13 principes directeurs pour pratiquer la parentalité inconditionnelle (selon Alfie Kohn)

parentalité inconditionnelle

 

aimer nos enfants inconditionnellementLa parentalité inconditionnelle repose sur notre capacité à accepter et aimer nos enfants tels qu’ils sont et pour ce qu’ils sont, sans mettre de conditions.

Alfie Kohn propose 13 principes directeurs pour pratiquer la parentalité inconditionnelle (plutôt que des techniques, des mots à dire ou des outils). Pour lui, c’est ensuite à chaque parent de décider quelles sont les idées raisonnables et applicables pour lui parmi ces grands principes, puis de la façon d’incarner ces principes au quotidien.

Au-delà des stratégies et des outils, ce sont les actions, les mots, les expressions non verbales ou encore le ton de la voix qui font apparaître si on prend les enfants au sérieux.

Aucune intervention, la mienne ni celle de quiconque, n’offre de garantie absolue d’efficacité. Ce que je vais décrire a plus de chances de fonctionner [que la parentalité traditionnelle], et comporte beaucoup moins de risques de nuire au développement sain de l’enfant ou à notre relation avec lui.

L’abandon des veilles méthodes doit toutefois aussi s’accompagner d’un changement de but. Plus précisément, notre question ne devrait pas être : “Comment obtenir que mon enfant fasse ce que je dis ?” mais : “De quoi mon enfant a-t-il besoin et comment puis-je l’aider ?” – Alfie Kohn

 

principes directeurs parentalité inconditionnelle

 

Ces 13 principes directeurs participent tous aux mêmes objectifs :

  • exprimer aux enfants un amour inconditionnel (en toutes circonstances)
  • leur donner plus d’occasions de prendre des décisions
  • imaginer les choses de leur point de vue.

1. Réfléchissez bien

Alfie Kohn écrit :

Les meilleurs parents n’hésitent pas à regarder en eux-mêmes et à ne pas se ménager dès lors qu’il est question de réfléchir à l’éducation de leurs enfants. Je ne veux pas dire par là qu’il faut vous consumer de culpabilité ou vous sentir incompétent; il arrive qu’on verse dans l’auto critique excessive (ou la critique contreproductive).

Plus vous vous connaissez vous-même, plus vous comprendrez en quoi vos besoins et votre vécu (par exemple : ce qui vous met en colère et pourquoi ?) affectent votre façon d’agir avec vos enfants, plus vous avez de chances de vous améliorer.

Ne cessez pas d’être gêné si vous trouvez gênantes certaines des choses que vous faites. Et soyez attentif aux signes qui pourraient indiquer que votre façon d’agir avec vos enfants a peut-être dérivé vers le contrôle, sans même que vous vous en soyez rendu compte.

 

2. Reconsidérez vos exigences

Alfie Kohn regrette que de nombreux livres sur l’éducation prennent pour point de départ ce que les parents veulent faire faire aux enfants, sans pour autant chercher à savoir si cela en vaut la peine ou si la demande est adaptée aux capacités ou encore aux besoins de l’enfant.

Avant de chercher des méthodes pour obtenir des enfants qu’ils fassent ce qu’on leur dit, nous devons d’abord prendre le temps de vérifier la pertinence ou l’utilité de nos demandes.

Si c’est tellement insupportable pour l’enfant, pourquoi le forcer à prendre des leçons de piano ? 

A quoi bon forcer les enfants à manger s’ils n’ont plus faim ou à finir leur assiette ? (on ferait manger les enfants en fonction de la portion qu’on leur a servie plutôt qu’en fonction de leur appétit)

Pourquoi forcer un enfant à aller au lit alors qu’il n’a pas encore sommeil ? 

 

3. Gardez à l’esprit vos objectifs à long terme

Quels sont nos objectifs à long terme ?

Quels mots ou quelles phrases nous viennent à l’esprit pour décrire ce que nous voudrions que nos enfants deviennent quand ils seront plus grands ?

Est-ce que nos actes sont cohérents avec ce que nous désirons réellement ?

Nos pratiques quotidiennes ont-elles une chance d’aider nos enfants à devenir les personnes que nous aimerions qu’elles soient ?

