Rentrée : petites astuces pour l’autonomie des enfants (rentrer seul de l’école, rester seul à la maison, sortir…)

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Savoir leur donner la sécurité nécessaire sans freiner leur besoin d’indépendance est un sacré défi ! – Madeleine Deny

Madeleine Deny, spécialiste du jeu et autrice de nombreux livres pour les enfants, propose de nombreuses astuces pour accompagner les enfants sur le chemin de l’autonomie dans son ouvrage L’autonomie : conseils et astuces au quotidien.

Elle s’attarde notamment sur la période 6/10 ans au cours de laquelle les enfants ont de plus en plus envie de jouer dehors, d’aller chez des copains, de rester à la maison ou aller à l’école… seuls ! Madeleine Deny suggère quelques idées pour faire en sorte que cette transition se passe au mieux en conciliant les besoins d’autonomie des enfants et de ceux de sécurité des parents.

4 idées pour la rentrée

C’est à l’enfant de dire s’il se sent prêt ou non à rester seul

1.Le brevet de circulation

L’idée du brevet repose sur un principe simple : on acquiert des droits quand on démontre qu’on a les compétences pour assumer ce droit sans risque pour soi ni pour les autres. Il s’agit donc de faire passer une sorte de permis en évaluant les compétences nécessaires pour telle ou telle action.

Ainsi, un enfant qui souhaite aller faire du vélo avec les copains dehors sans les parents peut être amené à passer un “permis de jouer dehors”. Cela peut commencer par une balade à vélo avec un adulte (père/ mère) pour identifier les règles à suivre et observer si l’enfant est capable de les respecter comme par exemple :

  • mettre un casque,
  • délimiter les espaces de circulation autorisés,
  • laisser la priorité aux piétons,
  • garder sa droite,
  • adopter une vitesse correcte.

Quand l’enfant a démontré qu’il connaît et respecte ces règles, il obtient son brevet (symboliquement ou matériellement) et gagne le droit de sortir seul.

D’autres règles peuvent être introduites : durée de la sortie (exemple : 10 minutes la première fois, puis 20 puis 30) sous conditions (rentrer à l’heure, suivre les règles du brevet). Les parents peuvent insister sur le besoin de savoir l’enfant en sécurité (en parlant d’eux-mêmes et de leurs besoins, leurs émotions plutôt qu’en parlant de l’enfant). Selon la manière de fonctionner des familles, des sanctions peuvent être envisagées en cas de non respect des règles (par exemple, durée de sortie diminuée). L’idée n’est pas de punir arbitrairement mais de définir à l’avance des règles claires, connues de tous (y compris par l’enfant donc) et préalablement discutées en famille (l’enfant ayant eu la possibilité de donner son avis et de participer à la construction de ces sanctions).

2.Le jeu de rôles

On peut imaginer un jeu de rôle pour vérifier si les enfants sont capables de se débrouiller pour rentrer seuls à la maison. C’est l’enfant qui devra donner les consignes à l’adulte (père/ mère). Cela peut se faire à l’oral mais également en situation réelle.

C’est l’occasion pour le parent de poser des questions ou de faire des écarts de conduite pour vérifier que l’enfant les reprend pour dire ce qu’il faut faire à la place et s’assurer que l’enfant maîtrise les mesures de sécurité.

3.Un système d’alarme personnel

On peut aider les enfants à développer leur propre système d’alarme personnel à partir de quatre questions :

  1. Ai-je demandé la permission à mes parents ?
  2. Mes parents savent-ils où me trouver ?
  3. Y a-t-il un adulte de confiance qui peut m’aider en cas de problème ?
  4. Est-ce que ça fait oui ou non à l’intérieur ?

Si une seule des trois réponses est négative, alors l’enfant ne doit pas se mettre en danger. Ce système d’alarme personnel doit permettre aux enfants de ne pas céder au chantage ou à la pression que peuvent lui mettre ses copains pour sortir ou aller quelque part (ex : menace de se faire traiter de poule mouillée).

