Quand on a du mal à accueillir les pleurs des enfants 

mal à accueillir les pleurs des enfants

Il peut-être difficile, voire insupportable, pour certains parents d’entendre leur enfant pleurer. Dans son livre Il n’y a pas de parent parfait, Isabelle FIlliozat propose quelques pistes pour accueillir les pleurs des enfants sans paniquer, culpabiliser, minimiser ou nier ces pleurs ni agresser les enfants.

Il arrive qu’un parent n’arrive pas à accueillir les larmes de son enfant pour ce qu’elles sont (des tentatives de soulagement, de décharge émotionnelle à écouter et accompagner) à cause de la fatigue, du stress, ou encore de l’impuissance ressentie en lien avec sa propre histoire. En effet, les enfants appuient constamment (ou presque) sur nos propres blessures émotionnelles et réactivent notre mémoire traumatique, entravant une écoute empathique des émotions vécues par les enfants.

8 pistes pour faire face aux petites et grosses larmes

1.Respirer et prendre le temps de retrouver une sérénité intérieure

Quand on est retourné par les pleurs d’un enfant, quand on est dans l’incapacité de les accueillir, voire qu’on a envie de crier sur l’enfant, de lui dire de se taire ou qu’une tendance à l’action violente monte, il est important de s’accorder une pause pour un temps d’introspection et d’auto empathie : “oui, je suis excédé.e par ses pleurs, ça me met hors de moi, j’en peux plus, j’ai envie de crier, ça me tord les boyaux, j’ai tellement envie de calme, de repos, je rêve d’un moment à moi, c’est vrai que j’en rêve, j’aimerais tellement qu’il/ elle se taise”.

Quand c’est possible et nécessaire, il peut être utile de s’isoler pour pleurer soi-même, de se boucher les oreilles le temps de calmer les émotions envahissantes et potentiellement violentes ou encore de mettre des bouchons d’oreille.

C’est seulement quand on est dans cet état de sérénité intérieure qu’on est en état d’accueillir les pleurs des enfants avec bienveillance sans les nier, sans les minimiser, juste en écoutant ces pleurs avec empathie (“c’est vraiment difficile pour toi, pleure, je suis là”) ou alors par un simple regard tendre et respectueux du vécu de l’enfant.

2.Tenir un journal émotionnel (par écrit ou mental)

Dans ce journal émotionnel, on peut se poser des questions sur son histoire personnelle, sur son enfance, sur les situations qui déclenchent des envies de violence ou de dépression :

  • quelle est la dernière fois que je me suis sentie démuni.e et/ou excédé.e par les pleurs de mon enfant ?
  • quel a été le déclencheur ?
  • comment ça a fait dans mon corps (sensations, intensité) ? où est-ce que c’était en moi ?
  • comment ça s’est manifesté (pensées, tendance à l’action) ?
  • comment cela a-t-il tourné ?
  • qu’est-ce que j’aurais pu faire de différent ?

Il est également possible de se mettre en contact avec les sensations et émotions ressenties lors de nos propres pleurs :

  • m’arrive-t-il de pleurer ?
  • qu’est-ce qui se passe pour moi quand je pleure ?
  • est-ce que je peux me souvenir du soulagement que j’ai ressenti après ces pleurs ?
  • est-ce que je peux imaginer que mon enfant vit cela également et a besoin de mon attention, de mon soutien bienveillant pour se laisser traverser par ses pleurs et se sentir mieux ensuite ?

3.Aller puiser dans un souvenir heureux

Se souvenir d’un moment d’amour, de bonheur partagé avec l’enfant permet de se connecter avec un sentiment d’amour inconditionnel qui donne l’énergie de penser en termes de lien, de connexion plutôt que de rejet, de négation.

4.Visualiser les larmes comme une manière de guérir des blessures

Les larmes sont un processus normal de guérison et d’appel au soutien. Elles ne sont pas à calmer à tout prix ou à réprimer mais à accueillir comme un message envoyé par le corps au service de la vie.

Quand on visualise les pleurs comme une manière de faire sortir ce qu’on a sur le cœur, on comprend l’importance d’encourager les enfants à sortir toute leur souffrance (émotionnelle et/ou physique).

A cet effet, on peut installer mentalement un vase devant nous que les larmes de l’enfant viendront remplir. Au fur et à mesure que le vase se remplit, on visualise la blessure de l’enfant qui guérit sans se laisser soi-même envahir.

5. Provoquer et prolonger un contact corps à corps

On peut proposer à l’enfant qui pleure de le prendre dans les bras. Quand il est dans les bras, on peut prolonger le contact des deux corps, comme si les bras du parent “écoutait” le corps de l’enfant.

Ce contact corps à corps, aussi longtemps qu’on sent que l’enfant en a besoin, lui donne suffisamment de sécurité pour qu’il puisse décharger son émotion jusqu’au bout, et permet au parent de recharger son propre réservoir émotionnel à travers le toucher.

Si l’enfant refuse le contact, il est possible en tant que parent de faire ce travail intérieur mentalement pour se ressourcer et recharger son propre réservoir afin d’éviter l’hyper réaction ou la violence.

6.Encourager la décharge émotionnelle complète à travers les pleurs

Il est utile aux enfants de savoir qu’ils sont entourés d’adultes capables de rester là, pleinement présents aux émotions douloureuses des autres, de les regarder pleurer leur douleur avec empathie mais sans se laisser submerger par cette douleur qui n’est pas la leur; des adultes capables de dire :

“Pleure, je suis là pour écouter comme tu te sens mal, montre-moi. Pleure tout ce que tu as besoin de pleurer.”

8.Apprendre à différencier émotions primaire et réactions parasites

Une émotion saine ne dure jamais plus de quelques minutes : les émotions sont comme des vagues qui montent puis descendent quand elles ont fait leur “travail” (attirer l’attention sur un besoin non satisfait, trouver du soutien, décharger une tension dans le corps…).

Si les pleurs durent longtemps ou semblent complètement disproportionnés par-rapport à l’élément déclencheur, c’est que l’émotion réelle n’est pas identifiée. On peut alors écouter l’enfant à l’aide de l’écoute active pour l’aider à trouver la cause réelle de la crise émotionnelle et mettre des mots dessus.

 

Pour aller plus loin :

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Source : Il n’y a pas de parent parfait : l’histoire de nos enfants commence par la nôtre de Isabelle Filliozat (éditions Poche Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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