Ce que nous disons à nos enfants au supermarché, lors des repas ou des couchers contribue-t-il à les rendre heureux, équilibrés, indépendants, épanouis (ou tout autres objectifs à long terme que nous nourrissons pour eux) ?

Si ce n’est pas le cas, que devons-nous faire à la place ?

Alfie Kohn reconnaît qu’il est difficile de faire les choses systématiquement et quotidiennement. Mais la bonne nouvelle est que les parents utilisent de meilleures stratégies quand ils gardent à l’esprit leurs objectifs à long terme.

 

4. Donnez la priorité à la relation

Avoir raison n’est pas nécessairement le plus important. De fait, cela n’a même plus aucune importance si vos enfants sont paralysés à votre seule vue.

Gérer les comportements inappropriés ou résoudre les problèmes est plus facile quand les enfants se sentent suffisamment en sécurité avec nous pour nous expliquer pourquoi ils ont agi comme ils l’ont fait.

Nos enfants se sentent-ils suffisamment en sécurité pour se confier à nous (sans crainte de jugement, de critique, de leçon de morale, de punition…) ?

 

5. Changez votre façon de voir et pas seulement votre façon d’agir

Les parents qui aiment sans conditions sont capables de voir le même acte [inapproprié] comme un problème à résoudre, une occasion d’enseigner quelque chose plutôt que de faire souffrir l’enfant. – Alfie Kohn

 

6. Respectez l’enfant en toutes circonstances

Alfie Kohn cite plusieurs exemples de ce qu’il estime être un manque de respect envers les enfants :

  • se montrer narquois ou sarcastique,
  • ne pas prêter attention aux demandes des enfants,
  • ne pas prendre au sérieux leurs colères
  • se moquer de leurs peurs,
  • interrompre les enfants comme on n’oserait pas le faire avec un adulte,
  • les rabaisser,
  • nier leurs ressentis ou émotions internes…

Nous ne pouvons pas toujours supposer que notre maturité nous donne une meilleure connaissance de nos enfants que celle qu’ils ont eux-mêmes. – Alfie Kohn

enfant saute dans tous les sens pendant le confinement

enfant saute dans tous les sens pendant le confinement

7. Soyez authentique

Nous ne devons pas nous cacher derrière le rôle de Père ou de Mère au point d’en faire disparaître notre humanité (ou notre relation humaine avec eux). – Alfie Kohn

Alfie Kohn nous incite à nous montrer tels que nous sommes : les “vraies” personnes ont des besoins, des choses qu’elles aiment faire et d’autres qu’elles détestent, sont parfois énervées ou distraites, font parfois des erreurs et ne savent pas, disent des choses qu’elles ne pensent pas et qu’elles regrettent ensuite, sont faillibles.

Cette authenticité devrait nous conduire à nous excuser quand nous faisons des erreurs, quand nous manquons de respect envers les enfants, quand nous ne les prenons pas au sérieux.

 

8. Parlez moins, questionnez plus

En règle générale, notre première priorité devrait être de comprendre l’origine du problème, de reconnaître les besoins des enfants et les étapes de leur développement moteur ou cognitif.

Pour résoudre un problème, nous avons besoin d’en connaître la source, les enjeux et les partis impliqués.

Afin de poser des questions efficaces, Alfie Kohn nous propose quelques pistes :

  • éviter les questions pour lesquelles il n’y a qu’une seule bonne réponse
  • éviter les questions qui commencent par “pourquoi ?” (en connaître la raison ici)
  • se demander pourquoi nous voulons poser une question afin de savoir si elle mérite d’être posée

Si nous ne sommes pas tout à fait sûrs de ce que l’enfant va dire, si nous sommes ouverts à plus d’une réponse, il y a des chances que la question soit utile. – Alfie Kohn

Parler moins peut même revenir à ne pas parler du tout ! Quand un enfant traverse une période difficile, simplement rester près de lui, sans rien dire, est une façon de respecter ce qu’il est en train de vivre. Le câliner ou lui tenir la main (si l’enfant le permet) peut transmettre les sentiments bien mieux que les mots.

