Maman, pourquoi il tape son chien le monsieur ?

Mercredi dernier, nous avons profité du beau temps pour passer l’après-midi dehors. Nous nous sommes baladées, nous avons joué un moment dans le sable et nous nous sommes arrêtées goûter sur la place du village.

Un groupe de jeunes était installé sur le banc à côté de nous : ils rigolaient, jouaient à la pétanque, quelques couples s’embrassaient… ils faisaient leur vie de jeunes quoi :-).

L’un d’eux avait un jeune chiot : dès qu’il a vu ma fille, il a voulu jouer avec elle. Il s’est mis à courir, à japper, à faire le foufou : ma fille a alors couru elle aussi autant par peur que par surprise et envie de jouer avec le chiot. Elle est venue vers moi pour me demander si elle avait le droit de le caresser. J’allais lui répondre de demander à son maître… mais dès que celui-ci a pu s’approcher de son chien, il l’a pris violemment par la peau du coup tout en le tapant à plusieurs reprises et en lui hurlant dessus :

“Espèce de bâtard, tu m’obéis maintenant ! Tu restes là et tu bouges pas sinon tu t’en prends une !”

la communication est le seul antidote non violent à la violence Jacques Salomé

J’en suis restée bouche bée et ma fille n’a pas compris la réaction :

“Maman, pourquoi il tape son chien le monsieur ? C’est pas grave, j’ai pas eu peur moi. Et en plus, il voulait juste jouer le petit chien.”

Je lui ai répondu que ce garçon devait avoir beaucoup de colère en lui mais que personne ne lui avait appris comment la gérer ni l’exprimer sans violence, qu’il s’était défoulé sur son chien au lieu de chercher à lui apprendre à rester calme en présence d’enfant.

Elle m’a alors répondu :

“Je  vais aller lui dire que c’est pas grave et que je suis d’accord pour jouer avec son chien.”

Là, je lui ai répondu que non car le monsieur était trop énervé et que je préférais qu’elle ne s’approche pas de gens qui ont un comportement violent.

Du coup, j’en ai profité pour lui rappeler qu’on a le droit d’être en colère mais que c’est important de savoir exprimer sa colère autrement qu’en tapant. Je lui ai demandé comment elle a appris à gérer sa colère à elle. Et je lui ai expliqué à nouveau que c’est interdit de taper les animaux, les enfants et même les adultes, que le chien a dû avoir mal et peur et que le fait d’être violenté peut le rendre agressif et méchant.

Ma fille a alors fini en me disant :

“J’espère que s’il a des enfants, il les tapera pas comme son chien.”

“Oui ma belle, j’espère que quelqu’un lui aura appris à exprimer ses émotions autrement qu’en tapant comme toi tu l’apprends.”

C’est une petite scène du quotidien mais j’avoue qu’elle m’a pas mal remuée car l’adolescent en question ne s’est absolument pas posé de question sur le fait de taper violemment son chien, ses copains autour rigolaient et aucun n’avait l’air d’être choqué. C’est un vrai travail de longue haleine que l’éducation à la non violence. J’imagine que ces ados n’ont fait que reproduire ce qu’ils ont vu ou vécu, qu’ils n’ont pas d’autre moyens que de parler par la violence, que l’effet de groupe a probablement encouragé ce jeune à se monter “viril”. J’espère surtout que ces jeunes trouveront sur leur chemin des enseignants, des éducateurs, des camarades, des modèles qui leur apprendront à s’exprimer autrement que par des gestes violents.

Après coup, je me suis dit que j’avais peut-être loupé une occasion de sensibiliser cet adolescent, citoyen en devenir, jeune électeur et futur papa, à la non violence. J’aurais peut-être pu accompagner ma fille pour lui dire qu’elle avait été surprise par le chien mais qu’on comprenait qu’un jeune chiot ait eu envie de jouer avec elle. Et que la punition du chien semblait exagérée et peu éducative. Il me reste à trouver les bons mots et la bonne tournure pour la prochaine fois où nous serons confrontées à ce genre de situation… et laisser la candeur d’un enfant faire le reste :-)

 

Dans une culture de domination, vous devez rendre la violence agréable, divertissante.

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