17 mythes qui mettent une énorme pression sur les mères

17 mythes qui mettent une énorme pression mères

Selon Beth Berry, enseignante et autrice, la maternité mythologique est un phénomène moderne responsable du mécontentement, de la désillusion et de la culpabilité des parents occidentaux. Cette maternité mythologique recouvre l’énorme écart entre ce que nous croyons possible (basé sur les histoires qu’on se raconte et qu’on nous raconte) et ce que nos vies quotidiennes sont en réalité. Plus l’écart est grand, plus nous avons succombé à certains de ces 17 mythes parentaux.

Beth Berry explique que cette mythologie de masse (présentée comme LA vérité en matière de maternité) a engendré une génération entière de mères qui souffre d’un manque de confiance dans leurs capacités maternelles et d’un sentiment d’incompétence bien que ces mères soient engagées, patientes, informées et de bonne volonté. 

Il s’agit d’un constat tragique mais cette tendance peut être inversée. Afin de dépasser les mythes qui nous possèdent et nous dépossèdent de nos intuitions, de nos instincts, de notre coeur, on peut commencer par les connaître, examiner dans quelle mesure ils détériorent notre vie et faire émerger nos propres aspirations, notre manière d’être parent.

Beth Berry détaille 17 mythes qui mettent une énorme pression sur les mères :

1. L’autonomie et la réalisation de soi proviennent d’une carrière bien rémunérée et d’une mobilité ascendante (plus de responsabilités, plus de personnes à “manager”, plus d’argent, plus de biens matériels…). 

Le contre mythe : Nous devons autonomes et nous nous réalisons nous-mêmes quand nous prenons la pleine responsabilité de nos vies, que nous reconnaissons nos peurs et travaillons sur elles, que nous apprenons à nous aimer les uns les autres non pas malgré mais grâce à nos différences, que nous acceptons de vivre la vie que nous voulons vraiment (et non pas celle “vendue” par les médias, par la société, par nos profs ou encore nos parents).

La réalisation de soi et la maternité ne deviennent antinomiques que lorsque nous acceptons que d’autres définissent à notre place ce que ce sont les succès et le pouvoir.

 

2. La vie telle que présentée dans les magasins et les publicités est la vraie vie (ou du moins la vie telle qu’elle devrait ressembler). 

Le contre mythe : La fausse réalité proposée par le marketing (celle qui consiste en une vie toujours plaisante, dans une maison ordonnée, belle, gaie, parfaite, avec un visage souriant) est un mythe très séduisant.

Parce que nous voulons que nos vies soient moins sujettes au stress et plus remplies, il peut être facile de se laisser piéger par les contes de fées marchands… contribuant à augmenter l’écart entre ce que nous croyons possible et ce qui est vraiment. Beth Berry nous invite à considérer tout ce qui émane de la société de consommation comme des “contes de fées” : j’entre dans une centre commercial comme dans un livre d’histoires… ce ne sont jamais que des histoires. 

 

3. Le désir de rester à la maison avec les enfants est un signe de manque d’intelligence, de manque d’ambition, de fainéantise ou encore d’incompétence. 

Le contre mythe : La liberté de choix est encore tellement récent pour les femmes que le choix de rester à la maison (qui est réellement UN choix parmi d’autres) est injustement assimilé à une oppression masculine (que nos grands mères ont durement combattue).

Il est essentiel pour les femmes, pour les enfants, pour les familles et même pour la société de ne pas tomber dans l’excès inverse en stigmatisant les mères au foyer, mais plutôt d’encourager et de soutenir les choix éclairés des mères. La liberté authentique des mères doit être soutenue par des conditions matérielles, sociales et politiques (comme des congés maternité mieux rémunérés et des relais de type café des parents accessibles).

 

4. Le désir de travailler à l’extérieur de la maison est le signe d’un amour faible pour les enfants. 

Le contre mythe : Certaines femmes se réalisent mieux en continuant de travailler à l’extérieur du foyer.

Stigmatiser les femmes qui travaillent à l’extérieur est aussi destructif et sujet à division que le contraire (mythe n°3). A la place, nous pourrions choisir de maintenir notre attention (en tant que société et en tant que personne) sur les manières de soutenir et protéger la connexion parents/ enfants, quelle que soit la forme qu’elle prenne dans chaque famille.

