Les 6 piliers du bonheur danois pour élever des enfants heureux

heureux enfant danois

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl sont deux femmes américaines, chacune mariée à un danois et ayant élevé leurs enfants au Danemark. Elles ont voulu témoigner à travers un livre de leur amour du modèle éducatif danois et expliquer en quoi la philosophie de vie danoise fait des petits danois les enfants les plus heureux du monde. C’est ainsi qu’elles livrent les piliers de l’éducation danoise dans leur livre Comment élever les enfants les plus heureux du monde (éditions JC Lattes).

Les 6 piliers du bonheur danois sont :

  1. Le jeu libre
  2. L’authenticité
  3. Le recadrage
  4. L’empathie
  5. Pas d’ultimatum 
  6. Le hygge (convivialité 100  % danoise)

1.Le jeu libre

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl insistent sur l’importance des jeux libres faisant la part belle à la créativité (elles rappellent d’ailleurs que les Lego ont été inventés au Danemark). Elles ont constaté que les parents danois sont guidés par des principes éducatifs qui laissent les enfants jouer seuls aussi souvent que possible. Plus les enfants ont l’habitude de jouer librement sans être dirigés, plus ils deviendront des adultes heureux, résilients et intégrés socialement.

Les deux autrices formulent plusieurs propositions pour se rapprocher du modèle danois :

  • moins d’écran,
  • un environnement enrichissant,
  • des occasions d’explorer à travers l’art,
  • des jeux dehors et dans la nature autant que possible,
  • des jeux multi âges, des possibilités de jouer en groupe mixte,
  • de la liberté.

Elles rappellent également que le jeu peut être un bon moyen de tisser des liens fortes avec les enfants et de remplir leurs réservoirs émotionnels.

Si vous souhaitez jouer avec vos enfants, il est préférable de vous investir à 100  %, sans avoir peur du ridicule. Vous pouvez leur laisser les rênes, cesser de vous inquiéter du qu’en-dira-t-on et vous abstenir de penser à ce que vous faites. Se mettre à leur niveau et lâcher prise, ne serait-ce que vingt minutes par jour si c’est difficile pour vous, vaut davantage que tous les jouets du monde. – Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl

 

2.L’authenticité

Pour les Danois, l’authenticité commence avec la compréhension des émotions. Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl expliquent que, si nous expliquons à nos enfants comment reconnaître et accepter leurs authentiques émotions, agréables ou désagréables, comment réagir en cohérence avec leurs valeurs, alors les difficultés inhérentes à la vie ne les terrassent pas. Les enfants danois sont émotionnellement alphabétisés et savent que leurs actes sont en phase avec leur ressenti. Ils admettent leurs propres limites et les respectent. Parce qu’elles sont fondées sur leurs valeurs, leur boussole intérieure et leur estime de soi deviennent des guides très puissants, les accompagnant toute leur vie, résistant fermement aux pressions extérieures.

En parallèle, le style de parentalité des danois est authentique, bien loin d’un modèle de perfection mais se rapprochant de ce qui sonne “juste”, ce qui vient du coeur.

Rien de tel que d’être soi-même un modèle de bonne santé émotionnelle. En termes d’émotions, nos enfants n’ont pas besoin d’une illusoire perfection, mais d’honnêteté.- Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl

Les autrices constatent que l’humilité fait partie de l’héritage culturel des danois. Comme ils se connaissances bien (leurs émotions, leurs valeurs, leurs objectifs), ils n’ont besoin de personne pour se sentir aimés et importants.

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl livrent quelques ingrédients de la recette de l’authenticité :

  • Débusquer nos faux-semblants
  • Incarner l’honnêteté
  • Partager nos souvenirs d’enfants
  • Enseigner l’honnêteté
  • Encourager en commentant le processus, le travail
  • Eviter les comparaisons

 

 

3.Le recadrage

Une des caractéristiques du modèle danois est la capacité des parents à recadrer leurs pensées, notamment dans les moments où les enfants se comportent de manière dérangeante pour les adultes. Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl exposent les piliers du recadrage mental dans leur ouvrage.

