3 jeux pour initier les enfants à l’intensité des émotions (améliorer la conscience des sensations et enrichir le vocabulaire)

1.Développer le vocabulaire

On peut attirer l’attention des enfants sur le fait qu’une même émotion n’a pas toujours la même intensité. Être en colère n’est pas pareil que de ressentir de l’inconfort, de l’énervement ni non plus que de ressentir de la rage ou de la fureur. On peut proposer aux enfants d‘enrichir leur vocabulaire des émotions sous forme de jeux (en consacrant une session par émotion).

On leur proposera une petite liste de mots (noms ou adjectifs) qui qualifient l’intensité d’une émotion primaire : colère, tristesse, peur, joie, dégoût, surprise, honte. Selon l’âge des enfants, on introduit plus ou moins de mots qualifiant l’intensité des émotions. On pourra les introduire par deux afin de faciliter les comparaisons et la compréhension de la différence de signification entre les mots (en choisissant un mot à intensité basse et un autre à intensité haute). On pourra s’appuyer sur ce tableau de noms (non exhaustif) :

vocabulaire des émotions

En introduisant un mot, on pourra le placer dans un contexte (une petite situation inventée, une situation vécue par nous-même, une situation vécue au sein du groupe des enfants, une référence à une histoire connue par tous les enfants…).

On pourra demander aux enfants si certains d’entre eux connaissaient déjà la signification de ces mots, s’ils ont déjà ressenti les émotions liées à ces mots dans une situation, comment ça s’est passé pour eux à l’intérieur (les sensations dans leur corps, leurs pensées) et à l’extérieur (les mimiques du visage, les mouvements, les mots prononcés, les actions), quelle différence ils perçoivent entre les différents mots introduits.

Une fois ce tour de table effectué, on peut demander aux enfants s’ils connaissent d’autres mots qui qualifient l’émotion en question et quelle intensité ils y associent. On pourra alors noter les mots proposés sur une sorte de frise qui figure l’intensité des émotions. Voici un exemple avec la colère :

tableau vocabulaire colère

2.Mimer les émotions

Une fois le premier jeu effectué, on peut proposer des mimes aux enfants. On donnera une consigne aux enfants en s’appuyant sur l’intensité des émotions primaires sans nommer les mots vus auparavant (par exemple, grosse colère/ moyenne colère/ petite colère).

Avec ces consignes (“mimez une petite, moyenne, grosse peur/ tristesse/ colère/ joie/ surprise”), les enfants sont donc invités à mimer les différentes intensités des émotions primaires.

Entre chaque consigne, on demandera aux enfants comment qualifier cette émotion avec un des mots appris dans le premier jeu. On pourra également leur demander ce qui les fait dire cela : quelles ont été les sensations éprouvées dans le corps lors du mime ? quelles ont été les pensées dans la tête ? quels ont été les mouvements faits, les mimiques du visage ?

3.Classer les émotions

On attribuera un mot (adjectif ou nom vu dans le premier jeu) qualifiant une émotion primaire à certains enfants dans le groupe. Les enfants seront invités à se classer par ordre d’intensité selon les mots qui leur ont été attribués (par exemple, déçu/ seul/ accablé).

 

Dans tous ces jeux, il ne s’agit pas d’être dans le correct ou l’incorrect mais dans la compréhension que les émotions sont plus ou moins intenses selon les situations vécues et que les mots employés pour qualifier les états émotionnels sont porteurs de sens pour soi-même et pour les autres. Ces jeux sont riches pour des échanges entre enfants sur la manière dont ils perçoivent les émotions et au sens, à la valeur qu’ils attribuent aux mots pour les exprimer.

On restera disponible et bienveillant pour répondre aux questions des enfants sans leur imposer une bonne réponse : c’est OK de ressentir que le rejet est plus fort que l’abandon, c’est également OK de ressentir une même intensité pour deux mots ou plus (par exemple, étonnement et surprise), et c’est aussi OK de ne pas être d’accord entre plusieurs personnes parce que chacun a son ressenti à l’intérieur et son propre vécu.