J’ai envie de partager avec vous une petite anecdote personnelle parce qu’on rencontre souvent des arguments contre la bienveillance éducative qui vont du classique “on ne vit pas dans le monde des bisounours” au tout aussi classique “vous allez en faire une générations de tyrans”.

Je suis loin d’en être aussi sûre :).

Mardi dernier, nous rentrions tranquillement à pieds de l’école avec ma fille (7 ans) et nous avons vu le voisin (un vieil homme de bien 70 ans je dirais) arriver en voiture en même temps que nous sur le parking de l’immeuble. Ma fille a absolument voulu l’attendre parce qu’elle avait envie de lui tenir la porte et qu’elle aime bien prendre l’ascenseur avec lui. Il a l’habitude de siffloter et ça la fait beaucoup rire…

Il faisait environ -6°C et autant dire que je n’avais pas franchement envie d’attendre qu’il se gare, qu’il descende de sa voiture et qu’il marche jusqu’au hall d’entrée (pour rappel, il a plus de 70 ans :) ). Comme nous n’étions pas pressé, je lui ai dit OK mais que j’allais pour ma part attendre à l’intérieur du hall.

Au bout de 5 bonnes minutes, toujours rien… Je ressors et vois ma fille toujours en train d’attendre et le petit papi en train de tourner autour de sa voiture. Ma fille me dit qu’il tourne autour de sa voiture depuis plus de 5 minutes et je lui réponds qu’il doit être en train d’enlever la neige et qu’on va monter parce qu’on ne sait pas combien de temps cela va durer.

Elle insiste pour attendre encore un peu et me demande si elle peut aller le voir du coup. Dans un état d’esprit à la confluence du lâcher prise (on n’est pas pressé, l’été on a bien l’habitude de traîner avant de rentrer, je peux me mettre à l’intérieur pour me réchauffer) et de l’éducation lente, je lui dis à nouveau OK mais que je les attendrai à l’intérieur.

5 minutes plus tard, je les vois revenir ensemble tout contents et le sourire aux lèvres. C’est là que ma fille me dit : “Tu sais, maman, le voisin, il arrivait pas à ouvrir son coffre en fait, il avait les doigts trop gelés ! Alors moi, je lui ai proposé de l’aider et j’ai réussi à lui ouvrir son coffre !”.

Le voisin enchaîne en me disant : “Heureusement qu’elle est venue votre fille. Elle m’a bien aidé ! Qu’est-ce qu’elle est dégourdie… un vrai garçon manqué !”.

Et moi de répondre : “Non, plutôt une fille réussie !”.

Le soir, lors de notre rituel des “3 kifs par jour”, ma fille m’a ressorti cette petite anecdote : “Tu sais maman, je suis contente de l’avoir aidé. Et en plus, je te l’avais pas dit… mais il m’a donné un bonbon !”.

C’est typiquement ce genre d’expériences qui vient nourrir sa confiance en elle.

Je vous raconte également cette anecdote parce que je me suis félicitée de lui avoir laissé l’espace et le temps suffisants pour que cela puisse arriver. Si je l’avais pressée, si je n’avais pas écouté son envie de contribuer, elle n’aurait pas pu vivre ce petit instant de grâce. C’est également une belle leçon de lâcher prise pour moi !

Et parce que nous en sommes aux confidences, ce n’est pas la première fois qu’elle agit comme cela : la semaine dernière, elle a tenu la porte du hall d’entrée à la voisine du dessous qui arrivait pour décharger ses courses; la semaine d’avant, elle a appuyé sur le bouton de l’ascenseur pour maintenir la porte ouverte parce qu’elle avait entendu la porte des voisins de palier s’ouvrir… Vraiment, je le confirme, l’éducation bienveillante ne fait des enfants rois :).  Au contraire, l’empathie encourage l’empathie…