Prendre conscience de nos discours intérieurs jugeants

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl nous conseillent de nous entraîner à remarquer nos pensées intérieures négatives et non constructives. Il suffit de les noter et de compter combien de fois nous utilisons une perspective négative quand nous évaluons une situation.

S’entraîner à la reformulation

Nos pensées sont-elles réalistes  ? Peut-on en changer la formulation  ?

La reformulation peut être difficile, mais elle modifie notre chimie cérébrale et influence notre bien-être. Au début, on se sent un peu bête avec cet exercice. Mais dès que nous prenons l’habitude de reformuler nos pensées négatives (critiques, jugements, auto dénigrement…), nous nous sentons mieux.

Éliminer le langage réducteur, noir ou blanc

Le langage réducteur se repère facilement grâce à des expressions clés : toujours, jamais, il faut, c’est comme ça, l’un ou l’autre, je devrais, il est comme ça/ comme ci…

Ce langage réducteur laisse peu de marge de manœuvre car il ne montre qu’un seul angle. Adopter un langage d’ouverture permet de diminuer les rapports de force avec les enfants.

Par exemple, on pourrait remplacer les « jamais » par des « pas encore » ou « pour le moment » parce que le fait d’ajouter « pour le moment » à la fin d’une phrase change la vitalité intérieure

Externaliser : séparer l’action de la personne

Au lieu de «  elle est paresseuse  » ou «  il est agressif  », placer le problème à l’extérieur de l’individu et non à l’intérieur. «  Parfois, la paresse la rattrape  » et «  l’agressivité le déborde par moments  » sont des commentaires qui n’étiquettent pas les personnes.

Réinterpréter l’histoire de l’enfant avec davantage de tendresse

Un exercice utile à cet effet peut être de repenser les « défauts » que nous attribuons à nos enfants et voir comment les transformer en qualités et potentialités à la lumière de la personnalité de l’enfant.

Employer un langage constructif et positif

Nous avons souvent tendance à repérer ce qui ne va pas, plutôt que ce qui va, et à exprimer notre mécontentement, plutôt que notre contentement face à nos enfants. On considère que ce qui est bien est normal, va de soi !

Cette manière d’envisager l’éducation nous amène à ne voir l’enfant que sous l’angle du négatif : ce qui ne va pas.

Pourtant, il est possible d’inverser notre manière de fonctionner pour encourager le moindre de ses efforts et ses plus petites victoires : repérer ce qui va bien, ce que l’enfant fait correctement (même de toutes petites choses) ou conformément à notre demande.  

Manier l’humour

L’humour aide à changer de perspective et renforce les liens plutôt que monter des murs entre les individus. Plus c’est rigolo, plus c’est farfelu, plus ce sera efficace pour surmonter les crises ou les blocages des enfants. Par ailleurs, ce qui est drôle et inattendu est mémorisé plus facilement.

 

4.L’empathie

Les Danois semblent avoir compris que prendre soin du bonheur des autres est un ingrédient critique dans la recette de son propre bonheur. Ils accordent beaucoup d’importance à l’apprentissage de l’empathie. Cet appprentissage est fondamental à la fois à la maison et à l’école.

A la maison, les parents donnent le ton à travers leurs paroles et leurs comportements, en tant que modèles principaux. Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl rappellent que les parents danois sont fortement influencés par le philosophe Knud Ejler Løgstrup. D’après lui, les parents ont la responsabilité de nourrir l’esprit de leurs enfants, pas seulement avec des divertissements et des transferts de connaissances, mais aussi en développant leurs capacités empathiques. Ainsi, les mots et les histoires lues aux enfants servent à doter les enfants de compétences qui leur apprennent à se mettre dans la peau des autres.

