Plus le nid est douillet, plus les ailes seront grandes pour voler : envelopper les bébés de bien-être ne les “gâte” pas

Plus le nid est douillet plus les ailes seront grandes pour voler

 

Bernadette Lavollay est pédiatre et a écrit le livre Les vrais besoins de votre bébé qui est un plaidoyer pour la bien traitance dès l’accouchement.

Elle rappelle que, pour un nouveau-né, les cinq sens constituent le repère majeur sur lequel il peut compter pour retrouver sa vie antérieure fœtale douce et constituer un trait d’union entre sa nouvelle vie extra-utérine et celle intra utérine qui fut si confortable.

Le toucher, le bercement, le câlin dans les bras, la voix qui murmure, chantonne, l’odeur maternelle retrouvée sont un véritable cocon sensoriel qui enveloppe le nouveau-né et lui permet de s’apaiser face aux découvertes de sa nouvelle vie. – Bernadette Lavollay

Bernadette Lavollay insiste beaucoup sur l’importance du peau à peau dans les premiers instants après la naissance avec le corps maternel pour que le nouveau né retrouve tous les repères sensoriels enregistrés durant la vie fœtale. La pédiatre invite les mères et les pères à prendre leur nouveau né autant que possible dans les bras, à le bercer, à le tenir contre eux, à lui parler, à le regarder les yeux dans les yeux. Tous ces gestes lui apporteront bien-être, confort, sécurité et sérénité.

Bernadette Lavollay plaide en faveur du portage physiologique. Pour faciliter la proximité corporelle bébé/ parent et soulager le dos des adultes tout en leur laissant une marge de liberté, il est possible de porter bébé dans un bandeau de portage, une écharpe ou un sac de portage adapté et utilisé en sécurité. Les pères, les grands parents et toute autre personne de confiance de l’entourage peut amener les bénéfices du porter et du toucher au bébé (à condition que les parents donnent leur consentement et que les gestes soient respectueux, non intrusifs).

Bernadette Lavollay rappelle que le papa est le mieux placé pour prendre le relais des mères et que le portage par le père répond à un besoin fondamental du bébé qui ne demande que cela.

Le bébé apprendra progressivement à trouver de nouveaux repères confortables auprès d’un être chaleureux qui le dorlote. – Bernadette Lavollay

Oublier les principes et diktats éducatifs tout faits

Bernadette Lavollay nous enjoint, en tant que société, à oublier les principes et diktats éducatifs tout faits du type : « Tu vas lui donner de mauvaises habitudes, tu vas en faire un enfant capricieux. ».

Refuser des contacts physiques, laisser pleurer les bébés, nourrir à heures fixes plutôt qu’à la demande, faire dormir les bébés dans une chambre à part dès le retour à la maison, c’est méconnaître et/ou nier les besoins fondamentaux d’un nouveau-né. Nous le faisons pourtant par crainte (non fondée et profondément culturelles) de la fusion, d’un attachement trop exclusif ; par volonté de donner à l’enfant une autonomie la plus précoce possible ; par souci aussi de préparer ce futur adulte aux affres de la vie, la souffrance, la guerre, la lutte pour la survie.

Toutes les études scientifiques confirment les bienfaits à long terme du maternage proximal durant les premières semaines de la vie car il répond aux besoins vitaux du nourrisson.

La théorie de l’attachement repose sur l’idée selon lequel plus le lien est solide et bien constitué dès les premiers mois avec une « figure d’attachement », plus le bébé reçoit une base sécurisante, plus il pourra explorer le monde et trouver son autonomie. Bien s’attacher avant de pouvoir se détacher :).

En tant que pédiatre, Bernadette Lavollay affirme que de nombreuses mères qu’elle a rencontrées sont soulagées d’entendre ces paroles, qui correspondent à ce qu’elles estiment juste envers leurs bébés, mais en sont empêchées par l’entourage, par notre culture de la séparation.

Notre société du savoir, du vouloir, du pouvoir, de la rationalisation, du contrôle, de l’efficacité, de la performance, de la réussite, de l’immédiateté va à l’encontre des valeurs de la maternité : l’oubli de soi pour se donner à un être qui attend tout de nous et nous emmène dans le monde de la sensorialité, de l’émotion, de la vie, du devenir, du rêve, du respect de la physiologie. Oublions nos peurs : peur du manque, de l’échec, de l’esclavage, de nos insuffisances. Remplaçons-les par la confiance dans les compétences du bébé, celles des parents, de la vie. – Bernadette Lavollay

Entendre ce discours peut provoquer de la détresse, de la culpabilité chez certains parents pour plusieurs raisons :

  • la société n’est pas conçue pour favoriser le maternage proximal (conditions d’accouchement en maternité non physiologiques, congé maternité court, congés paternité encore plus court, stress de la vie quotidienne, croyances erronées à propos des besoins des bébés…);
  • certains parents qui ont connu une enfance difficile peuvent se retrouver paniqués face aux pleurs des bébés, face à l’intensité de l’engagement que les soins d’un bébé demandent (ce sont les effets de la mémoire traumatique);
  • certaines mères qui n’ont pas pu allaiter ou pratiquer le peau à peau à la maternité (pour une raison ou une autre) peuvent culpabiliser alors que ce type d’information est justement une source de pouvoir personnel (connaître les besoins des bébés permet d’identifier ce dont un bébé a pu manquer et, grâce à la plasticité neuronale, on sait qu’il est possible de résilier à travers la narration de l’histoire de la naissance et une éducation bien traitante et consciente dès que la prise de conscience est faite).

Certes, bébé s’adapte à sa mère, à ses parents, à son environnement, à cette nouvelle vie, mais vous aussi, sa mère, ses parents, l’environnement, vous vous adaptez à votre bébé.- Bernadette Lavollay

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Source : Les Vrais besoins de votre bébé : les découvertes qui révolutionnent la naissance et les premiers mois de Bernadette Lavollay (éditions Les Arènes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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