3 pré requis à la puissance de l’empathie

puissance de l'empathie

L’empathie est une façon de comprendre avec respect ce que les autres vivent. – Marshall Rosenberg

L’empathie consiste à établir un lien d’être humain à être humain dans lequel l’un est capable d‘entendre la profonde souffrance de l’autre au-delà des mots prononcés en cherchant les émotions et besoins cachés derrière les jugements, les attaques, les critiques, les refus, les plaintes. L’empathie, c’est chercher à comprendre la réalité que perçoit autrui, c’est entendre les sentiments et besoins qui se cachent derrière les remarques. C’est là que se trouve la puissance de l’empathie.

Les pré requis à l’empathie sont

  • 1/ une qualité de présence et d’attention entière à ce que l’autre éprouve,
  • 2/ la capacité à écarter les préjugés et les jugements sur les autres,
  • 3/ le fait d’accorder à autrui le temps et l’espace dont il a besoin pour à la fois s’exprimer et se sentir compris.

Ces pré requis rendent la véritable empathie très difficile à offrir. En effet, nous avons souvent tendance à conseiller, à rassurer, à exposer nos propres expériences, à donner des recettes miracles prêtes à l’emploi plutôt qu’à accueillir avec empathie ce que l’autre dit.

10 obstacles qui empêchent d’offrir à la puissance de l’empathie

Dans son livre Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Marshall Rosenberg cite 10 obstacles qui empêchent d’offrir à l’autre une véritable empathie :

  • conseiller
  • sur enchérir
  • moraliser
  • consoler
  • dévier sur des anecdotes
  • clore la question
  • compatir/ plaindre
  • interroger
  • expliquer
  • corriger

Ces obstacles risquent de donner à l’autre l’impression d’être confronté à un professeur qui le soumet à un examen ou à un psy qui étudie son cas.

Marshall Rosenberg fait une distinction entre empathie (fondée sur la présence à l’autre et à ce qu’il éprouve) et sympathie (compréhension intellectuelle et compassion pour les sentiments – exemple : “Ma pauvre !”)

Des outils pour faire preuve de réelle empathie

La puissance de la paraphrase dans l’écoute empathique

En Communication Non Violente (telle que conçue par Marshall Rosenberg), l’empathie consiste à écouter les observations, les sentiments, les besoins et les demandes de l’autre, quels que soient les mots qu’il a choisis pour s’exprimer.

Il est difficile de concentrer notre attention sur les sentiments cachés et les besoins sous jacents qui motivent les propos d’autrui. Non seulement cela présuppose de ne pas se sentir visés personnellement par ces propos, de ne pas se sentir responsables des sentiments d’autrui mais cela demande également d’apprendre à raisonner en termes d’émotions et de besoins.

Ces compétences émotionnelles et relationnelles requièrent un réel apprentissage à long terme pour devenir capables d’écouter ce dont nos interlocuteurs ont besoin pour se rendre la  vie plus belle plutôt que ce qu’ils pensent de nous.

La paraphrase est un outil privilégié de l’écoute empathique. L’utilisation de la paraphrase permet de retourner à l’autre ce que nous avons compris de ce qu’il exprime. La Communication Non Violente invite à énoncer une paraphrase à la forme interrogative afin de 1/ dire à l’autre ce que nous avons compris de ce qui’il donne à voir et entendre et 2/ lui laisser la possibilité d’apporter d’éventuelles corrections. Marshall Rosenberg donne quelques exemples de paraphrases empathiques :

  • portant sur ce que l’autre observe : “Veux-tu parler du nombre de soirées où j’étais absent.e la semaine dernière ?
  • portant sur les sentiments et les besoins : “Es-tu blessé.e parce que tu aurais aimé obtenir plus de reconnaissance de tes efforts ?
  • portant sur ce que l’autre demande : “Veux-tu que je te dise pourquoi j’ai fait cela ?

Le ton de la voix utilisé pour paraphraser est important. S’il arrive souvent que des personnes doutent de nos motivations ou se sentent objet de “psychologie de comptoir”, peut-être gagnerions-nous à examiner nos propres intentions : notre motivation est-elle d’établir un lien avec l’être humain qui se trouve devant nous ici et maintenant ou bien de modifier son comportement que nous estimons négatif ou parce que nous ne pouvons pas supporter la souffrance exprimée ?

Faire preuve d’empathie demande du temps

Quand autrui émet un message et que nous l’accueillons avec l’écoute empathique, cela lui donne l’opportunité d‘explorer des sentiments encore inexprimés mais liés.

En restant dans une attitude empathique, nous permettons à notre interlocuteur de plonger plus profondément en lui-même. – Marshall Rosenberg

Marshall Rosenberg estime que nous pouvons être sûrs que nous avons bien écouté l’autre avec empathie quand :

  • un relâchement des tensions corporelles est ressenti de part et d’autre (chez l’autre et chez soi-même),
  • autrui s’arrête de parler.

Si nous ne sommes pas sûrs d’être restés assez longtemps dans le processus d’empathie, il est possible de vérifier auprès de l’autre en posant une question simple : “Y a-t-il autre chose que tu/vous voulais/vouliez dire ?”.

Quand il est difficile de faire preuve d’empathie

Marshall Rosenberg rappelle que nous avons nous-même besoin de faire le plein d’empathie pour pouvoir en donner aux autres. Il peut arriver que nous soyons dans l’incapacité de donner de l’empathie et Marshall Rosenberg propose dans ces cas-là de :

  • nous arrêter pour un temps de pause et en profiter pour nous recentrer (respirer en conscience),
  • nous accorder à nous-même de l’auto empathie,
  • exprimer avec force ce qui se passe en nous en communiquant sur nos émotions internes (la souffrance éprouvée) et nos besoins,
  • nous retirer physiquement et prendre du temps pour nous calmer et réfléchir à des solutions.

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Source : Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) de Marshall Rosenberg (éditions La Découverte). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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