L’histoire de la petite fille qui voulait une histoire en pleine nuit

l'histoire de la petite fille qui voulait une histoire en pleine nuit

Il était une petite fille en pyjama prête à aller se coucher. Il était une maman prête à lire une histoire à sa petite fille en pyjama. Les voilà alors toutes les deux dans la chambre de la petite fille. Celle-ci choisit un livre pour l’histoire du soir et se couche dans son lit très fatiguée. Sa maman commence la lecture mais à peine a-t-elle tourné la troisième page que voilà la petite fille qui dort déjà ! La maman lui caresse doucement les cheveux, l’embrasse et sort de la chambre, non sans une pointe d’inquiétude quant à la nuit qui s’annonce. Une petite fille qui s’endort avant la fin du rituel du coucher est en général un signe annonciateur d’une nuit agitée…

Au moment d’aller se coucher, la maman est rassurée : il n’y a pas eu de réveil et la petite fille dort toujours à poings fermés. Mais voilà que le répit est de courte durée ! La maman est réveillée en pleine nuit par les pleurs de la petite fille. Elle attend quelques instants en pensant qu’elle se rendormirait peut-être mais les pleurs ne cessent pas. La maman se lève alors pour voir sa petite fille.

– “Ma belle, tu es réveillée. Tu as fait un cauchemar ? ”

Pas de réponse, la petite fille pleure à chaude larme et refuse que sa maman s’approche. Dès que celle-ci tente de se rapprocher, elle grogne et dès qu’elle veut la toucher, elle la repousse. La maman reste silencieuse un moment auprès de son enfant pour accompagner ses pleurs. Une fois qu’elle semble un peu calmée, la maman essaie de comprendre ce qui peut mettre cette petite fille dans cet état :

-“Est-ce que tu as soif?”

-“Est-ce que tu as mal quelque part ?”

-“Est-ce que tu as perdu doudou ?”

-“Est-ce que tu as envie de faire pipi ?”

-“Est-ce que tu as des mauvaises pensées dans ta tête ?”

Mais non, rien à faire. La petite fille se contente de pleurer et de grogner. C’est alors que la maman se souvient qu’elle n’avait pas eu le temps de terminer l’histoire du soir. Ce n’est pas franchement l’heure idéale pour lire une histoire mais que vaut-il mieux ? Prendre 5 minutes et lire une histoire pour rassurer la petite fille ou alors prendre le risque qu’elle pleure des minutes durant sans pouvoir la calmer ? Quel est l’intérêt de l’enfant ? Sans hésitation, la maman demande alors :

-“Est-ce que tu veux qu’on finisse l’histoire du soir ? Tu étais tellement fatiguée que tu t’es endormie avant la fin. C’est ça qui te rend triste et t’empêche de pleurer ?”

La petite fille renifle, regarde sa maman et ,pour la première fois de la nuit, répond :

-“Oui maman.”

Il était une fois une maman qui lisait une histoire en pleine nuit à sa petite fille. Il était une fois une petite fille qui se rendormit paisiblement dans son lit jusqu’au lendemain matin.


 

Vous l’aurez deviné, cette maman, c’est moi et cette petite fille, c’est ma poulette de bientôt 5 ans. Je tenais à vous livrer cette histoire car je sais que certains estimeront que c’est un “caprice” de la part de ma fille, que j’ai cédé et fait preuve de laxisme. Or je suis fondamentalement convaincue que nous avons toutes les deux trouver notre compte dans cette manière de résoudre la situation : elle s’est sentie comprise et en sécurité et j’ai gagné un temps précieux (se serait-elle seulement rendormie sans ça ? au prix de cris de ma part ? de pleurs longs et douloureux ? terrassée par la fatigue ?).

Les rituels du coucher sont structurants pour les enfants en bas-âge car ils instaurent un sentiment de sécurité, de bien-être, d’apaisement. Avec l’histoire du soir, les enfants font un lien entre bonheur et lecture, ce qui facilite l’endormissement et assure un sommeil serein. Seulement, dans notre cas, la suite d’actions a été rompue. Non seulement il manquait un bout de l’histoire, mais aussi tout ce qui suit d’habitude : on parle en général deux ou trois minutes de la journée, il m’arrive de lui faire des massages si elle me le demande et ,dans tous les cas, elle a le droit à un câlin. Quand elle s’est réveillée cette nuit-là, elle ne s’est plus sentie en sécurité. Il a donc fallu recréer les conditions d’un coucher paisible et rituel pour assurer son endormissement.

Je ne dis pas que chaque réveil nocturne peut être réglé de cette manière mais, en l’occurrence, ça vaut le coup de se poser des questions quand les causes physiologiques sont écartées (pipi, douleur, soif…) : qu’est-ce qui a pu perturber l’enfant dans la soirée, la journée ou les journées précédente au point de le réveiller ? est-ce qu’il y a quelque chose qu’on n’a pas fait comme d’habitude ?

PS : ma fille est une dure à cuire du sommeil donc, quand quelque chose fonctionne avec elle, j’ai vraiment envie de le partager :-).