Le vide relationnel provoqué par les parents distraits par les écrans (et comment déconnecter en famille)

parents distraits par les écrans

Dans son livre L’autorité bienveillante, Kim John Payne regrette que des millions d’enfants reçoivent, des dizaines de fois par jour, le message suivant : l’écran est roi.

Un parent qui renonce à vérifier constamment son téléphone et qui concentre son attention sur sa famille envoie un signal puissant et positif à ses enfants : ils sont en sécurité, ils sont aimés, ils appartiennent à une famille où les liens comptent, où les relations humaines ont plus d’importance que le virtuel.

C’est difficile pour bon nombre d’entre nous de résister à consulter notre téléphone ou à répondre à la moindre sollicitation (notifications, appels, SMS, messagerie sociale…).

Pourtant, il est important de garder en mémoire que, quand les adultes accordent beaucoup d’attention aux écrans, les enfants les imitent. Ces derniers perçoivent également le message que les écrans apportent du réconfort et sont plus important que les interactions réelles.

Le résultat de ce détournement de l’attention est une érosion de la vie de famille. Les enfants se sentent délaissés, leurs besoins d’appartenance et de sens ne sont pas comblés, la qualité de l’attachement en pâtit… si bien qu’ils vont rechercher ce qui leur manque à la maison ailleurs (dans les appareils connectés et les réseaux sociaux notamment, vu que les enfants sont de grands imitateurs des adultes).

Par ailleurs, les enfants vont être amenés à se “battre” pour notre attention : n’est-ce pas la meilleure manière d’attirer notre attention que celle de faire l’idiot ou d’être insolent pour provoquer une étincelle d’attention ?

Kim John Payne va jusqu’à parler de “vide relationnel” quand les parents sont trop souvent distraits par les écrans. Mais, puisque nous avons amorcé ce cycle en privant nos enfants d’une partie de notre attention, nous avons le pouvoir de renverser la situation.

Payne propose quelques manières d’éviter la distraction due aux écrans dans notre vie de famille (et donner un modèle de rapport sain aux écrans à imiter) :

Anticiper

Si nous attendons un message important, nous pouvons prévenir l’enfant à l’avance et lui expliquer que nous n’aimons pas les interruptions quand nous sommes avec lui mais que c’est une exception (à condition que les exceptions restent des exceptions).

Plan B : des occupations pour les enfants

Si nous avons besoin de prendre un appel important en présence de l’enfant, nous pouvons prévoir une activité simple qu’il pourra réaliser en autonomie.

Il est également recommandé de prévenir l’enfant que, s’il évite d’interrompre l’appel, celui-ci se terminera plus vite.

Merci et gratitude pour nourrir le lien

Quand l’enfant a attendu, le remercier permet de (re)créer du lien : “Merci d’avoir patienté sans m’interrompre. Ce n’est pas facile d’attendre et tu m’as bien aidé en le faisant.”

Respecter l’appelant

Mieux vaut essayer d’abréger l’appel en convenant d’un autre moment pour discuter dans de meilleures conditions : “Je suis heureuse de t’entendre. Je voudrais vraiment pouvoir me concentrer sur notre discussion mais je suis avec mes enfants actuellement. Je te rappelle dans une heure/ demain/ mercredi matin.”

Un temps pour se remettre en lien 

L’attachement et la qualité du lien avec les enfants sont les plus grands enjeux de la parentalité et se nourrissent de petits actes. Ainsi, faire quelque chose d’agréable avec l’enfant après avoir été interrompu permet de manifester de l’amour (un câlin, une question sur son dessin ou l’histoire qu’il mime avec ses personnages…).

Vérification au bon moment

Parfois, nous ne pouvons pas totalement déconnecter (raisons professionnelles, appel personnel important…). Mieux vaut alors s’assurer que les enfants sont profondément plongés dans une activité ou qu’une personne s’occupe d’eux avant de vérifier les messages.

Du temps débranché

Inscrire du temps déconnecté sur l’agenda est une priorité pour déconnecter réellement dans les faits. Lors de ces moments de la journée, la priorité sera donnée au temps passé avec les enfants, sans interruption et dans une pleine attention.

Ces moments peuvent varier selon les familles et les contraintes propres à chaque parent : sur le chemin de l’école, au retour de l’école, pendant les devoirs, couvre-feu à partir d’une certaine heure (puis rallumage une fois les enfants endormis)… Idéalement, tous les temps forts familiaux seront mieux appréciés sans écran (repas, rituels du coucher, bain, trajets communs…).

Il s’agit de s’engager totalement : le téléphone, la montre connectée et la tablette seront au pire monde avion, au mieux éteints. C’est OK (et supportable) de ne pas être joignable ou de ne pas être tenu au courant de l’actualité en temps réel pendant des laps de temps dédiés à la vie de famille.

Ne jetez même pas un coup d’oeil

S’il a été décidé d’un temps de déconnexion et que le téléphone sonne tout de même, un message fort qui nourrit le lien est de dire : “Oh, ça peut attendre”.

Les mêmes règles pour tous

Il sera plus simple de demander aux enfants (adolescents) de respecter des règles d’usage des écrans si les adultes suivent ces mêmes règles (pas de téléphone à table, pas de consultation des écrans en plein milieu d’une conversation, extinction des écrans à partir d’un couvre feu familial…).

Quoiqu’il en soit, la règle d’or est celle de la pleine présence. Les enfants se sentent aimés quand ils perçoivent de réelles manifestations d’amour et, pour les enfants, amour est synonyme de temps et d’attention.

La famille doit être plus importante que les médias sociaux dans la vie des enfants

Si nous laissons nos enfants accéder trop tôt aux réseaux sociaux, ils risquent tout simplement de contourner les phases cruciales de l’influence familiale alors même que celles-ci les aideraient à se construire, pour être ensuite capables de gérer les pressions des pairs et du marketing.

Quand on y pense, il est évident que si nous voulons que nos enfants suivent notre guidance, nous devons consacrer du temps à créer des liens solides avec eux. Les écrans nous volent ce temps de construction des liens. Si nous voulons améliorer la qualité de notre vie de famille et la fluidité des moments où nous éduquons nos enfants, nous devons tenir à l’écart ces bandits voleurs de temps que nous appelons les écrans. – Kim John Payne

Payne donne même la formule du changement pour limiter la présence des écrans dans nos vies (la nôtre et celle de nos enfants). L’Insatisfaction multipliée par la Vision multipliée par les Premiers Pas donnent un résultat supérieur à la Résistance : I (insatisfaction) x V (vision) x PP (premiers pas) > R (résistance au changement).

………………………………………………….

Source : L’autorité bienveillante : rassurer et soutenir l’enfant du tout-petit à l’adolescent de Kim John Payne (éditions Aethera). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

Commander L’autorité bienveillante sur Amazon ou sur Decitre