Des initiatives sociales, comme le travail à temps partiel, un congé maternité et paternité plus long, le télétravail ou encore la construction de crèches en plus grand nombre, participent bien plus à l’épanouissement des mères que la guéguerre des “mamans parfaites” qui contribue seulement à culpabiliser et à nous éloigner de nos choix.

 

5.  Nous pouvons éviter de “foirer” l’éducation de nos enfants en faisant un peu plus des “bonnes” choses, un peu plus des “il faut”. 

Le contre mythe : Les parents parfaits n’existent pas. Le mythe de la maternité moderne a voulu nous faire croire que la perfection était possible (ou en tout cas, la presque perfection).

Tous les êtres humains naissent pour faire face à des problèmes, pour surmonter des défis et en sortir plus grands. Ce n’est pas nôtre rôle d’être parfaits… d’autant plus que la recherche de la perfection ne bénéficiera pas forcément aux enfants.

En revanche, c’est notre job d’être nous-mêmes : les enfants ont besoin de parents authentiques.

 

6. Nous cherchons tous l’équilibre parfait. 

Le contre mythe : Beth Berry préfère la notion de “centre“. La recherche d’un équilibre entre toute choses n’est pas naturelle et risque de nous faire passer à côté de la richesse du monde et des personnes qui nous entourent.

Une fois que nous avons trouvé notre centre, notre Élément (ce qui suppose de creuser à travers plusieurs couches issues de notre culture, de notre éducation, de nos croyances et de nos préjugés), nous aurons toujours la possibilité de revenir en ce centre, en nos valeurs, qui détermine notre projet de vie, notre conduite.

 

7. Nous négligeons nos enfants chaque fois que nous nous préoccupons de nos propres besoins, de nos désirs, de nos centres d’intérêt. 

Le contre mythe : C’est notre première responsabilité de nous connaître nous-mêmes et de prendre soin de nous. De cette manière, nous pouvons materner de manière complète, nourricière et consciente.

Ignorer nos besoins et nos émotions conduit au ressentiment, et entrave la connexion avec les êtres qui nous entourent, à commencer par nos propres enfants.

 

8. La culpabilité est le prix à payer pour toute expérience d’amour. 

Le contre mythe : La culpabilité est un des nombreux prix à payer pour nos pensées, nos croyances, nos peurs inconscientes et irrationnelles, pour nos émotions et sentiments étouffés.

Plus nous nous connaissons, plus nous nous aimons et plus nous nous respectons, moins nous serons sujets à la culpabilité.

 

9. Nous pourrons profiter de notre maternité une fois que le quotidien sera sous contrôle. 

Le contre mythe : Nous pourrons profiter de notre maternité quand nous nous serons libérées de l’idée qu’organiser militairement notre environnement extérieur est LE chemin vers la paix intérieur.

La paix intérieure requiert une introspection, à la fois dans la lumière et dans l’ombre de nos âmes. Guérir une souffrance ancienne, surmonter croyances et préjugés, renoncer à chercher la sécurité et la certitude en toutes occasions est rarement le chemin le plus facile mais c’est le chemin authentique vers une existence agréable.

 

10. Les choix que nous estimons irréfléchis de nos enfants traduisent de mauvais choix éducatifs de notre part. 

Le contre mythe : Nos enfants ne nous appartiennent pas, ils ne sont pas “nous” en modèles réduits. Leurs personnalités, leurs habitudes, leurs choix sont influencés par nos personnalités, par nos habitudes, par nos choix mais ils ont une vie propre. Nous ne pouvons pas prendre de décisions à la place de nos enfants, nous ne pouvons pas apprendre à leur place par exemple.

En revanche, une idée aidante à garder en tête est que nous sommes faillibles et que nous avons toujours le choix d’évoluer, de faire différemment et de pardonner (à nous-mêmes et à nos enfants).

Lire aussi : Votre enfant n’est pas (et ne devrait jamais être) un ambassadeur de votre bonne parentalité (Béatrice Kammerer)

 

11. Il existe UNE bonne manière d’être parent. 

Le contre mythe : Parmi les mythes modernes les plus destructeurs, on trouve celui de la “bonne manière” d’être parent, qui non seulement nous divise (puisque personne n’est d’accord sur la “bonne” manière d’éduquer les enfants) mais qui en plus nous éloigne de notre intuition.

Bien que les recherches en neuroéducation et en psychologie de l’enfance nous aident à comprendre les besoins de l’enfant, la “bonne” manière d’être avec nos enfants est celle que nous avons choisie.

