Comment atténuer la jalousie et les conflits entre frères et soeurs ?

conflits entre frères et soeurs

Voici quelques pistes bienveillantes pour atténuer la rivalité qui oppose frères et soeurs d’après Anaëlle Sanzey, animatrice d’ateliers de communication parents/ enfants Faber et Mazlish (voir la vidéo dont je me suis inspirée ici).

Qu’est-ce que la jalousie ?

La jalousie est une émotion secondaire : elle découle de la peur. L’émotion première à écouter et à accueillir est donc la peur : la peur de perdre l’attention et l’amour des parents, de perdre sa place et son importance dans la famille.

L’émotion de peur de l’enfant est générée par des besoins inassouvis : les besoins d’importance et d’appartenance. Ces besoins inassouvis demandent donc à être comblés par les parents.

La jalousie et la peur que ressent l’enfant est sa réalité : il a une bonne raison de se sentir ainsi. Il est alors inutile de lui dire que cette jalousie est anormale ou injustifiée.

jalousie entre frères et soeurs

L’envie est différente de la jalousie : la jalousie nécessite un besoin inassouvi à combler par les parents alors que l’envie peut être écoutée mais pas forcément comblée. L’envie n’est pas à bannir à tout prix pour autant : l’envie est le moteur pour se fixer des objectifs, pour surmonter des difficultés et se donner les moyens d’obtenir ce que l’on souhaite.

En tant que parents, on peut en revanche guider les enfants sur la manière de gérer leurs frustrations. Le plus efficace est de reconnaître ce qu’ils vivent intérieurement : “ça doit être difficile pour toi de…”, “tu aurais préféré avoir tes parents pour toi tout seul ?”…

 3 pistes pour atténuer la rivalité et la jalousie entre frères et soeurs

Anaëlle Sanzey donne 3 pistes :

1. Eviter les comparaisons et les injustices

Catherine Dumonteil-Kremer écrit que l’enfant est unique et a besoin d’être reconnu dans ce qui lui est personnel. Or la comparaison va à l’encontre de ce besoin : elle met les enfants en compétition pour l’attention de leurs parents, elle les pousse à s’éloigner de ce qu’ils sont vraiment pour obtenir leurs approbation et leur amour.

2. Offrir du temps de qualité individuel à chaque enfant

Pendant ces temps, on ne revient pas sur les comportements désagréables ou les conflits. Ces “zones sans conflits” servent à nourrir la relation. Elles pourront être d’autant plus nécessaires avec les aînés : donner de l’attention chaleureuse à l’aîné (un temps de jeu en tête en tête, un moment de discussion…) permet de combler le besoin de l’enfant d’être désiré, admiré et aimé par ses parents. Il y a un jeu que j’aime bien : c’est le jeu de l’oeuf d’amour du Dr Lawrence Cohen.

Installez l’enfant sur vos genoux et annoncez lui que vous allez le remplir d’amour de papa et/ou de maman. Commencez par tapoter les orteils, remontez tous le long du corps et finissez par un bisou sur le sommet de la tête. Vous pourrez même ajouter « l’œuf d’amour. » Faites semblant de casser un oeuf sur la tête de votre enfant puis suivez le mouvement de l’oeuf qui coule avec vos doigts.

Le message à faire passer à l’enfant est : je t’aime pour ce que tu es, je prends du temps pour toi.

3. Arrêter de vouloir toujours donner la même chose à tous les enfants.

On ne peut répondre avec justesse aux besoins de chacun en voulant donner la même chose à tous.
besoin fratrie

Extrait de Jalousies et rivalités entre frères et soeurs – Comment venir à bout des conflits entre vos enfants de Faber et Mazlish

Quelle est l’influence des étiquettes ? 

