8 pistes pour moins crier sur les enfants

moins crier sur ses enfants

Crier peut devenir une réaction automatique si on n’y prend pas garde. On peut avoir l’impression que le fait de crier est le seul moyen de se faire entendre des enfants ou de se faire prendre au sérieux.

Les cris peuvent (parfois) être utiles sur le coup pour se faire “obéir”… mais les cris sont à la fois inefficaces et nocifs sur le long terme. Inefficaces parce que si nous avons besoin de crier tous les jours ou presque, c’est bien que nous n’arrivons pas à nous faire entendre. Nocifs parce que l’éducation par la peur est source de stress pour l’enfant. Nocifs également pour les parents qui s’épuisent et qui peuvent en venir à culpabiliser de cette atmosphère familiale pesante.

Par ailleurs, les cris sont perçus par le cerveau de l’enfant comme des signaux de menace à venir. Quand le cerveau est en état d’alerte, 3 réactions s’offrent à lui :

  • fuir (l’enfant part s’enfermer dans une autre pièce ou court se cacher où il peut)
  • combattre (l’enfant répond, crie à son tour)
  • se figer (l’enfant est paralysé, regarde dans le vide)

Dans ces 3 cas, les enfants sont malheureusement plus concentrés sur leur préservation et leur protection que sur ce que nous pouvons bien dire. Ils feront ce que leur cerveau leur dicte pour se protéger du danger éventuel. Nos messages et nos demandes (de prévention, d’expression d’un besoin, d’exaspération, de mise en sécurité des enfants, d’hygiène…) se perdent en cours de route et la communication est coupée.

j'en ai marre de crier

Nous pensons que le fait de crier est un moyen d’exercer du contrôle mais, si on y réfléchit bien, nous avons tendance à crier quand nous sommes justement hors de nous, hors de contrôle. Nous ne pouvons décemment pas attendre de nos enfants qu’ils restent maîtres d’eux mêmes si nous sommes nous mêmes incapables de contrôler nos impulsions destructrices.

Voici 8 pistes pour essayer de crier moins afin de se connecter plus :

 

1) Penser à la situation qui génère le plus de tension entre nous et nos enfants.

Peut-être que pour certains parents, ce sera quand les enfants refusent de faire quelque chose (se brosser les dents, s’habiller pour aller à l’école…). Pour d’autres, c’est quand ils répondent, quand ils renversent quelque chose ou encore quand ils se chamaillent entre frères et sœurs.

 

2) Remarquer les émotions et sentiments qui affluent en nous : colère ? irritation ? frustration ? impuissance ? découragement ?

 

3) Prendre le temps d’identifier nos pensées :

“J’y crois pas, il a encore fait ça !”

“Comment elle ose me répondre comme ça !”

“Quel enfant pourri gâté ! “

“Pour qui il se prend !”

“J’en peux plus/ Ils me fatiguent”

“C’est toujours comme ça/ Impossible d’avoir 5 minutes de calme” 

“Ils n’écoutent rien de ce que je leur dis”

“Il me cherche/ il me teste”

“Elle me pousse à bout”

“Ils vont voir qui commande dans cette maison”

 

4) Abandonner les pensées négatives (les enfants ont besoin d’être redressés/ matés), jugeantes (il est infernal/ elle est trop gâtée), enfermantes (ça ne changera donc jamais) et définitives (toujours/ jamais…) et les remplacer par des pensées positives :

“Mon enfant est en train d’apprendre”

“Mon enfant ne s’est pas levé ce matin pour me rendre fou /folle”

“Je peux apprendre à mon enfant à parler de manière respectueuse. C’est mon devoir de parent et c’est à moi de donner l’exemple”

“Je peux m’en sortir avec calme et respect”

“J’ai besoin de me connecter avec mon enfant avec de le rediriger”

 

5) Prendre un moment de pause si les émotions et pensées violentes nous submergent puis trouver quelque chose qui puisse nous calmer :