Par ailleurs, le langage des parents danois est caractérisé par 4 grands éléments :

  • utiliser une écoute empathique et bienveillante (refléter les émotions sans les nier ou les minimiser, explorer les pensées et les motivations, parler des besoins, trouver des solutions)
  • ne jamais mentionner les défauts des enfants (ceux de leurs propres enfants et ceux des autres enfants) : les parents danois ne parlent jamais en mal des enfants mais désigne ce qui est agréable chez les autres.
  • toujours expliquer les comportements des autres et les raisons derrière tout comportement pénible ( «  Elle devait être très fatiguée, elle n’a pas fait sa sieste.  » «  Tu crois qu’il avait faim  ? Tu sais, quand on a faim, on devient grognon.  »). Les parents danois s’efforcent d’aider leurs enfants à comprendre qu’un comportement dépend des circonstances.
  • attirer l’attention sur les émotions des autres et les expliquer («  Regard S., elle pleure, elle a l’air vraiment triste », « On dirait que A. est très….»).

A l’école, un programme national obligatoire est appliqué dès la maternelle. Dans ce programme baptisé «  Pas à pas  », les enseignants montrent aux enfants des photos d’autres enfants exprimant une variété d’émotions  : la tristesse, la peur, la colère, la frustration, la joie… Les élèves parlent de ces photos et mettent en mots ce qu’ils ressentent. Ils conceptualisent ainsi leurs propres émotions ainsi que celles des autres. Le système éducatif danois met également l’accent sur la prévention du harcèlement, à travers le programme «  Sans harcèlement  » (Free of bullying),

Dans les établissements scolaires danois, l’empathie est aussi enseignée de manière plus indirecte, plus subtile. Les enfants sont regroupés en fonction de la complémentarité de leurs forces et faiblesses (exemple : les élèves qui ont compris aident les élèves qui n’ont pas encore compris, les timides travaillent en groupe avec les enfants sociaux…).

 

5.Pas d’ultimatum 

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl  ont notamment remarqué l’absence d’ultimatum (le fameux : « Je compte jusqu’à 3 ! ») fait aux enfants pour les pousser à obéir et se conformer aux demandes des parents.

Elles proposent alors des clés pour raisonner en termes de coopération et d’empathie plutôt qu’en termes de jeux de pouvoir, de menace et de punition. Elles nous invitent à prendre des engagements personnels fermes pour s’engager dans ce processus et avoir des valeurs clés en tête comme guides dans ce cheminement :

  • Se poser des questions d’introspection personnelle  : quelles sont mes valeurs éducatives  ? Je liste les miennes ainsi que celles de ma compagne ou mon compagnon.
  • Cesser fessées et violence éducative (tirage d’oreilles, claques… ) : faire le vœu de ne plus jamais en donner et prendre cet engagement devant témoin (par exemple le compagnon ou la compagne)
  • S’engager à ne pas crier sur les enfants (ne crier que quand c’est vital, en cas de danger par exemple.). C’est probablement l’engagement le plus difficile à tenir en pratique. Pourtant, les hurlements ne sont agréables pour personne (ni pour les enfants bien sûr ni pour nous car cela nous épuise, nous culpabilise et fragilise le lien affectif). Par ailleurs, nos enfants nous imitent en miroir. Comme nous sommes leur modèle, si nous voulons qu’ils contrôlent leur colère et se calment, il est nécessaire de commencer par apprendre à nous maîtriser nous-mêmes.

Pour aller plus loin : 15 propositions pour éviter les ultimatums et les jeux de pouvoirs dans l’éducation

 

6.Le hygge (convivialité 100  % danoise)

Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl ont remarqué que les Danois adorent chanter. C’est d’ailleurs une de leurs recettes pour créer du « hygge ». Le hygge est un mot que seuls les Danois utilisent. Il désigne la convivialité, le confort, le cocooning, une atmosphère conviviale où chacun se sent en sécurité. La convivialité et le hygge favorisent des relations de proximité, relations souvent synonymes d’un haut niveau de bonheur individuel et collectif.

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Le livre Comment élever les enfants les plus heureux du monde de Jessica-Joelle Alexander et Iben Dissing Sandahl (éditions JC Lattes) est disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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