L’importance de la motricité libre chez les tout petits

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Chaque fois qu’on veut aider un enfant qui n’est pas en danger et qui veut effectuer une action qui semble de son niveau moteur, le message passé est : “Sans moi, tu n’es pas capable”. Or les enfants sont capables de trouver des stratégies ou de réclamer de l’aide quand ils en ont besoin.

Le principe de la motricité libre tel que développée par Emmi Pikler est de ne pas mettre un enfant dans une position qu’il n’est pas capable d’atteindre seul ou dont il ne peut pas sortir seul.

Quand on apporte systématiquement un objet à un enfant, quand on le met debout, quand on le cale en position assise, quand on le prend par les mains pour le faire marcher, on agit à contre nature. Pourtant, l’enfant a en lui toutes les compétences nécessaires pour se développer.

Les enfants, dans des bonnes conditions, changent de position 2 fois par minute. Ce qui veut dire 60 fois en une demie-heure !Dre Szanto-Feder

Un enfant qui a roulé, rampé, qui s’est retourné a vécu de nombreuses choses au niveau rythmique. Le rythme est la fondation du temps et revêt une grande importance dans l’approche de la motricité libre.

Au départ, les humains sont faits pour travailler dans un espace en 3 dimensions. Quand les enfants sont assis devant un écran, ils font peu travailler la coordination entre leurs mains et leurs yeux.

Notre rôle d’adultes est d’aménager l’espace et d’assurer une sécurité affective.

motricité libre

Avec la motricité libre, le regard des adultes sur l’enfant change du tout au tout. Emmi Pikler et Maria Montessori ont vécu à la même époque et leurs approches se ressemblent :

  • le respect et l’écoute de l’enfant,
  • la découverte des activités par les enfants eux-mêmes,
  • le rôle de l’adulte servant surtout à accompagner les enfants, sans intervenir (du moins le moins possible) dans leurs choix ou leurs postures,
  • personne n’agit à la place de l’enfant pour développer sa confiance en soi.

Pour Emmi Pikler, l‘activité spontanée des bébés est la chose la plus importante à protéger. Elle conseille aux éducateurs de laisser les bébés partir à l’aventure, tâtonner, se reposer puis retourner explorer, répéter une action ou un mouvement aussi longtemps que le bébé en a besoin/envie, afin qu’il acquiert petit à petit. Les bébés sont libres de découvrir librement leur corps et ce dont ils sont capables de faire par eux-mêmes dans un espace assez grand et sans danger. Autant, lors des soins du quotidien (repas, bain, change…), l’adulte se consacre entièrement à l’enfant par des échanges bienveillants (regards tendres, mise en mots des soins prodigués, paroles positives), autant l’adulte a une posture en retrait lors des autres moments de la journée.

En suivant les principes de la motricité libre, les adultes interviennent de façon indirecte :

  • aménagement de l’espace (sécurité, tapis au sol, absence de transats et trotteurs),
  • proposition d’un matériel permettant la liberté de mouvement et des défis à la portée des enfants (voir le jeu heuristique),
  • écoute des sensations/ émotions des bébés et des jeunes enfants (fatigue, conflits avec d’autres enfants, ennui, frustration…),
  • encouragement et paroles positives,
  • interdits et cadre énoncés sans colère,
  • importance de l’ordre et du rythme (donner les soins dans un ordre qui ne change pas pour créer un climat de confiance).

Toute la vie de l’enfant est mouvoir, se bouger !Dre Szanto-Feder

Attention toutefois, la motricité libre ne doit pas devenir un fardeau, encore moins un facteur d’épuisement parental. En tant que parent, si une information ou une idée vous parle en matière de parentalité, alors vous pouvez vous poser une question : est-ce que, dans la balance de la parentalité, le ratio charge mentale/ bénéfice est suffisant et penche en faveur d’un changement ? Si non, personne ne doit vous faire culpabiliser de passer votre chemin. Si oui, vous pouvez adopter cette idée… et, à terme, vous donner le droit de l’amender ou de l’abandonner si cela se révèle trop prenant, insatisfaisant. Même si le crédo d’Emmi Pikler est qu’il ne faut pas empêcher un enfant de se mouvoir (par exemple en le laissant attaché dans un transat, en le faisant jouer dans un petit espace clos comme un parc ou en le mettant dans un trotteur) ni le mettre dans une position qu’il ne sait pas encore prendre de lui-même, ces principes ne doivent pas devenir des obligations ou des culpabilisations. Placer un enfant dans un parc le temps de faire le ménage ne fait d’un parent un mauvais parent ou faire dormir un bébé dans un lit à barreaux ne rend pas maltraitant.