Un papi correspondant

En lisant le paragraphe “A la vie, à la mort” du livre L’Elément de Ken Robinson, je me suis rappelée que j’avais un “papi correspondant” à la maternelle.

L’école maternelle et le club du troisième âge du village avaient passé une sorte de partenariat : chaque élève avait une mamie/ un papi correspondant(e) avec lequel/laquelle il était incité à communiquer. Cela passait par des lettres écrites par  l’enseignante sous la dictée de l’enfant envoyées aux personnes âgées et par la lecture des lettres envoyées en réponse par ces personnes âgées.

Je me souviens encore de la  joie éprouvée à la réception de ces lettres ! Je revois une photo prise à l’occasion de la fête de Noël où je suis assise toute souriante sur les genoux de mon papi correspondant. Je me souviens des clémentines qu’il m’avait offertes et des visites qu’on lui rendait avec mes parents en dehors de l’école. Je me souviens aussi de son sourire à lui et je sais que chacun de mes copains de l’époque se rappelle encore exactement du nom et des échanges qu’ils avaient eu à 4/5 ans avec ces personnes-là.

Une salle de classe dans une maison de retraite

Pour en revenir à Ken Robinson, il cite l’exemple du programme Book Buddies (“les compagnons de lecture”) qui consiste à attribuer à chaque élève de maternelle un retraité volontaire.

Cette initiative a été mise en place dans le cadre d’une école installée au cœur même d’une maison de retraite dans l’état d’Oklahoma aux Etats-Unis. La salle de classe se trouve dans le bâtiment principal et est entourée de grandes baies vitrées. Les pensionnaires de la maison de retraite sont amenés à passer régulièrement devant et nombre d’entre eux proposèrent leur aide pour apprendre aux enfants à lire. C’est ainsi que des personnes âgées se sont retrouvées à écouter les enfants lire et à leur faire la lecture en retour.

Mais il se trouve que les enfants ont appris bien plus que la lecture à travers cette initiative : ils ont appris de leurs aînés l’histoire de la leur ville natale, les conditions de vie des décennies précédentes, des anecdotes sur le passé de leur pays…

Les enfants ont aussi été amenés à comprendre que la vie est faite de rythmes et de cycles lorsqu’un résident de la maison de retraite décède et ne pourra plus venir leur faire la lecture.

Quels résultats ?

Pour les enfants

La majorité des élèves de cette école maternelle ont eu des meilleurs résultats aux tests nationaux de lecture.

“A l’âge de 5 ans, plus de 70% des élèves quittent le projet en lisant aussi bien qu’un enfant en troisième année d’école élémentaire.”

Pour les personnes âgées

Les prises de médicaments ont diminué parmi les résidents de la maison de retraite. Les personnes âgées ont en effet trouvé un nouveau sens à leur existence : plutôt que d’attendre que le temps passe inexorablement et mécaniquement, elles se sont retrouvées embarquées dans un projet socialement utile et nécessitant de relever des défis, de faire des choix, de réfléchir, de partager, d’échanger.

Plaidoyer en faveur du mélange des générations

Ken Robinson déplore la manière que nous avons en Occident à considérer la vie de manière linéaire et unidirectionnelle : la naissance, la jeunesse, l’âge adulte, la vieillesse jusqu’au déclin final. Bien qu’il paraisse logique de préparer des environnements adaptés à chaque stade de la vie, isoler les différentes classes d’âge de manière totalement étanche conduit à un appauvrissement des échanges sociaux et culturels.

Le projet Book Buddies montre que la rencontre des générations peut enrichir les uns et les autres, et la société toute entière au final.

Pas besoin d’aller si loin, en France aussi ce concept de classe intergénérationnelle a été testé. Une classe maternelle d’inspiration Montessori a par exemple été implantée au cœur d’une maison de retraite à Chantilly.

“Même les pensionnaires les plus désorientés remarquent tout de suite quand les enfants ne sont pas là, commente la professionnelle. Ensemble, ils se comprennent, même s’ils ne maîtrisent pas tous le langage. C’est dans l’affectif qu’il se passe quelque chose.” Source : www.leparisien.fr

Cette idée rejoint celle de Ken Robinson qui écrit que les très jeunes et les très vieux ont un lieu quasiment mystique : ils semblent se comprendre sans avoir besoin de mots.

Je vous invite à suivre ce lien pour en lire davantage sur cette initiative française.

la fontaine de jouvence existe c'est l'esprit, le talent, la créativité

Pour plus de pensée inspirante et positive, je vous recommande chaudement la lecture de L’Élément : Quand trouver sa voie peut tout changer ! par Ken Robinson :