L’écoute empathique pour écouter vraiment les enfants (et dénouer crises et colère)

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Recevoir de l’empathie est un besoin humain fondamental. Quand on croit écouter mais qu’on n’écoute pas vraiment (conseiller, prendre en charge les problèmes, nier les émotions, parler de soi, juger…), on provoque de la réaction chez l’autre (au lieu de créer de la connexion) parce qu’il ne se sent pas compris et que son besoin d’empathie n’est pas satisfait.

Quand un enfant se sent écouté et compris, son coeur s’ouvre. Quand un adulte écoute les émotions d’un enfant, une relation de confiance se crée et l’enfant s’apaise. Par ailleurs, un enfant dont les émotions sont accueillies développe une bonne estime de lui-même parce qu’il sent qu’il a le droit d’être qui il est, de ressentir ce qu’il ressent et de se fier à son intuition.

Quand un enfant ne se sent ni écouté ni compris, son coeur se ferme et tout se contracte dans son corps. Quand personne n’écoute les émotions d’un enfant (et/ou les minimise ou les nie), il ressent de la frustration et, par conséquent, de la colère.

Comment écouter vraiment ? L’écoute empathique avec les enfants

Il arrive fréquemment qu’un enfant exprime une émotion désagréable que nous estimons pour notre part insignifiante, inappropriée ou disproportionnée.

Cela peut par exemple arriver quand un enfant oublie son bâton au parc et qu’il se met à pleurer de tristesse en voulant y retourner à tout prix.

Nous autres adultes avons souvent tendance à dire que ce n’est rien, qu’il trouvera un autre bâton sur le chemin, que cela ne sert à rien de se mettre dans cet état pour un simple bâton, qu’il n’avait qu’à faire attention à ses affaires…

Dès lors, l’enfant ne se sent pas compris et son émotion de tristesse va grossir. Une autre émotion peut même surgir (la colère) face à l’incompréhension qu’il reçoit de la part des adultes qui sont pourtant supposés le soutenir et le comprendre.

La seule manière d’accompagner un enfant avec empathie est d’accueillir les émotions qui le traversent en les lui reflétant et en manifestant de la compréhension pour son monde intérieur. Quand un adulte se relie à ce que l’enfant vit, ce dernier voit son besoin d’empathie nourri et peut s’apaiser.

L’écoute empathique peut passer par le fait de :

  • reformuler ce que l’enfant vient de dire : “Oh mince, tu as oublié ton bâton !”
  • rejoindre l’imaginaire de l’enfant : “Et il était comment ce bâton ? Il avait des pouvoirs magiques ?/ Tu aurais fait quoi à la maison avec ? Oh oui, tout ça ! Je comprends que ça te rende si triste.”
  • faire parler l’enfant de ce qu’il pense : “C’était un bâton spécial. Il n’était pas comme les autres et tu l’aimais beaucoup/ Tu le voulais pour compléter ta collection de bâtons ?”
  • compatir à la tristesse : “C’est vrai que ça rend triste quand on perd quelque chose/ Tu es tellement triste , tu aurais tellement aimé ramener ce bâton”
  • donner le droit à l’expression émotionnelle : “Tu as envie de pleurer ? Tu as le droit de pleurer./ Tu veux un câlin ?”.

Très souvent, quand un enfant se sent entendu et compris dans ce genre de situation, il va décharger son émotion en pleurant et en la vivant jusqu’au bout (comme un mini deuil). Une fois l’émotion vécue et déchargée grâce à l’écoute empathique, il va pouvoir passer à autre chose.

L’écoute empathique n’est pas une baguette magique ou une solution miracle à toutes les situations difficiles rencontrées avec les enfants mais elle permet de dénouer un grand nombre de crises et de blocages.

L’écoute empathique peut s’apprendre. Nous ne l’avons pas apprise par imitation dans nos enfances respectives (puisque nous sommes très peu à avoir connu des parents à l’écoute de nos émotions). Nous pouvons en revanche choisir d’apprendre cette manière de communiquer en nous donnant le droit à l’erreur et en tâtonnant avec nos enfants.

L’écoute empathique peut être pratiquée à tout âge (avec des bébés… et des personnes âgées !).

Ecoute empathique et empathie pour soi vont de pair

L’auto empathie

L’écoute empathique de l’autre (et en particulier des enfants) est indissociable de l’apprentissage de l’auto empathie. Faire preuve d’auto empathie, c’est écouter ses propres émotions : quand mon enfant me dit qu’il veut retourner au parc pour chercher son bâton, qu’est-ce que ça me fait ? où est-ce que ça me touche ? comment je me sens ? qu’est-ce que je pense ? qu’est-ce que j’ai envie de faire ?

Les réponses à ces questions peuvent être diverses et variées (par exemple, de l’agacement à cause d’une question d’emploi du temps ou alors de la frustration parce que cette demande vient gâcher une bonne journée). On peut se dire à soi-même :  “Oui, c’est vrai, je suis épuisé.e, c’est dur, j’aurais tellement envie de rentrer tranquillement sans avoir à supporter une énième crise. Oui, c’est difficile d’être parent.”

Le fait de s’écouter soi-même permet d’apaiser l’énervement et de clarifier les besoins. Il est difficile d’être empathique quand on n’est pas disponible. C’est seulement une fois que nous sommes nous-mêmes au clair avec ce qui se passe en nous que nous pouvons nous relier à ce qui se passe chez l’enfant et mettre des mots dessus (répéter ce que l’enfant a dit, nommer l’émotion et lui donner le droit de l’éprouver).

Dans certains cas, l’écoute empathique peut être suivie d’une demande : “Moi, je suis d’accord pour que tu fasses ci ou ça. Mais ça m’embête de… Est-ce que tu serais d’accord pour… ?”. En général, un enfant qui s’est senti écouté et compris va accéder à nos demandes par souci de coopérer dans une relation de confiance et de respect mutuel. 

Trouver des sources d’empathie pour soi

Il est également utile de réfléchir à des ressources pour combler nos propres besoins d’empathie.

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Cela peut prendre diverses formes :

  • le ou la conjoint.e,
  • des membres de la famille,
  • des professionnels de la santé ou de l’éducation,
  • des groupes virtuels ,
  • des lieux ressources (type lieu d’accueil parents enfants),
  • des associations,
  • des ateliers de communication (type CNV, Gordon, Faber et Mazlish, Catherine Dumonteil Kremer…),
  • des collègues de travail.

Vider son vase émotionnel passe également par tous les moments où l’on prend soin de soi (détente, créativité, pratiques corporelles telles que le yoga…).

Pour aller plus loin : Prendre soin de soi : plus facile à dire qu’à faire… mais tellement nécessaire pour les parents !