La participation aux tâches ménagères soutient l’épanouissement des enfants.

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Réussir n’est pas ce qu’on croit : réussir n’est pas avoir de bonnes notes ou entrer dans une bonne école; c’est avoir les ressources internes nécessaires pour se réaliser, nous dit Julie Lythcott-Haims dans sa conférence TedX “Comment élever des enfants heureux sans les surprotéger”.

Tous les parents disent ne vouloir que le bonheur de leurs enfants mais, quand ils rentrent de l’école, nous commençons trop souvent par nous enquérir de leurs devoirs et de leurs notes. Nous nous comportons comme si nous croyions qu’ils n’auront pas de futur s’ils n’entrent pas dans les meilleurs lycées ou s’ils ne font pas d’études supérieures.

Le risque majeur est que nos enfants pensent que leur valeur vient de leurs notes scolaires ou de leurs résultats lors de compétitions sportives.

Par ailleurs, quand nous nous substituons à nos enfants (pour faire leurs devoirs par exemple ou quand nous les déchargeons des tâches domestiques familiales), nous privons nos enfants de la chance de développer leur auto-efficacité. Nous avons tendance à tellement investir les notes que nous déchargeons les enfants et adolescents de la participation à la vie du foyer pour qu’ils aient plus de temps à consacrer à leurs devoirs ou autres activités qui soutiennent les apprentissages. Pourtant, l’auto-efficacité se construit quand leurs actions mènent à un résultat, pas les actions des parents pour leurs enfants, mais leurs propres actions à eux.

De plus, les besoins essentiels de l’être humain sont l’appartenance à un groupe et le sentiment de son importance et son utilité. Les enfants ont besoin de sentir qu’ils sont à la hauteur, que leur contribution personnelle a de l’importance, que leur présence est désirée et qu’ils ont une place dans leur famille, leur école, la société. On pourra se poser cette question pour nous guider au quotidien : comment aider l’enfant à ressentir de l’appartenance et de l’importance ? La contribution au bon fonctionnement du foyer familial répond en partie à cette interrogation.

Lire aussi : Pour des relations familiales coopératives : envisager la famille comme une équipe dans laquelle les enfants ont un rôle plein et entier

 

C’est délétère de prioriser les notes en déchargeant les enfants d’une contribution au fonctionnement du foyer familial. 

Pour que les enfants développent leur auto-efficacité, ils doivent beaucoup plus penser, prévoir, décider, faire, espérer, gérer, essayer, échouer, rêver et expérimenter la vie pour eux-mêmes.

Ce que je dis c’est que nos enfants n’ont pas besoin que nous soyons obsédés par leurs notes mais que nous soyons intéressés par le fait que leur enfance leur fournisse une base pour réussir, bâtie à partir de choses telles que l’amour et les tâches ménagères. – Julie Lythcott-Haims

Le fait de participer aux tâches domestiques de la famille contribue à forger une mentalité où on se remonte les manches, une mentalité où les efforts faits ensemble bénéficient à tous, où on se demande comment aider.

Le fait d’engager les enfants dans des tâches qui contribuent au bon fonctionnement de la famille (ménage, rangement, repas…) développe leur sens de la responsabilité et leur apprend à faire des choses même quand ils n’en ont pas envie. De plus, l’autonomie des enfants pour alléger notre propre charge mentale de parents. Cette autonomie ne se décrète pas et se construit pas à pas, dans le respect des capacités et du rythme de l’enfant. Faire des choses à la place des enfants alors qu’ils en sont capables (pour aller plus vite, pour se sentir utiles en tant que parents…), c’est les infantiliser et les empêcher de développer leur confiance en eux et leur sens de la responsabilité (individuelle et collective).

Je peux vous livre deux anecdotes personnelles à ce sujet : concernant mon enfance et ma fille.

Pour ma part, mes parents étaient viticulteurs et je me souviens avoir toujours participé aux vendanges dans mon enfance et mon adolescence. Mes parents avaient bien compris que je n’aimais pas aller dans les vignes alors j’avais le « droit » de rester en cuisine… je me rappelle bien les soirées de septembre passées à laver à la main les 40 couverts des vendangeurs, avant de mettre la table du petit déjeuner du lendemain pour ces 40 mêmes personnes ! C’est d’ailleurs assez drôle parce que j’ai passé quelques jours chez mon père pendant les dernières vacances avec ma fille et il se trouve que mon frère et mon père devaient étiqueter des bouteilles et les mettre en cartons pour une grosse commande. Je disais à mon frère que cela me rappelait les mercredis et samedis après midis passés à mettre des bouteilles sur l’étiqueteuse pour aider nos parents et que ce n’était pas forcément de bons souvenirs… au même moment, ma fille courait de partout pour les aider, pour ranger les bouteilles, pour pousser les cartons sur la chaîne, pour ramasser des étiquettes ou des capsules tombées par terre 🙂 !

En ce qui concerne ma fille, je l’ai toujours invitée à m’aider mais sans jamais la forcer (il est vrai que nous ne sommes que toutes les deux et que la masse des tâches ménagères n’est pas insurmontable pour moi… si nous avions été une famille plus nombreuse, j’aurais peut-être cherché une solution pour mieux répartir les tâches). C’est à partir de ses 7 ans que je me suis rendue compte qu’elle était plus entreprenante, qu’elle effectuait certaines tâches sans que j’ai besoin de le lui demander, qu’elle était plus encline à m’aider (par exemple à ramasser et plier le linge). Auparavant, elle m’aidait seulement ponctuellement et faisait avec moi (pas en autonomie) en terminant rarement une tâche qu’elle avait commencée. Je me souviens d’une anecdote où j’avais sorti des carottes pour faire une soupe et elle m’a dit : “Non maman, c’est moi qui les épluche”. Effectivement, elle a épluché le kilo de carottes et les a coupées en rondelles pour les mettre dans la casserole. Elle a su se servir du four en autonomie vers ses 7 ans également : quand le timer sonnait, elle prenait les maniques et sortait elle-même les plats chauds.

Quelques repères d’âge pour les tâches de la maison :

  • À partir de 2 ans : jeter des papiers, des peaux de banane à la poubelle, ranger les chaussures à leur place, mettre les vêtements sales dans le panier, etc.
  • À partir de 4 ans : s’habiller seul, aider à mettre le couvert, ranger ses livres et jouets, plier les serviettes de bain, trier les chaussettes, etc.
  • À partir de 6 ans : passer l’éponge sur la table, vider le lave-vaisselle, descendre le panier de linge sale à la buanderie, vider le sèche-linge, porter un sac de courses, ranger sa chambre, ôter ses draps sales, ranger ses vêtements propres dans ses tiroirs, etc.

Là encore, je crois que donner l’exemple avec entrain (c’est la fameuse question de Thomas d’Ansembourg : “Notre façon d’être adulte fait-elle sens et donne-t-elle envie à nos jeunes ?”), faire confiance (dès le plus jeune âge) et inviter à la coopération plutôt que menacer, punir ou récompenser est efficace à long terme pour le développement du sens de la responsabilité individuelle des enfants.

>>>Pour aller plus loin : 

Comment doser notre aide pour aider utilement les enfants ?

6 astuces pour demander de l’aide aux enfants