L’auto louange : un puissant outil d’estime de soi

auto louange

Pourquoi l’auto louange ?

Nous sommes des êtres de mots et l’auto louange nous reconnecte à nous par l’intermédiaire des mots. L’auto louange (ou kasala) peut être résumée simplement en quelques mots : il s’agit d’écrire un texte en “je” avec amplification, sans mensonge mais avec des mots grandioses.

Pourtant, Marie Milis (professeure de mathématique en Belgique qui pratique l’auto louange avec des élèves en difficulté scolaire) écrit dans son livre Exercices pratiques d’autolouanges :

Notre éducation et ses soucis de performance et de conformité nous tiennent la plupart du temps à bonne distance de ce jaillissement dont la perception semble réservée aux artistes.

Loin du narcissisme ou de l’auto promotion marketing, l’art de l’auto louange place l’intime dans le collectif avec respect, beauté, émerveillement et solidarité. Pour Marie Milis, c’est un art guérisseur qui donne à voir la vie dans tous ses états. Il n’y est pas question de sélectionner seulement les aspects positifs de la vie, des réussites, de la personnalité pour un texte de pensée positive ou de dérivé de méthode Coué. Il s’agit plutôt d’accueillir la vie dans tous ses états, comme elle est avec ses joies et ses souffrances, ses réussites et ses échecs. L’auto louange réconcilie avec soi-même.

Tout accueillir. Tout amplifier. Tout contempler.

Ecrire son auto louange, quel que soit son âge, n’est ni arrogant, ni égoïste ni une technique de pensée positive magique. Il s’agir d’être à l’écoute d’un fil d’écriture qui se tisse en nous. Pratiquer l’auto louange stimule l’estime de soi et reconnecte chacun à son élan vital. L’auto louange se fait toujours en lien avec ce qui est vivant et humain chez les autres. Quand on donne voix à ce qu’on est, on reconnaît dans le même temps cette dignité chez les autres.

pratiquer auto louange

Source : Exercices pratiques d’autolouanges de Marie Milis (éditions Payot)

Par ailleurs, à l’image des peuples à l’origine de l’auto louange, cette démarche relie aux ancêtres. Elle nous relie avec force et dignité aux origines du monde. L’auto louange est un chant de mémoire. Honorer le passé comme tremplin donne la force d’oser l’aventure du changement

Tous ceux qui m’ont précédé.e ont parié sur la vie et ont accueilli ce cadeau porteur de ma présence potentielle.

L’auto louange, pratique millénaire et universelle, est particulièrement utile en temps de crise. Lorsque les repères vacillent, l’humain se trouve devant un lendemain au goût d’inconnu. La métaphore est alors un pont ancré dans le passé et jeté vers un futur à inventer, nous dit Marie Milis.

Pratiquer régulièrement, écrire des auto louanges en s’octroyant le droit d’amplifier tout ce qui se présente, c’est comme “malaxer” son âme et reprogrammer pour la vie ce que nous avons bloqué dans la crainte ou la souffrance.

Comment pratiquer l’auto louange ? 

Faire son auto louange, c’est contacter par des mots sa grandeur, sa force, sa lumière, l’essence même de qui on est.

L’auto louange nécessite un lâcher prise avec le mental, une écriture libre dégagée de toute consigne si ce n’est cinq :

  • écrire à la première personne du singulier : JE (quitter la position d’observateur, de juge, pour devenir participant et développer son “auteur-ité”)

  • utiliser des métaphores et des amplifications : pas question d’être timide ou de faire preuve de fausse modestie, d’auto censure !

Grâce à l’amplification, nous abandonnons l’habitude rationnelle du contrôle et accueillons des images, des métaphores qui nous habillent et disent ce qui nous habite. Elles parviennent à traduire en mots ce qui vient à l’âme et que j’accueille.

Cela peut passer par des métaphores (“je suis le paon qui affiche sa splendeur en développant une roue chatoyante”, “la richesse de mon monde intérieur est égale à l’univers”, “je suis belle à vivre”), des comparaisons avec des personnes célèbres ou héroïques (je suis Maria Callas ou Pavarotti quand je chante sous la douche), des liens avec la lignée (parents, aïeux, nature, univers…). L’amplification est garante de discrétion. Ainsi, quand je m’identifie à Maria Callas ou Pavarotti, nul ne sait où placer un curseur objectif dans cette comparaison.

  • bien qu’amplifié, tout doit être vrai : le mensonge avéré est interdit, l’ironie n’a pas sa place.

  • aborder tous les aspects de la vie, sans négliger les difficultés et les aspects sombres.

Le terme de louange peut faire penser qu’on ne traitera que le positif mais elle consiste plutôt à donner voix à ce qui nous habite. Les difficultés de la vie peuvent être amplifiées : “je suis le noir abyssal, le coffre fort dont on a perdu la clé” et il est possible d’écrire sur un blocage : “je suis l’imprimeur des mots illisibles et des encres évanescentes”, “je suis le peintre sans couleur”.