  • respirer (inspirer en comptant jusqu’à 3 et expirer en comptant jusqu’à 6; se concentrer sur l’air qui entre dans les narines, sur le ventre qui gonfle, sur le ventre qui se dégonfle et sur l’air qui sort des narines; souffler sur un bol brûlant imaginaire…)
  • pratiquer la pleine conscience (voir ici)
  • compter jusqu’à 10 mentalement
  • décontracter la mâchoire et se caresser les lèvres doucement
  • rouler une feuille de papier en boule
  • sautiller

 

6) Faire savoir aux enfants qu’on a pris la décision de moins crier. Cela peut passer par des mots comme :

“Je sais que j’ai tendance à beaucoup trop crier, je m’emporte vite. Je sais que ce n’est pas agréable pour vous et ça ne l’est pas pour moi non plus.

Je vous aime et ce n’est pas correct de ma part de vous crier dessus.

J’ai pris des décisions pour moins crier : peut-être que vous me verrez prendre de grandes respirations ou sautiller quand je me sens énervé(e).

Je crie quand je suis trop énervé(e) et que je n’arrive plus à le dire avec des mots respectueux. C’est ma responsabilité de m’occuper de vous et de moi dans le calme.

Cela va sûrement prendre du temps de changer mes habitudes et j’apprécierai qu’on se mette d’accord sur un signal qu’on utiliserait quand je perds patience. Ce signal pourrait m’aider à penser à une autre manière de réagir pour exprimer mon mécontentement.”

 

De cette manière, on invite les enfants à coopérer et à s’entendre sur une phrase ou un signal non verbal qu’ils feront quand ils sentent qu’on commence à hausser trop le ton ou à leur faire peur (la main sur le cœur, un doigt sur les lèvres, un bisou envoyé..). Ce geste servira de rappel à faire une pause et à penser à une autre manière de s’adresser aux enfants.

Pour apprendre à exprimer son mécontentement sans crier, je vous invite à lire cet article : 3 piliers d’une communication parents/ enfants efficaces. 

 

7) Il arrivera probablement que nous craquions à un moment ou à un autre. Il sera bénéfique pour la relation que nous entretenons avec nos enfants de le reconnaître et de s’excuser (sans oublier de demander aux enfants comment ils se sentent afin qu’ils expriment leurs propres émotions difficiles). On pourra s’exprimer en message-je et dire aux enfants qu’on fera différemment la prochaine fois. Par exemple,

“Je vous ai crié dessus et ce n’est pas correct. Je m’en excuse car je sais que ce n’est pas agréable de se faire crier dessus. La prochaine fois, je vais plutôt prendre une bonne respiration et compter jusqu’à 10 dans ma tête avant de vous dire ce que j’attends de vous.” 

Si la cause des cris est un comportement persistant de la part des enfants, on peut convoquer une réunion de résolution de conflit :

“Nous avons un problème récurrent. J’aimerais qu’on y réfléchisse ensemble pour trouver une solution qui convienne à tout le monde. Que pensez-vous de nous réunir après le dîner ce soir et prendre 30 minutes pour y réfléchir à tête reposée ?”

Voir ici comment favoriser l’adhésion des enfants aux règles de la vie collective.

 

8)  C’est seulement la pratique (et beaucoup de pratique) qui arrivera à changer nos habitudes. Éduquer est un processus qui s’inscrit dans le temps et nous devons prendre le temps d’incarner nos apprentissages. Nous apprenons de nouvelles compétences en même que nos enfants :-).

La bienveillance envers soi est une clé pour cheminer sur le chemin de l’éducation bienveillante.

 

D’autres pistes pour moins crier sur les enfants :

– Utiliser l’humour – lire

– Utiliser l’imagination – lire

– Lâcher prise sur ce qui n’est pas essentiel – lire

– Reconnaître et accueillir notre colère sans céder à la violence – lire

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Un conseil lecture :  S’occuper de soi et de ses enfants dans le calme de Sarah Napthali (éditions Payot)