Un livre qui peut servir de support pour aborder ces sujets : Qui s’y frotte s’y pique ! ou Comment Mimi a appris à dire NON ! (un livre de prévention sur les abus et les dangers liés au corps des enfants)

4.Des occupations à proposer

Si un enfant veut rester seul à la maison plutôt qu’accompagner ses parents (en courses ou à un rendez-vous médical par exemple) ou s’il doit rester quelque minutes/ heures seul avant le retour des parents, il est possible de prévoir des activités afin d’éviter que l’enfant passe son temps devant la télé ou sur l’ordinateur/ tablette ou à grignoter .

Cela peut consister à mettre des jeux en évidence, à constituer une boîte spéciale avec des activités originales (ex: feutres originaux avec des paillettes ou parfumés, nouveaux personnages Lego, cahier de mots croisés, labyrinthes, kit de perles…) en fonction de ce que l’enfant aime.

Conseils généraux pour une autonomie progressive en toute sécurité

Si notre enfant veut aller jouer chez un copain, s’il veut sortir seul, si on lui propose un cadeau, lui donner l’habitude de nous demander la permission, l’idée n’étant pas tant d’interdire ou autoriser que d’avoir les informations exactes sur l’endroit où il se trouve et éventuellement se mettre d’accord sur les règles (heure de retour, moyen d’être joignable…).

Pour aller à l’école ou ailleurs, mieux vaut que l’enfant soit accompagné d’un copain que nous connaissons.

Il est possible d’apprendre aux enfants la technique sécurisante qui consiste à garder une distance de trois pas de géant entre lui et une personne qui l’inquiète.

Avant qu’il ne fasse ses trajets pour aller à l’école, il est possible d’identifier avec lui le chemin à emprunter avec tous les endroits où il peut aller demander de l’aide : la boulangerie, la poste…

Il est important de s’assurer que l’enfant sait se servir de sa clé et peut ouvrir la porte d’entrée sans aide. Au cas où il perdrait sa clé, mieux vaut mettre en place un scénario bis : laisser un double chez une personne de confiance, se rendre chez un voisin, appeler telle ou telle personne…

Pour être sûr que l’enfant ne risque en aucun cas de suivre quelqu’un, il est possible de choisir un mot de passe que seules les personnes de notre choix connaissent. Il devra l’exiger si quelqu’un d’inconnu lui demande de le suivre, quel que soit le prétexte.

Il est possible d’établir des règles pour le retour à la maison : téléphoner ou envoyer un sms à l’arrivée, rentrer directement sans escale…

Quand un enfant reste seul à la maison, il est possible de lui apprendre à ne jamais ouvrir la porte, à moins que nous l’ayons informé de l’arrivée d’un visiteur. Si la personne invoque une urgence, il doit nous téléphoner.

Il est également possible de ne répondre au téléphone que si notre nom s’affiche sur l’écran. Laisser les numéros d’urgence (les nôtres et ceux de personnes de confiance) lui permettra de les appeler en cas de problème.

Si l’enfant est autorisé à répondre au téléphone pour prendre les messages, il vaut mieux lui demander de ne pas dire qu’il est seul, mais que les parents sont occupés.

Etablir des règles précises au sujet d’Internet : ne jamais divulguer d’informations personnelles (âge, prénom et nom, adresse…). Un récapitulatif se trouve dans le guide Internet sans crainte à destination des parents à ce lien.

 

Tous ces conseils ne sont pas à prendre au pied de la lettre. Le mieux est encore d’aborder ces questions à l’occasion d’un temps d’échange en famille au cours duquel parents et enfants pourront exprimer leurs besoins et trouver des solutions qui conviennent à tout le monde. Les quelques pistes évoquées ci-dessus peuvent servir de base de travail à enrichir et modifier selon les interactions familiales, les besoins de chaque famille et le contexte (âge des enfants notamment)..

 

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Source : L’autonomie : conseils et astuces au quotidien de Madeleine Deny (éditions Nathan). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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