Pour aller plus loin : Il n’y a pas une seule bonne manière d’élever les enfants.

 

12. Nous devons équiper nos enfants avec le plus de ressources possibles. 

Le contre mythe : Une partie de notre mission de parent consiste à fournir des ressources aux enfants (ne serait-ce que par l’exemplarité).

Mais ces ressources ne sont pas forcément des ressources externes (comme aller consulter un article sur Internet, savoir demander de l’aide à la bonne personne, regarder et lire les media…) et ne passent pas nécessairement par une stimulation (de type cours de soutien, conservatoire, atelier de langue étrangère…). Les enfants ont besoin de comprendre qu’ils ont un trésor à l’intérieur d’eux et qu’ils peuvent compter sur leurs propres ressources internes, sur leurs sensations et leurs émotions en tant que boussole interne.

Vous pourrez aussi aimer : La sursollicitation des enfants pose des problèmes de santé mentale : la vie requiert des moments sans temps visiblement “productif”

 

13. Plus, c’est mieux. 

Le contre mythe : Dans la plupart des cas, faire plus, c’est se rendre plus malheureux. Entre les activités planifiées, les possessions matérielles et les engagements (professionnels, associatifs…), on peut se faire engloutir par les choses qui étaient pourtant supposées nous enrichir.

Ceci résulte du fait que nous n’avons pas pris le temps de définir ce que signifie l’abondance : plus de temps pour rêver et discuter, plus de connexion avec les êtres qui nous sont chers, plus de conscience du moment présent, plus d’élan vital, plus de partage, plus de sens… nécessitent souvent moins de ce qui est culturellement conseillé d’accumuler.

 

14. Demander de l’aide est un signe de faiblesse.

Le contre mythe : Paradoxalement, alors que nous sommes dans un monde de plus en plus connecté (du moins virtuellement), les mères sont de plus en plus isolées… alors que les êtres humains ne sont pas censés élever leurs enfants seuls. La notion d’indépendance que tant de mères se sentent obligées d’afficher n’est rien de plus qu’un produit de nos sociétés.

Parce que l’oppression est souvent associées à la dépendance, nous en sommes venus à oublier nos besoins humains d’interdépendance et à valoriser l’isolement… alors qu’il est contre nature (les humains sont des êtres sociaux).

 

15. Nous devrions apprécier chaque moment avec nos enfants. 

Le contre mythe : Les personnes qui nous disent de savourer TOUS les moments avec nos enfants ont probablement la mémoire courte (ou n’ont pas eu d’enfants :-) ).

Oui, l’enfance et la maternité sont formidables, ce sont des cadeaux de la vie… et pourtant, tous les moments de l’enfance et de la maternité ne sont pas plaisants !

 

16. L’intuition est forcément perturbée par les experts. 

Le contre mythe : Il existe des experts qui insistent sur le fait de suivre son intuition.

Certains “experts” conseillent justement de revenir à nos premières intuitions, ils nous orientent sur la manière de nous retrouver pour une parentalité moins soumise aux publicités, aux conseils et critiques. Parmi eux, on pourrait citer Jean Liedloff (et son livre Le concept du continuum), Carlos Gonzalez (auteur de Serre-moi fort : Comment élever vos enfants avec amour ou Mon enfant ne mange pas), ou encore Joan Domenech Francesch (qui a écrit Éloge de l’éducation lente).

 

17.  Nos incapacités sont les causes de nos frustrations.

Le contre mythe : Les valeurs propres à notre société de consommation, notre niveau d’estime de nous même dégradé par notre éducation, notre manque de conscience, nos préjugés et croyances culturelles ont fait de nous des êtres désunis, souvent fermés à nous-mêmes et parfois aux autres.

Notre frustration vient de l’écart entre la vie que nous vivons réellement (et qui vaut la peine d’être vécue) et celle que nous fantasmons du fait de la pub, du marketing, de la société de consommation

 

Le fait de nous extraire de ces mythes prend du temps et peut être douloureux. Pourtant, les résultats de ce travail sur soi vont bien au-delà d’un regain de confiance en soi : les générations futures construisent leur histoire sur la nôtre. Des mythes qui nous possèdent en tant qu’adultes risquent de fragiliser les fondations des générations en cours de construction.

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Source et inspiration : http://www.mothering.com/articles/17-modern-myths-making-motherhood-miserable/ (traduction libre par mes soins)