  • la déclamation devant un public sincère et non jugeant : l’auto louange est de l’ordre de la sincérité et du don, elle a une dimension collective.

La proclamation est un rite. Il ne s’agit pas de lire son texte en timide ou à grande vitesse. La proclamation est comme une révélation. Proclamer, c’est être dans ce que l’on dit, être là où le texte est né, dire et entendre cellulairement e pas seulement du bout des lèvres.

L’écriture d’une auto louange demande une attitude d’accueil et de disponibilité. Sa proclamation-révélation crée une écoute au moins respectueuse, au mieux de l’ordre du sacré.

De plus, Marie Milis invite à lire et relire le texte pour soi, à haute voix. Chaque lecture révèle de plus en plus le sens. C’est dans la relecture qu’on prend toute la mesure des émotions convoyées par les mots, relire une phrase où s’opère le passage de l’ombre à la lumière permet d’expérimenter le retournement.

L’auto louange n’a aucune visée (littéraire ou thérapeutique).

Dans son livre  Exercices pratiques d’autolouanges, Marie Milis propose des approches qui permettent d’écrire des morceaux d’une épopée personnelle. Pour ensuite proclamer sa propre auto louange, il faudra rassembler ces morceaux en une longue proclamation qui aborde les différentes facettes du “je” et tous ses liens.

Pourtant, elle prévient que chaque personne et chaque texte est unique. A chacun et chacune de se faire confiance : certains démarreront mieux à partir des seules consignes et liront éventuellement les exemples après avoir écrit leur propre texte, d’autres liront au hasard quelques exemples pour sentir ce qui est proposé avant de se lancer, d’autres encore auront besoin d’exercices balisés et progressifs avant de se lancer de tout leur être.

Exercices pratiques d’autolouanges de Marie Milis (éditions Payot)

L’auto louange à l’école

Les bénéfices de l’auto louange à l’école

L’auto louange est une tradition orale millénaire qui a existé pratiquement partout. Cette pratique invite à parler de soi de manière vraie en utilisant “je” : c’est l’expression authentique de qui je suis. L’auto louange est un puissant outil de stimulation de l’estime personnelle et de la confiance en soi, ce n’est pas un outil de stimulation de l’ego ou de fabrication de personnes narcissiques

Faire son auto louange, c’est dire Je, un Je qui se dépasse et qui prend de l’ampleur. L’auto louange permet d’exister dans la plénitude de ce que nous sommes… et les jeunes demandent cela !

La dite violence des jeunes, c’est nous décaper jusqu’à retrouver du vivant.

Dans l’expression d’auto louange, les jeunes vont en direct chercher de la vie, des émotions, de la vérité et de la spiritualité. Cette pratique se fait à l’oral devant le groupe (la classe en l’occurrence). Les bénéfices en sont nombreux :

  • Dire sa vérité et ses émotions authentiques sans voile ni peur du jugement ou des interdits
  • Se permettre d’exister, de s’assumer et de s’aimer inconditionnellement
  • Gagner en estime de soi et en confiance en soi. Un jeune a même compris une chose essentielle par l’auto louange : “avant je pensais que j’étais vide et que l’école devait me remplir; maintenant je sais que j’ai quelque chose à l’intérieur et je vais me battre pour le réaliser.”
  • Retrouver le goût des études
  • Dire son auto louange devant la classe permet de souder des liens de solidarité et de coopération.
  • Déposer dans le collectif ce qu’on a vécu pour se sentir appartenir au groupe
  • Se restituer dans son humanité

Comment introduire l’auto louange à l’école ?

Dans l’auto louange, il y a seulement deux consignes :

  1. une parole en Je,
  2. amplification (trouver l’image la plus grande de ce qui me touche).

Les autres sont témoins mais pas voyeurs car seul l’auteur sait où sa vérité se trouve dans l’amplification.

Marie Milis propose à ses élèves une heure d’écriture et une heure de proclamation dans l’année. Elle s’appuie sur des images, des productions créatives des élève ou encore des reproductions d’oeuvres d’art pour stimuler l’inconscient et faire monter la parole de vie. Le support écrit n’est pas obligatoire, seule la proclamation l’est. Le support peut donc prendre différentes formes (voire n’exister que dans la tête).

je crois en toi

Ostiane Mathon, enseignante en élémentaire, écrit : “‘L’enjeu de l’auto-louange est de célébrer haut et fort, dans un style résolument empathique, poétique et symbolique, ce que chacun porte de merveilleux en lui afin de l’offrir en partage au reste de la communauté, non pas dans l’esprit d’une autopromotion de soi mais dans l’idée de s’envisager comme un trésor de plus offert à l’humanité”.

Dans le livre Je crois en toi (éditions Le Souffle d’Or), elle propose des exemples d’auto louange produits par ses élèves.

 

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Source : Exercices pratiques d’autolouange : Pour retrouver l’esprit d’enfance, découvrir le plaisir d’écrire, témoigner d’une beauté intérieure de Marie Milis (éditions Payot Poche). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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