3 idées inspirantes pour repenser les récréations à l’école (plus de créativité, moins de violence, meilleures performances scolaires)

repenser cours de récréation école

Je vous propose 3 idées pour repenser les temps de récréation et faire place aux jeux créatifs, à l’entraide, au mélange entre grands et petits, filles et garçons, à l’imagination, au mouvement et à la nature. Les bénéfices de ces approches sont nombreux :

  • Redonner aux cours de récréation leur aspect ludique en invitant les enfants à créer, à imaginer, à jouer…
  • Favoriser le jeu libre

Le jeu libre est au coeur du développement des enfants. C’est à travers le jeu libre (sans consigne) que les enfants apprennent qu’ils sont capables de contrôler leur vie, qu’ils expérimentent ce contrôle.

  • Améliorer les capacités sociales, motrices et cognitives des enfants.

Plus de jeu, moins d’ennui et de disputes à régler en rentrant en classe, des enfants plus apaisés et plus créatifs, plus de coopération… et aussi plus de plaisir pour les adultes encadrants qui sont aux premières loges pour observer les expérimentations, constructions et créations des enfants à qui on propose un environnement riche, stimulant et adapté à leurs besoins de mouvement.

1. Les “récrés Jeu t’aime” : une nouvelle manière de jouer (empathie, créativité, coopération…)

Plusieurs écoles belges ont intégré le concept des récréés Jeu t’aime. Cette expérience s’est révélée très riche pour ces écoles. Quatre s’étaient lancées dans l’aventure durant l’année scolaire 2015-2016 puis une dizaine d’autres écoles les ont rejointes cette année 2016-1017.

Le principe des récrés Jeu t’aime est simple : installer un contenant (bacs, abri de jardin, container….) rempli d’objets quotidiens obsolètes tels que pneus, tissus, chaises, filets, pinces à linge…dans la cour de récréation et laisser librement les enfants y avoir accès pendant le temps de la récréation.

 

Ce projet s’inspire du concept des Loose Parts. Les Loose parts sont des petits objets mobiles, des matériaux naturels ou synthétiques, qui ont été trouvés, ramassés, achetés ou bien recyclés et qui peuvent être touchés, manipulés, transformés, transportés à travers le jeu. Les loose parts n’ont pas d’usage déterminé et donnent lieu à des jeux libres. En ce sens, ils participent au développement de la créativité, du raisonnement et de la résolution de problème. Des loose parts belles et captivantes peuvent capter la curiosité des enfants et leur permettre de donner libre cours à leur imagination, conduisant à des apprentissages naturels, autonomes et informels.

Avec les loose parts, les utilisations sont infinies, de même que les apprentissages. En général, les jeunes enfants sont comme « aimantés », irrésistiblement attirés par les loose parts.

Quand un environnement est riche en loose parts, les enfants ont l’opportunité de développer de nouvelles manières de penser, d’assembler, de combiner, de créer, de faire preuve de flexibilité, de satisfaire leur désir d’apprendre.

Infos pratiques et mode d’emploi sur www.yapaka.be/les-recres-jeu-taime

 

2. Quatre récréations par jour pour améliorer les performances scolaires

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A l’école élémentaire Eagle Mountain (à Fort Worth, Texas), les enfants de maternelle et de CP bénéficient de 4 récréations de 15 minutes par jour. Le temps de récréation global est passé de 20 minutes à 1 heure par jour. Cette mesure s’accompagne d’activités qui favorisent le développement de qualités telles que l’empathie ou l’optimisme.

Cette école des Etats-Unis s’inspire du modèle finlandais. Les enfants finlandais profitent de beaucoup plus de temps de jeux libres au cours de récréation que les enfants américains (et français).

Les enseignants témoignent d’une évolution positive chez les élèves : les enfants sont moins distraits, plus attentifs et discutent moins en classe. Ils remarquent même un effet étonnant sur les crayons : les enfants avaient pris l’habitude de les broyer, de les casser, de les mâchouiller mais, depuis que l’école a introduit 4 récréations par jour,  les enfants ont perdu cette habitude.

Bien que les enseignants étaient nerveux à l’idée de laisser les enfants sortir 4 fois par jour en récréation (et de prendre du retard sur le programme), ils se sont rendus compte qu’ils avaient au contraire pris de l’avance sur les programmes dès le milieu de l’année.

Si vous voulez qu’un enfant soit attentif et reste concentré sur une tâche, si vous voulez qu’il retienne une information, vous devez leur fournir des pauses régulières. –  Bob Murray, pédiatre (chercheur à l’Ohio State University)

Bob Murray a compilé des études qui appuient les observations des enseignants de l’école Eagle Mountain. Les imageries cérébrales ont montré que les enfants apprennent mieux après une pause au cours de laquelle ils ont pu bouger et jouer librement.

Les enfants qui ont plus de récréations à l’école se comportent mieux, sont en meilleure santé physique et démontrent un meilleur développement social et émotionnel.

importance recreation-ecole

Pourtant, les autorités tendent à vouloir plus de temps académique, elles veulent plus de temps pour traiter les matières fondamentales.

