Quelle est la différence entre sentiments et actions ?

L’action d’un enfant regroupe ses actes, sa manière de réagir visible “à l’extérieur” dans une situation donnée. Tout comportement n’est pas acceptable (taper ne l’est pas, insulter non plus, pas plus que se montrer irrespectueux/se). A partir du moment où une action blesse (physiquement ou psychologiquement) quelqu’un ou soi-même, elle n’est pas acceptable.

Les sentiments d’un enfant correspondent à ce qu’il ressent, à ce qui se passe “à l’intérieur” (la tête qui bout, les jambes qui flagolent, le cœur qui bat vite…). Tous les sentiments ressentis par l’enfant sont acceptables, tous les comportements ne le sont pas.

Ainsi, tout enfant a le droit d’être fâché, d’éprouver des sentiments hostiles à l’égard d’autrui, de se sentir en colère à l’intérieur. Mais toutes les manières d’exprimer la colère ne sont pas acceptables.

Tu as le droit d’être en colère et c’est ce que tu ressens à l’intérieur de toi. Moi aussi, je serais certainement en colère dans ton cas.

Il convient donc de proposer des repères raisonnables aux actes d’un enfant tout en le laissant manifester les sentiments qu’il peut ressentir.

Une image assez parlante pour expliquer pourquoi il est important de laisser l’opportunité à l’enfant d’extérioriser librement ses élans émotionnels est celle de la chaudière ou de la cocotte minute.

Rien n’est plus dangereux que d’empêcher la vapeur de s’échapper d’une chaudière.

Un outil pour exprimer la colère de manière respectueuse : la roue des choix

La roue des choix est un outil de discipline positive qui propose des alternatives respectueuses d’expression de la colère. Il s’agit d’offrir aux enfants un moyen de soulager leur colère.

 

Dans un premier temps, il s’agit pour l’adulte de reconnaître les sentiments sans jugement ni tentative de répression des émotions (“tu as l’air en colère”, “c’est très intense ce qui se passe dans ta tête, “tu ressens beaucoup de colère à l’intérieur de toi on dirait”). puis de proposer de l’aide dans un deuxième temps : “Est-ce que cela t’aiderait de regarder sur la roue des choix pour savoir comment exprimer ta colère ?

La roue des choix est un outil visuel qui présente de façon ludique différentes solutions pour gérer un problème ou accompagner une émotion forte. Il est possible d’y ajouter une attache parisienne et une sorte d’aiguille que l’enfant fera tourner pour déterminer la manière de soulager sa colère au hasard ou alors il s’agit d’un simple support visuel des manières de soulager sa colère parmi lesquelles il pourra choisir en fonction de son état d’esprit et de la situation.

roue des choix colère

 

Cet outil est d’autant plus pertinent quand l’enfant est impliqué dans son élaboration, à la fois dans le contenu et le contenant (à décorer et colorier par exemple). Par exemple, le parent peut proposer plusieurs solutions et l’enfant choisit ses 4 ou 5 préférées qui seront consignées dans la roue des choix.

Cette roue des choix est à personnaliser et celle que je propose n’est pas un modèle figé. On pourrait penser à différentes activités :

  • dire ses sentiments à quelqu’un (le fait de nommer une émotion ressentie en diminue l’intensité. Daniel Siegel écrit : Il suffit de nommer une émotion pour sentir décroître peur et colère.),
  • taper dans un coussin de la colère (l’idée n’est pas de taper dans le coussin comme on taperait sur la personne qui a suscité la colère mais plutôt en prenant une grande inspiration tout en levant au ciel les deux poings joints puis en baissant les bras sur l’expiration pour atteindre le coussin avec les deux poings toujours joints… à envisager dans l’esprit du yoga plutôt que du défouloir violent),
  • dessiner la colère sur une feuille ou un tableau jusqu’à ce qu’elle disparaisse de l’intérieur du corps (l’enfant a le droit de déchirer sa feuille, de traverser et même de la froisser),
  • écrire une lettre à la personne qui a déclenché la colère (sans utiliser d’insulte),
  • chanter ou jouer de la musique,

calme et attentif comme une grenouille enfant

  • pleurer,

 

  • travailler sur la respiration (par exemple, souffler sur ses mains en forme de bol pour en refroidir le contenu imaginaire),
  • crier ou courir dehors,

 

  • faire un câlin à papa/maman/au chien/au chat/ à doudou,
  • tirer sur une corde,
  • bouger, se mettre en mouvement (comme faire des pompes ou des abdos),
  • utiliser des poupées, des marionnettes ou des peluches pour rejouer la scène,
  • s’isoler,
  • aller se rouler dans l’herbe (ou chercher le contact avec la verdure),
  • boire un grand verre d’eau,
  • cuisiner et malaxer les aliments (pâte à tarte, à pain…)

 

Après la lecture du livre La discipline sans drame de Daniel Siegel, je suis réservée quant aux pratiques qui ont tendance à associer des acte violents (taper dans un punching ball, taper dans un coussin avec agressivité…) à l’expression des émotions. Lorsqu’une expérience se répète à de nombreuses reprises, elle approfondit et renforce les connexions entre les neurones, comme un conditionnement ou une habitude. La constitution de réseaux de neurones peut donc s’avérer une bonne ou une mauvaise chose. Les neurones qui s’agitent ensemble se connectent ensemble donc les actes violents (même s’il s’agit de taper dans une chose ou un objet comme un punching ball) seront associés à la colère. La colère a alors plus de risque de dégénérer en violence.

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Source d’inspiration : La discipline positive de Jane Nelsen aux éditions Poche Marabout (disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet)

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