Les étiquettes (même positive et empreintes d’admiration comme “c’est le sportif de la famille”, “on a un musicien dans la famille”) peuvent avoir deux effets contre productifs qui engendrent jalousie et découragement :

  • elles enferment l’enfant en question qui sera alors comme “coincé” dans le rôle qui lui est attribué et qui sentira la pression, le non droit à l’échec qui risquerait de décevoir sa famille
  • elles empêchent les autres enfants de la fratrie de s’aventurer dans le domaine “réservé”. Ils n’oseront prendre aucun risque dans ce domaine là.

Il y a autant de places de musiciens, de sportifs, d’intellectuels… qu’il y a d’enfants dans la famille. Chacun doit avoir la possibilité et l’espace d’en faire l’expérience.

Comment mieux vivre tous ensemble et diminuer l’agressivité dans la famille ? 

Les parents sont les meilleurs exemples

En tant que parents, nous gagnerions à nous poser la question suivante : qu’est-ce que je transmets à mon enfant sur les bonnes façons de réagir ?

Nous pouvons nous observer nous-mêmes :

  • comment protégeons-nous nos objets et nos propriétés ?
  • comment communiquons-nous nos besoins et nos limites ?
  • est-ce que nous crions ou tapons ?

jalousie frères et soeurs

Voici 3 articles pour vous y aider :

12 outils et conseils pratiques pour éduquer avec bienveillance

Parents : comment accueillir notre colère sans céder à la violence ?

8 pistes pour moins crier sur les enfants

Les parents comme médiateurs (plutôt que juges ou arbitres)

En règle général, quand il y a jalousie dans la fratrie, il y a disputes qui dégénèrent parfois en bagarres. Voici 3 étapes pour se positionner comme un médiateur qui va aider les enfants à utiliser les conflits de manière constructive :

1. Accueillir les sentiments de chaque enfant sans les sermonner ni les raisonner.

Ce temps d’écoute des émotions permet d’exprimer une partie de la colère, de la tristesse ou de la peur à la source du conflit. Quand la tension est relâchée, la processus de résolution est moins chargée émotionnellement, moins parasitée par les émotions et donc plus claire.

2. Reformuler les sentiments et les attentes de chaque enfant afin de fluidifier la communication entre les protagonistes.

Ce processus demande aux enfants de se mettre à l’écoute des autres sans l’interrompre : cette compétence nécessite du temps pour l’acquérir et la vigilance du parent pour la faire respecter.

Les besoins de chacun seront alors identifiés et ils constitueront la base pour trouver une solution.

3. Les accompagner dans la recherche d’une solution acceptable pour tous, une solution “gagnants-gagnants”.

Les enfants pourront ainsi comprendre qu’il existe toujours une ou plusieurs solutions face à des situations qu’ils estiment pourtant bloquées. La solution doit tenir compte de tous, concilier les intérêts de chacun sans attendre qu’un des protagonistes se sacrifie. Cela peut prendre un certain temps mais c’est très satisfaisant de trouver des solutions ensemble et de se sentir reliés les uns aux autres.

Cette dernière étapes pourra passer par un brainstorming pendant lequel chacun trouve des solutions (même si elles sont fantaisistes) puis par l’élimination des solutions inacceptables par les différentes parties. Il restera alors à choisir une solution parmi celles qui restent ou à trouver un compromis.

Une part de positif dans les conflits ? 

Les disputes entre enfants peuvent avoir du bon car elles représentent une occasion d’observation très riche pour les parents : c’est dans la colère et les disputes qu’on triche le moins, qu’on se révèle.

L’absence de disputes n’est pas forcément une garantie de bonne entente ou de bonne santé mentale : ne pas oser s’affirmer, ne pas oser défendre ses limites, c’est se taire et se nier soi-même.

D’où la nécessite d’apprendre à “bien se disputer” :-).

Plus de ressources sur ce sujet : Se connecter dans les conflits : 3 qualités à encourager chez les enfants pour « apprendre à se disputer »

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Pour aller plus loin, je vous conseille le livre Frères et soeurs sans rivalité de Faber et Mazlish (aux éditions du Phare).

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