéo source : Peter Gray – Self-Directed Learning Fundamentals (en anglais), visible sur la chaîne Camp Stomping Ground

Peter Gray est l’auteur du livre Libre pour apprendre, paru aux éditions Actes Sud.