Les 9 demandes de Janusz Korczak pour le droit des enfants au respect

Janusz Korczak est un médecin, éducateur et écrivain polonais. Dès le début du XX° siècle, il a oeuvré à une réforme complète de l’éducation et du statut de l’enfant. Il est reconnu aujourd’hui comme le père spirituel de la Convention relative aux droits de l’enfant (1989). Pour lui, “l’enfant ne devient pas un Homme, il en est déjà un”.

En 1942, Janusz Korczak est entré dans l’Histoire en accompagnant au camp d’extermination de Treblinka  les 200 enfants juifs qu’il n’avait pas voulu abandonner dans le ghetto de Varsovie.

Dans son livre Le droit de l’enfant au respect, il pose 9 demandes pour le droit des enfants au respect.

droit des enfants au respect

1. Les enfants méritent respect, confiance et bienveillance.

Il en faut peu à l’enfant pour être heureux. Nous méconnaissons le foisonnement de sa vie et sa capacité à se réjouir d’un rien. Les heures et les années nous échappent. L’enfant, lui, a le temps. Le temps de vivre. –  Janusz Korczak

 

2. Je réclame le respect pour son ignorance. 

L’enfant est comme perdu dans un pays étranger dont il ignore la langue, les droits et les coutumes. Parfois, il préfère cheminer seul et, lorsqu’il rencontre des difficultés, il demande des renseignements et des conseils. Il a alors besoin d’un guide attentif pour répondre à ses questions. –  Janusz Korczak

 

3. Je demande le respect pour son travail d’apprentissage. 

Il est agréable de passer du temps avec les enfants dans une atmosphère paisible toute de douceur et de rires, faite de premières tentatives enjouées et d’étonnements, de joies pures et lumineuses. Le travail avec eux se révèle pétillant, fructueux et beau. –  Janusz Korczak

 

4. Respect également pour son infortune et ses larmes. 

Les larmes d’entêtement et de caprice des enfants sont les larmes de l’impuissance et de la révolte. Une tentative désespérée de protester, un appel à l’aide, une plainte pour délaissement, un signe de mal être, et toujours la marque d’une souffrance. –  Janusz Korczak

 

5. Je réclame le respect pour la propriété de l’enfant et son budget.

Un mendiant gère son aumône à sa guise… L’enfant, lui, ne possède rien et doit rendre compte de chaque objet qu’il reçoit. Il n’a pas le droit de le déchirer, de le casser, de le salir, de le donner, de le refuser, même s’il ne lui plaît pas. Il doit l’accepter, il doit s’en montrer satisfait. Par ailleurs, ces objets lui sont donnés pour une raison et un usage précis. (Voilà peut-être pourquoi l’enfant apprécie tant les petites choses sans valeur aux yeux des adultes. Ce que nous prenons pour des vieilleries – un bout de fil, une petite boîte, un collier de perles – sont, en réalité, les seuls biens véritables de l’enfant, son unique richesse. Le rapport de l’adulte à l’enfant est corrompu à cause du dénuement de ce dernier et de sa dépendance matérielle. –  Janusz Korczak

 

6. Je réclame le respect pour les mystères et les aléas de son laborieux travail de croissance.

Parfois, l’enfant désire courir comme il respire : il veut se dépasser, soulever, conquérir. Parfois, il veut se cacher pour rêver. Il passe d’une volonté inflexible au besoin de calme, de chaleur et de confort. Du désir ardent au découragement. –  Janusz Korczak

 

 

7. Respect aussi pour l’heure et le jour présents.

Si nous ne laissons pas l’enfant vivre aujourd’hui une vie consciente et responsable, comment saura-t-il le faire demain ? Ne pas le piétiner ni le malmener, ne pas le rendre esclave du lendemain, ne pas l’étouffer ni le presser. –  Janusz Korczak

 

 

8. Je demande le respect pour chaque instant de vie.

L’enfant n’a pas le sentiment de perdre son temps quand il écoute ou qu’il lit une histoire. Quand il parle au chien, joue à la balle, examine attentivement une image ou calligraphie une lettre, il fait toutes ces choses le plus honnêtement du monde. Il a raison.

Le présent n’est jamais immature, la hiérarchie des âges n’existe pas plus que les degrés de souffrance, de joie, d’espérance et de désillusion. Peut-on faire semblant de vivre ? L’enfance, telle que nous la considérons, représente en réalité de longues et importantes années d’une existence, celle de l’être humain. –  Janusz Korczak

 

 

9. Je demande le respect si ce n’est l’humilité envers la blanche, lumineuse, immaculée, sainte enfance.

 

 La démocratie, telle que la concçoit l’enfant, ne connaît aucune hiérarchie. Ce dernier est sensible à la sueur de l’homme de peine, à la faim d’un camarade, aux souffrances d’un cheval maltraité et d’une poule égorgée. Il se sent proche du chien et de l’oiseau, l’égal du papillon et de la fleur, il reconnaît un frère dans un caillou ou dans un coquillage. Il est loin de partager la suffisance des puissants pour qui seul l’homme possède une âme. –  Janusz Korczak

 

 

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Source : Le droit de l’enfant au respect de Janusz Korczak (éditions Fabert). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.