Pourquoi demander de l’aide aux enfants ?

demander aide aux enfants ménage

Catherine Dumonteil-Kremer écrit : Les enfants gagnent en estime d’eux-mêmes lorsqu’ils se sentent utiles dans leur famille.

Les enfants ont en effet besoin de faire partie d’un groupe et de contribuer à atteindre un objectif commun. On peut envisager de demander de l’aide aux enfants dès 2/3 ans… parents et enfants y trouveront leur compte.

  • Les enfants se sentiront valorisés

Leurs besoins d’appartenance et d’importance sont comblés quand ils sentent que leur contribution personnelle a de l’importance et que leur présence est désirée. Les enfants ont, comme les adultes, besoin de se sentir comme ayant de la valeur dans leurs relations de la vie commune.

  • Les parents se sentiront épaulés

La vie de famille et le bon fonctionnement de la maison demandent un travail énorme 24h/24. Il est primordial que les parents se ménagent et demandent de l’aide. Mais parfois, nous nous épuisons du fait de devoir lutter pour obtenir la coopération de nos enfants.

Lire aussi : Pour des relations familiales coopératives : envisager la famille comme une équipe dans laquelle les enfants ont un rôle plein et entier

Alors comment demander de l’aide et susciter de la coopération ?

Dans son livre Poser des limites à son enfant et le respecter, Catherine Dumonteil-Kremer propose quelques pistes pour demander de l’aide de manière respectueuse et efficace :

  • Exprimer nos besoins

Les enfants sont capables d’entendre nos émotions et nos besoins, et ils y sont d’autant plus sensibles que nous nous montrons authentiques. Il n’est pas nécessaire d’être éternellement patients.

Jesper Juul donne quelques exemples :

– Solène, j’ai besoin de ton aide !

– Non, je n’ai pas le temps. Je vais aller jouer au foot avec Nicolas.

– D’accord pour que tu joues d’abord au foot, mais j’aimerais bien que tu t’occupes de la vaisselle après. 

Ou bien

– Solène, J’aimerais que tu ailles jeter dans la poubelle jaune tous nos vieux journaux aujourd’hui.

– Oh non… je n’ai pas envie. Je suis en train de regarder la télévision.

– Pas de problème Solène ! Ce n’est pas nécessaire que tu en aies envie. Tu as le droit de faire l’aller-retour à contrecoeur. En tout cas, je ne veux plus voir ces journaux ici et aujourd’hui.

  • Formuler des demandes objectives, sans reproches

Marshall Rosenberg, fondateur de la communication non violente, préconise d’utiliser le langage d’action positif : il faut dire ce que l’on VEUT et pas ce que l’on ne veut pas.

Les deux seules questions claires auxquelles nous devons répondre pour formuler une requête claire sont :

    1. Que voulons-nous que les autres fassent différemment ?
    2. Pour quelles raisons voulons-nous qu’ils le fassent ?

Ces deux questions doivent être formulées dans un langage d’action : quelle ACTION spécifique voulons-nous que cette personne fasse ?

Ainsi, un “J’ai besoin d’aide pour étendre le linge !” ne sera efficace qu’à la condition de ne pas être accompagné d’un reproche plus ou moins déguisé (qui pourrait prendre la forme de la liste de tout ce qu’on a fait tout seul ou de tout ce que l’enfant n’a pas fait dans la journée).

Les reproches nous usent et tuent notre enthousiasme. – Catherine Dumonteil-Kremer

bouger avec les enfants ménage

  • Formuler des demandes claires et précises

Détailler ce qu’on attend de l’enfant aidera ce dernier à comprendre ce qu’on attend de lui. Un “range ta chambre !” est vague et correspond à une réalité différente selon les points de vue et l’âge de l’enfant (tout cacher sous le lit, c’est une manière de faire disparaître le désordre finalement…).

“Range ta chambre” pourrait devenir “Ranger sa chambre, ça veut dire ramasser les jouets pour les mettre dans le coffre à jouets et les livres pour les mettre dans la bibliothèque.”

“Occupe toi de ton linge” devient “Je te demande de ramasser le linge sale et de le déposer dans la panière de linge sale à la salle de bain.”

Et ajouter une idée de temps rend la demande encore plus précise : “J’apprécierais que ce soit fait d’ici demain midi/ avant le repas/ dans 10 minutes…”.

 

  • Ajouter une dimension ludique à la demande

Voici quelques idées :

-Plier des papiers sur lesquels sont notées de choses à faire et les déposer dans une boite à chaussures. Chaque membre de la famille tire une tâche à effectuer et fait ce qui est écrit le plus vite possible.

-Proposer de faire la course contre le minuteur : passer par des défis rend les choses plus ludiques et donc moins contraignantes.

-A un moment donné (signalé par un signal décidé en amont et en commun, comme un mot particulier ou un tintement de verre), chacun range un nombre déterminé d’objet (3 par exemple).

-Le signal pourrait aussi être une chanson : au signal, chacun se met à la tâche (tâches décidées plus tôt, au cours d’un temps d’échange en famille par exemple) ou alors range autant qu’il peut le temps de la chanson.

-Modifier sa voix ou prendre un accent comique peut inciter les enfants à accomplir une tâche dans la bonne humeur (comme prendre une voix de robot, un langage soutenu inhabituel, un accent allemand ou anglais…).

-Le dé de le coopération :

dé de la coopération enfant

Je propose dans cet article une autre manière ludique de ranger les jouets avec les jeunes enfants : Ranger une chambre d’enfant en deux temps, trois mouvements

 

  • Faire des rappels aussi brefs que possible

Inutile de noyer les enfants dans des explications et des reproches. Un simple rappel des attentes et des règles de fonctionnement ou du planning sous forme d’un mot (“Zoé, les couverts !”) ou d’une phrase courte et informative (“C’est l’heure de mettre les couverts !) devrait suffire. Ce qui est important ici est le ton employé : il s’agit d’un rappel, pas d’un ordre directif. Pourquoi ne pas accompagner le rappel d’un sourire, voire d’un clin d’œil ?

Être bref va vous éviter de tomber dans le piège de la culpabilisation et du jugement.- Catherine Dumonteil-Kremer

 

  • Faire ensemble plutôt que faire faire

On peut aussi imaginer de mettre de la musique dans la pièce principale au moment de faire le ménage ou la cuisine pour créer une ambiance chaleureuse. Les enfants seront plus tentés de coopérer dans une ambiance détendue et joyeuse. J’utilise le mot “coopérer” volontairement car il s’agit ici de donner envie aux enfants de faire avec nous. C’est ce qui se passe (la plupart du temps) à la maison : quand je sors le matériel pour faire le ménage et que je mets un peu de musique “qui bouge” (comme dirait ma fille), elle s’interrompt spontanément de jouer pour venir m’aider.

Parfois, elle fait la poussière dans la même pièce que moi, parfois elle préfère s’occuper seule de sa chambre; parfois ça dure 10 minutes, parfois ça dure une demie heure… et parfois 3 secondes ! Les choses ne sont pas forcément figées, mais j’en profite toujours pour remarquer ses efforts et pour la remercier de son aide (“c’est agréable quand tu me donnes un coup de main/ merci de m’aider/ça va plus vite quand on s’y met à deux“). Voir à ce sujet l’article sur le renforcement positif : valoriser les petites choses qui facilitent le quotidien par le renforcement positif.

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Pour aller plus loin sur le sujet de la coopération des enfants, je vous invite à lire ces articles complémentaires :

4 étapes pour gagner la coopération des enfants (selon la discipline positive) 

5 compétences pour susciter la coopération chez les enfants (d’après Faber et Mazlish)

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