On continue de penser en tant qu’adultes qu’on doit contrôler ce que font et apprennent les enfants et comment ils le font. Or les enfants savent comment jouer, ils savent structurer leurs propres jeux, ils ont surtout besoin de temps pour grandir de manière responsable et éthique.

Quand on demande aux enfants ce qu’ils préfèrent à l’école, la plupart répond les récréations ! Les récréations ont plusieurs avantages :

  • une soupape physique et émotionnelle car c’est le seul moment où les enfants peuvent agir sans devoir obéir ou suivre une contrainte (de temps, d’espace…)
  • un rôle dans le combat contre l’obésité
  • une meilleure concentration
  • une amélioration des compétences académiques

supprimer récréation école

 

Les récréations ne devraient jamais être supprimées, ni utilisées comme punition ou remplacées par des cours de gym structurés. La récréation n’est pas un luxe à l’école : c’est une nécessité pour satisfaire les besoins des enfants et un catalyseur des apprentissages scolaires !

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Sources en anglais 1 et 2

 

3. Verdure et espaces verts dans les cours de récréation pour affecter positivement le développement du cerveau des enfants

Le laboratoire du Dr Mark Nieuwenhuijsen, chercheur au Centre for Research in Environmental Epidemiology à Barcelone, a mené une étude auprès de 2 600 élèves dans 36 écoles différentes pour comprendre les effets bénéfiques de la présence de verdure dans l’environnement proche des enfants sur le niveau de développement de leurs fonctions cognitives.

Les capacités cognitives des enfants se développent plus vite quand ils sont exposés à des espaces verts (toutes les sortes de végétation : arbres, arbustes, herbe, fleurs…) dans leur vie quotidienne, et surtout à l’école.

Les élèves étudiés dans le cadre de cette étude avaient entre 7 et 10 ans. Ils ont été suivis pendant une année scolaire complète et, 4 fois dans l’année, ils ont passé des tests mesurant le niveau de développement de leur mémoire de travail ainsi que de leur capacité de concentration. Ces résultats ont été mis en relation avec la présence ou non d’espaces verts à proximité proche des écoles (via des images satellites du quartier, de l’école et du domicile des enfants).

Les chercheurs ont pu démontrer un lien entre le niveau d’exposition à la verdure et le niveau de développement des fonctions cognitives (mémoire de travail et concentration). Plus il y a d’espaces verts dans et autour des écoles, plus les fonctions cognitives des enfants sont développées.

Les enfants les plus exposés à la verdure ont surperformé de 5% par rapport à la moyenne aux tests (+6% en termes de mémoire de travail, +1% en termes de concentration).

Cette étude a démontré que c’est surtout la quantité d’espace vert dans l’école et rencontrée sur le chemin de l’école qui compte (plus que celle à la maison). Les chercheurs supposent que ce lien plus fort est dû au fait que les enfants passent la plus grande partie de leur temps à l’école en période scolaire.

Ces études conduisent à des recommandations pour l’aménagement des écoles.

Les chercheurs n’ont pas réussi à déterminer quelle quantité de verdure ni quel type de verdure seraient le plus bénéfique au développement du cerveau des enfants. En revanche, il est clair que cette étude a un impact sur la manière de concevoir les écoles et l’urbanisme urbain.

Les écoles devraient planter des arbres, se doter de potagers, réintroduire l’herbe dans les cours de récréation, mettre des plantes vertes dans les classes et les couloirs, acheter du mobilier naturel.

L’architecture des écoles peut prendre ces recherches en considération. En voici des exemples :

  • le cas dans cette école maternelle de Tokyo : des arbres sont plantés dans les classes et les branches sont accessibles aux enfants par le toit.

école maternelle

  • la Green School de Bali : la structure et le mobilier de l’école sont en bambou et l’école est entourée d’immenses espaces verts.

verdure école

  • une cour d’école conçue par Nature Play Design (avec un petit ruisseau !)

cour d'école espaces verts

L’étude de la nature à partir d’observations réelles et de sorties pourraient aussi être l’occasion de mettre les enfants en contact avec la verdure : la voir, la toucher, la sentir, l’entendre, l’observer et la comprendre.

La culture d’un potager au sein de l’école pourrait également participer à cette démarche.

L’art pourrait aussi être un prétexte pour amener la nature et la verdure dans l’école :

  • observer attentivement la nature et la dessiner;
  • utiliser des matériaux naturels pour faire des couleurs (les mûres sauvages pour le violet, les feuilles ou la sève pour le vert, le bois brûlé pour le noir…);
  • créer des sculptures avec des galets, des glands ou encore des pommes de pin;
  • utiliser des éléments naturels comme supports (peindre sur une plume) ou comme outils (peindre avec une plume)…

 

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Etude par  Mark Nieuwenhuijsen, Ph.D., research professor, Center for Research in Environmental Epidemiology, Barcelona parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences

Sources 1, 2, 3