Education bienveillante : réguler nos propres explosions émotionnelles et sur réactions face aux enfants

Education bienveillante

Il arrive fréquemment que des parents qui souhaitent s’orienter vers une éducation dite bienveillante ou positive se trouvent démunis face à leurs propres excès de violence, à des énervements ensuite regrettés, à des réactions excessives qu’ils voudraient pourtant éliminer dans leurs relations à leurs enfants.

Je vous propose quelques pistes pour réguler nos propres explosions émotionnelles et sur réactions face aux enfants.

Travailler les blessures du passé

Être convaincu par les valeurs de l’éducation bienveillante ne suffit pas toujours à changer les manières de faire au quotidien. Croire le contraire serait méconnaître les mécanismes de la mémoire traumatique. En effet, nous nous énervons d’autant plus que nos propres parents n’ont pas répondu dans le passé à nos émotions et nos besoins dans une situation similaire à celle présentée par l’enfant ici et maintenant. Nous revenons en contact avec la détresse vécue enfant car le comportement que nous jugeons “exaspérant” de l’enfant réveille notre propre histoire, nos propres blessures auxquelles nous aimerions échapper plutôt que les revivre.

Face aux émotions difficiles de nos enfants, la nature humaine devrait nous conduire à une sécrétion d’ocytocine, l’hormone du “prendre soin”. Or nous avons du mal à réagir avec empathie aux émotions difficiles de nos enfants parce que ces émotions activent notre circuit du stress plutôt que notre circuit du soin. Cela s’explique par le fait que, dans notre histoire, nous avons éprouvé de la peur et/ou de la honte du fait de la réaction punitive, répressive de nos propres parents quand nous étions nous-mêmes en proie à des émotions difficiles.

Si nous avions été accueillis dans nos émotions, accompagnés avec empathie par nos propres parents, nous serions naturellement dans un élan du “prendre soin” face aux émotions et comportements “difficiles” de nos enfants (pleurnicher, être insolent, réclamer, refuser de coopérer…).

En effet, les comportements sont de la communication et ont toujours une motivation positive. Nous pouvons alors réfléchir à plusieurs questions qui veut nous amener à plus de connexion (plutôt qu’à de la répression) :

  • pourquoi est-ce que je n’arrive pas à comprendre la motivation positive derrière le comportement de mon enfant ?
  • si j’avais ce comportement enfant moi-même, comment me reconnecter à ce que je ressentais à l’époque et à ce dont j’aurais eu besoin ? comment offrir ce que je n’ai pas reçu à mon enfant ?

Un travail sur les blessures de l’enfance et l’enfant intérieur peut être utile pour les parents qui se sentent sortir de leurs gonds sans comprendre pourquoi ils n’arrivent pas à mettre en pratiques les principes de l’éducation bienveillante/ positive.

Lutter contre le stress

Chez certaines personnes, le niveau de résistance au stress est faible parce que leurs parents ne leur ont pas donné de quoi apprendre à se calmer en cas de détresse émotionnelle à travers de la tendresse, de l’empathie, du respect et de la chaleur.

Il existe des méthodes pour augmenter la résistance au stress et se pacifier :

  • l’accueil mental de ce qui est ressenti dans le corps (les sensations, les contractions, où ça se passe dans le corps et comment ça fait),
  • la respiration en pleine conscience,
  • la méditation,
  • une alimentation saine, pauvre en sucres blancs raffinés,
  • un sommeil de qualité,
  • de l’auto empathie (être là pour soi-même, accueillir ses propres émotions avec un grand oui, s’accorder de la compréhension et de la gentillesse),
  • une activité plaisante, si possible manuelle et créative,
  • un contact régulier avec la nature,
  • de l’exercice physique.

Voici un petit tableau avec des techniques de retour au calme quand on se sent sur réagir avec les enfants (à afficher sur le frigo par exemple). En tant que parents, nous sommes souvent pris par le temps et il est envisageable de pratiquer certaines de ces activités avec les enfants.

réguler stress parents

 

Par ailleurs, quand c’est possible, passer le relais (au ou à la conjoint.e, à la famille, à des amis, à un.e baby sitter…) peut éviter des passages à l’acte potentiellement violents.

