Les 3 C du cerveau : 3 caractéristiques du cerveau de l’enfant à prendre en compte dans nos décisions éducatives

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Dans leur livre La discipline sans drame, Daniel Siegel et Tina Payne Bryson expose 3 données de base relatives au fonctionnement du cerveau humain et à la manière dont elles peuvent influencer nos décisions éducatives face aux comportements des enfants qui nous désarçonnent.

la discipline sans drame

On peut les résumer par les 3 C du cerveau :

  1. changement
  2. connexions neuronales
  3. complexité

 

N°1 : le cerveau est évolutif (Changement)

Le cerveau d’un enfant ressemble à une maison en construction. Le cerveau ne cesse de se transformer et de poursuivre son développement. – Daniel Siegel et Tina Payne Bryson

Pour simplifier, Daniel Siegel et Tina Payne Bryson parlent du cerveau inférieur (le cerveau du bas) et du cerveau supérieur (le cerveau du haut).

Le cerveau du bas est aussi appelé cerveau reptilien ou archaïque parce qu’il est responsable des opérations mentales primaires (émotions fortes, instincts primaires, fonctions vitales inconscientes). Le cerveau du bas domine chez les enfants.

Le cerveau du haut est responsable des fonctions plus sophistiquées (régulation émotionnelle, flexibilité, prise de décision rationnelle…) et sa maturation est longue. Le développement du cerveau du haut ne s’achève complètement que vers 25 ans !

Daniel Siegel et Tina Payne Bryson écrivent que nous aimerions que la conduite de nos enfants soit identique à celle d’adultes pleinement développés et intelligents, mais leur âge est justement incompatible avec des comportements logiques, stables et toujours moraux. Nous gagnerions à ajuster nos attentes : il n’est pas raisonnable d’attendre de nos enfants qu’ils se comportent bien en toutes circonstances ni qu’ils sachent toujours distinguer entre le bon et le mauvais choix (… peut-on même l’attendre d’un adulte ?).

Comprendre et accepter que le cerveau soit évolutif aide à développer une compassion plus profonde envers les réactions des enfants :

  • comprendre ce qui les contrarie
  • accepter qu’ils aient du mal à se maîtriser en toute circonstance
  • adopter leur point de vue
  • ajuster les attentes en fonction de leur niveau de développement
  • faire preuve de patience
  • se connecter émotionnellement

 

C’est justement parce que le cerveau de l’enfant est encore en construction que nous avons le devoir de lui offrir notre cerveau mature d’adulte comme un “cerveau supérieur externe” (capable d’offrir tempérance, empathie, raisonnement logique, maîtrise, exigences adaptées, verbalisation, collaboration).

 

N°2 : le cerveau est modifiable (Connexions neuronales)

Le cerveau est neuroplastique, c’est-à-dire malléable.

L’architecture du cerveau (les connexions neuronales) est modifiée par les événements : les expériences produisent des changements concrets dans le cerveau.

La neuroplasticité renferme d’énormes implications pour notre travail de parents. Nous devons réfléchir aux connexions neuronales qui seront forgées et au rôle qu’elles pourront jouer à l’avenir. – Daniel Siegel et Tina Payne Bryson

Lorsqu’une expérience se répète à de nombreuses reprises, elle approfondit et renforce les connexions entre les neurones, comme un conditionnement ou une habitude. La constitution de réseaux de neurones peut donc s’avérer une bonne ou une mauvaise chose.

Quels types d’expériences souhaitons-nous à nos enfants ?

Quelles connexions neuronales souhaitons-nous développer ?

Comment réagir face à une conduite inappropriée (sachant que les rappels à la règle que les enfants vivront de manière répétée marqueront une empreinte sur la structure de leur cerveau) ?

 

N°3 : le cerveau est complexe et spécialisé (Complexité)

Daniel Siegel et Tina Payne Bryson nous invitent à garder cette notion de complexité à l’esprit quand nos enfants sont énervés ou nous exaspèrent. Nous avons tout à gagner à solliciter le cerveau supérieur plutôt que le cerveau inférieur.

Ils appellent le recours aux menaces “chatouiller le reptile” : quand le cerveau inférieur de l’enfant détecte une menace, il se prépare à réagir par l’attaque, l’immobilisation ou la fuite. La préparation à ces réactions neutralise le cerveau supérieur car le cerveau humain (des enfants ET des adultes) ne peut pas gérer en même temps réactivité primaire (cerveau inférieur) et maîtrise (cerveau supérieur).  En revanche, le cerveau supérieur a la capacité de calmer le cerveau inférieur.

Nous pouvons activer les circuits supérieurs (“solliciter le haut”) en :

  • montrant du respect à l’enfant
  • lui prodiguant de l’empathie
  • en restant à l’écoute et ouvert
  • en adoptant son point de vue
  • en invitant à verbaliser
  • en offrant des choix
  • en prenant l’enfant dans nos bras s’il est d’accord

Il suffit de nommer une émotion pour sentir décroître peur et colère. – Daniel Siegel et Tina Payne Bryson

Le fait de solliciter le cerveau supérieur facilite la réception par l’enfant du cadre que nous souhaitons poser et des attentes que nous souhaitons lui communiquer.

Le cerveau de l’enfant dans l’éducation : mise en pratique

Garder en tête ces 3 données sur le cerveau ne garantit pas que les enfants agiront toujours selon nos attentes ou coopéreront. En revanche, cela permet de rendre les échanges plus agréables, de bâtir une relation de confiance et de respect mutuel, de diminuer les drames dans les situations conflitcuelles.

Garder en tête ces 3 données sur le cerveau ne garantit pas non plus que nous nous montrerons patients et empathiques en toutes circonstances. Même s’il nous arrive de perdre le contrôle de nous-mêmes, de nous laisser guider par la colère, nous pourrons utiliser ces erreurs comme des opportunités d’enseignement : nous sommes tous humains, nous sommes capables d’endosser la responsabilité de nos actes et de nos débordements, nous acceptons de nous excuser et de réparer nos torts.

Vous connaissez le vieux dicton : “Donne un poisson à un homme et il aura à manger pour un jour. Apprends-lui à pêcher et il aura à manger pour toujours.” Notre principal objectif n’est pas que nos enfants fassent ce que nous attendons d’eux parce que nous les surveillons ou les encadrons en permanence (ce qui serait fort peu pratique, après tout, à moins que nous ne projetions de vivre et travailler auprès d’eux jusqu’à la fin de nos jours.) Nous visons plutôt à les aider à apprendre comment faire seuls lesbons choix, quelle que soit la situation qu’ils vivent. Ce qui signifie que nous devons considérer leurs incartades comme autant d’occasions de les entraîner à construire d’importantes aptitudes, et faire en sorte que ces expériences structurent en profondeur leur cerveau. – Daniel Siegel et Tina Payne Bryson

 

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Source : La discipline sans drame Calmer les crises et aider votre enfant à grandir de Daniel Siegel et Tyna Payne Bryson (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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