 

9. N’oubliez pas leur âge

Voici des repères en fonction de l’âge des enfants : étapes développement enfant 1 à 5 ans

 

étapes développement enfant 6 à 11 ans

 

10. Prêtez aux actes des enfants les meilleures intentions possibles qui soient cohérentes avec les faits

On ne peut jamais être vraiment sûr de la raison pour laquelle un enfant a agi d’une certaine façon (immaturité, manque de compétence, désir d’explorer, incapacité à prévoir les conséquences…).

Prêter des intentions malveillantes aux enfants risque de se transformer en prophéties auto-réalisatrices : “Tu penses que je suis vraiment méchant et qu’on a toujours besoin de me contrôler ? D’accord. Regarde-moi donc faire comme si tu avais raison.

Un très fort sentiment d’injustice envahit et marque durablement les enfants quand un adulte qui n’a pas toutes les données en main présuppose que l’enfant a mal agi (alors que ce n’est pas le cas).

Nous pouvons aider les enfants à acquérir des bonnes valeurs en les traitant comme si ces dernières motivaient déjà leurs actes.

 

11. Ne restez pas inutilement campé sur vos refus

Lorsque je suggère de faire en sorte de ne pas dire non trop souvent ou sans nécessité, je ne veux pas dire par là que nous ne devons pas prendre en compte nos préférences ou ce qui est le plus commode pour nous. Tout cela devrait compter en effet, mais pas au point de restreindre inutilement nos enfants et les empêcher d’expérimenter suffisamment. Si l’on va par là, c’est toute l’éducation d’un enfant qui est vraiment peu pratique, particulièrement si l’on veut bien faire. Si vous n’avez pas l’intention de renoncer à une partie de votre temps libre, si vous voulez une maison calme et bien rangée, peut-être devriez-vous plutôt envisager d’élever des poissons exotiques :). – Alfie Kohn

Alfie Kohn ajoute que ce qui prépare le mieux  les enfants à affronter les défis du “monde réel”, c’est d’expérimenter la joie et la réussite. Les gens ne savent pas mieux faire face au malheur parce qu’on les a délibérément rendus malheureux quand ils étaient petits.

On peut alors choisir nos batailles et réfléchir à ce qui motive nos refus.

La position d’Alfie Kohn me fait penser à celle de Carlos Gonzales : il fait référence aux gouvernements qui ne cèdent jamais devant les revendications de leurs citoyens.

Un gouvernement qui se fixerait comme règle de ne jamais céder, de ne jamais renoncer à une décision, de ne pas négocier, d’ignorer les manifestations, serait un gouvernement dictatorial, antidémocratique, inefficace. Partout sur la planète, ce sont les gouvernements qui négocient le plus et cèdent le plus qui peuvent compter sur l’amour et le respect le plus complet de leurs citoyens; alors que les autres, les inflexibles, sont toujours exposés à être renversés par une révolution. – Carlos Gonzales

>>> Pour aller plus loin : L’art de dire non aux enfants

 

12. Ne soyez pas rigide

Alfie Kohn conseille de :

  • bousculer les règles pour les grandes occasions : les enfants sont capables de comprendre qu’il s’agit d’exceptions
  • supprimer les punitions (voir cet article : 26 alternatives aux punitions)
  • mettre en place des rituels et des routines sans que ceux-ci deviennent des carcans : les rituels doivent pouvoir évoluer en fonction des besoins, de l’âge…
  • ne pas tenir à un “front commun” entre parents à tout prix : l’enfant peut avoir l’impression que deux géants se sont ligués contre lui et il est sain pour les enfants de voir que les adultes ne sont pas toujours d’accord mais qu’il est possible de résoudre des désaccords dans le respect de chacun.

 

13. Ne soyez pas pressé

Nous gagnerions à réfléchir aux façons d’adapter nos emplois du temps pour réduire les moments où nous aurons à nous presser et les enfants par la même occasion (heure du réveil, heure du bain, horaires professionnels, drive pour les courses…).

Réorganiser nos emplois du temps réduira le nombre de frictions car nous aurons plus de temps pour attendre un enfant résistant, défiant ou flânant.

>>> Plus de propositions pour savourer le temps passé avec les enfants : 25 propositions pour une éducation lente

 

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Source : Aimer Nos Enfants Inconditionnellement de Alfie Kohn (éditions L’instant présent). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet (site de l’éditeur).

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