 

Déclencher de la sécrétion d’ocytocine 

L’amour n’est pas une récompense mais un carburant. – Isabelle Filliozat

L’ocytocine est l’hormone qui permet aux êtres humains d’avoir de l’empathie, d’aimer. Elles nous déstresse et nous donne confiance : sans confiance en l’autre, l’amour et l’amitié sont impossibles. L’ocytocine joue un rôle essentiel dans toutes les relations humaines.

Déclencher de la sécrétion d’ocytocine à travers des moments tendres participe à faire baisser le niveau de stress et permet d’éviter de sur réagir face aux enfants.

Cela peut passer par le fait de :

  • trouver du soutien moral/ verbal auprès de quelqu’un (famille, ami, communauté, thérapeute, association…)
  • se faire des câlins (avec les enfants, le ou la conjoint.e…)
  • activer la ronron thérapie (ou les caresses avec tout animal)
  • imaginer l’enfant “difficile” comme un tout petit bébé afin de changer l’image de l’enfant exaspéré en celle d’un tout petit dépendant et si fragile

Un contact physique permet la sécrétion d’ocytocine au bout de 7 secondes.

Raisonner en termes de besoins, d’attachement et de développement chez l’enfant

Les besoins des enfants

Chacune de nos actions (enfants et adultes) est motivée par une intention positive : celle de nourrir des besoins fondamentaux non satisfaits.

Tous les humains ont les mêmes besoins, à ne pas confondre avec les stratégies qui sont les actes que nous effectuons pour satisfaire un besoin fondamental (par exemple, certaines personnes vont satisfaire leur besoin de repos en se couchant plus tôt et d’autres en faisant une sieste).

Émotions et besoins vont de paire. Les émotions émergent pour attirer l’attention sur un besoin non satisfait.  L’éducation émotionnelle implique de trouver le besoin non satisfait qui se cache derrière une émotion car les besoins sont la vie qui cherche une expression !

Apprendre à raisonner en termes de besoins

 

L’attachement

L’image du réservoir affectif illustre l’attachement des enfants aux parents. Ce réservoir d’amour est à remplir chaque fois qu’il se vide. La figure primaire d’attachement de l’enfant (en général la mère) est la station d’essence auprès de laquelle l’enfant a besoin de s’approvisionner. C’est auprès d’elle qu’il revient entre deux excursions dans le monde extérieur.

Le réservoir de l’enfant est vidé par la faim, la fatigue, l’isolement, la séparation, le stress, les disputes, des blessures, des écorchures…

Le réservoir de l’enfant est vidé par la faim, la fatigue, l’isolement, la séparation, le stress, les disputes, des blessures, des écorchures… Et une personne dont le réservoir affectif est vide aura tendance à être plus sensible, à chercher de l’affection et de l’attention par des moyens plus ou moins efficaces, à être plus irritable, moins coopérative. Ainsi, porter un bébé, répondre à ses pleurs n’est pas le rendre capricieux : c’est répondre à son besoin d’attachement. De même, consoler un enfant, faire preuve d’empathie n’est pas en faire un futur tyran, c’est participer à la construction de sa sécurité affective.

 

Le développement de l’enfant

Un enfant ne comprend peut-être pas une consigne car son cerveau n’est pas assez développé pour en comprendre le sens. Ou alors il ne peut pas respecter une règle car son développement moteur ne le permet pas. Ou encore il se met à mentir car il est entré dans l’âge de l’imaginaire.

Voici quelques repères qui nous aideront à comprendre les étapes du développement des enfants (inspirés par les livres d’Isabelle Filliozat ) :

  • de 12 mois à 5 ans

étapes développement enfant 1 à 5 ans

  • de 6 à 11 ans

étapes développement enfant 6 à 11 ans

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Pour aller plus loin :Il n’y a pas de parent parfait: Apprenez à vous détacher des schémas familiaux révolus de Isabelle Filliozat (éditions Poche Marabout)