Son biscuit s’est cassé, c’est le drame ! 

gateau cassé enfant

C’est un grand classique avec les jeunes enfants. Un tout-petit veut un biscuit, ce dernier a le malheur de se casser et cela déclenche une crise qui nous surprend par son intensité. Ce type de crises nous paraît disproportionnée par rapport aux faits. Pourtant, un enfant ne fait jamais une crise pour rien et nous pouvons mettre le décodeur pour creuser au-delà de ce qu’il donne à voir et à étendre.

Du point de vue des parents

En tant que parents, nous avons tendance à interpréter ce type de crise comme des caprices. Les enfants semblent nous tester, nous pousser à bout car ils ne veulent rien écouter dans ce cas : ils ne veulent pas prendre un autre gâteau ni manger les miettes. Dans son livre « Vivre heureux avec mon enfant », Catherine Gueguen écrit que comprendre les étapes de la maturation émotionnelle et affective aide à comprendre l’enfant. Le cerveau des petits enfants est immature et ils ne peuvent pas réagir comme des adultes à la frustration, à la difficulté, ou à la peur.

La partie du cerveau qui contrôle nos impulsions s’appelle le cortex préfrontal. Les circuits neuronaux qui relient le cortex préfrontal au cerveau émotionnel ne commencent à maturer qu’à partir de 5 ans. Avant 5 ans, l’enfant ne peut donc pas contrôler ses émotions. Ce n’est pas une question de volonté mais de capacité : il est incapable de prendre du recul sur ce qu’il vit. Un petit enfant vit les émotions avec beaucoup plus d’intensité que les adultes.

>>>Pour aller plus loin : Connaître les étapes de la maturation émotionnelle des enfants pour mieux les comprendre et les accompagner

Du point de vue de l’enfant

Le biscuit cassé est seulement le déclencheur de la crise, pas la raison principale.

Quand votre enfant a eu une journée éprouvante, qu’il a accumulé des émotions fortes et violentes, le soir, la moindre contrariété peut tout faire exploser (un jouet qui ne marche pas, un pull qu’il n’arrive pas à mettre tout seul, une étiquette qui gratte…). – Véronique Maciejak

Les réactions parasites sont secondaires. Contrairement aux émotions primaires (joie, tristesse, colère qui ne durent pas plus de quelques minutes quand elles sont entendues), les réactions émotionnelles secondaire nécessitent une recherche de la cause pour permettre à la vraie émotion (l’émotion cachée, primaire) de sortir. C’est à nous parents de réfléchir avec notre cerveau d’adultes :

  • Est-ce que mon enfant est vraiment en train de pleurer pour ça ? 
  • Qu’est-ce qui se passe vraiment ? 
  • Qu’est-ce qui aurait pu le perturber aujourd’hui ?
  • De quoi mon enfant m’a-t-il parlé avant ? 

Les comportements de nos enfants ont toujours des raisons d’être : les comportements sont comme la partie émergée d’un iceberg et les raisons d’être sont la partie immergée.

Comment réagir avec bienveillance face au syndrome du biscuit cassé ?

– Décoder l’émotion primaire cachée

A quel problème cette crise répond-t-elle ? 

Carence ou excès ? (physiologique, biologique, émotionnel, psychologique…) ?

Les comportements qui posent problème sont des solutions. Si notre enfant a de la fièvre, nous cherchons certes à faire baisser la fièvre, mais nous savons qu’il s’agit d’un symptôme et qu’il est utile d’en identifier la cause : infection, virus… Ce n’est que lorsque nous aurons identifié cette cause que nous chercherons le médicament adéquat. – Isabelle Filliozat (Il me cherche)

 

– Accueillir les émotions

C’est souvent difficile mais c’est le plus bénéfique pour l’enfant et pour la relation. Une émotion primaire écoutée dure quelques minutes maximum.

Les pleurs sont des moyens d’évacuer l’émotion : il est fondamental de laisser l’enfant se décharger, sans jugement, sans en rajouter ni la réactiver par taquinerie une fois que l’enfant est passé à autre chose.

On pourra accepter l’émotion en la reformulant :

“C’est vrai que c’est injuste…”

“Je comprends que tu te sentes en colère.”

“C’est dur d’accepter ça.”

“Tu es furieux parce que tu avais envie de rester avec moi.”

“L’école, ça peut être difficile.”

colère réparatrice

 

 

– Maintenir le contact

Il est important de veiller à la sécurité de l’enfant qui se décharge et de son entourage (risque qu’il se fasse mal ou qu’il fasse mal à quelqu’un). Plusieurs options sont envisageables, tout en restant attentif près de lui :

  • Emmener l’enfant dans un endroit sécurisé et apaisant (peu de lumière et de bruit, des coussins moelleux, des doudous, une couette douce…).
  • Certains enfants auront besoin d’être sécurisés en étant pris dans les bras; d’autres repousseront les contacts physiques doux mais chercheront pourtant le contact autrement (tentative de morsure, tapes…). On les laissera libres de leur mouvement et on proposera un espace d’expression pour l’émotion : taper dans un coussin de colère, crier, courir, sauter, dessiner la colère, jeter des boules de papier…

Une fois que l’apogée de la décharge est passée, on pourra tendre les bras. En général, l’enfant tendra les siens et se laissera aller à un câlin rassurant.

 

– Remplir le réservoir de tous les membres de la famille

Pour expliquer l’attachement des enfants aux parents, Lawrence Cohen, psychologue américain, utilise l’image du réservoir d’amour à remplir chaque fois qu’il se vide. La figure primaire d’attachement de l’enfant est la station d’essence auprès de laquelle l’enfant a besoin de s’approvisionner. C’est auprès d’elle qu’il revient entre deux excursions dans le monde extérieur.

Le réservoir de l’enfant est vidé par la faim, la fatigue, l’isolement, la séparation, le stress, les disputes, des blessures, des écorchures…

On peut utiliser cette image avec les enfants et leur demander à certains moments de la journée à quel niveau est leur réservoir. Cela pourrait devenir une sorte de rituel : « comment est le niveau de ton réservoir en ce moment/ ce soir ? »

L’image du réservoir est valable à tout âge car l’amour est notre carburant à tous : bébés, enfants, adolescents, adultes, seniors. Nous, parents, avons également besoin de remplir notre propre réservoir. On pourra ainsi dire aux enfants : « Mon réservoir est bien vide, j’aurais besoin d’un gros câlin » .

Voici quelques manières de remplir le réservoir (en début de journée, en milieu de journée, en fin de journée, en anticipation, en réconfort…) :

  • Des câlins
  • Des caresses
  • Des massages
  • Des jeux en commun
  • Des livres lus ensemble
  • Des petits mots laissés à l’intention de l’autre
  • Des surprises
  • Du temps d’attention exclusif
  • Des encouragements
  • Des messages positifs
  • Des « je t’aime »
  • Des rires
  • Des chants et chansons

 

– Jouer pour libérer les contrariétés de la journée

Deux types de jeux pourront soulager les enfants :

  • Rejouer certaines scène de la journée

Les jeux de rôle (l’enfant joue la maîtresse, le parent l’élève) ou les jeux à l’aide de marionnettes, de petits personnages permettront aux enfants de s’exprimer sur ce qu’ils ont vécu dans la journée. Il est possible d’orienter les enfants vers une scène dont il aurait parlé et qui l’aurait perturbé (dispute, punition, séparation, situation d’impuissance, peur…).intelligence émotionnelle jeu

Rejouer les scènes qu’il a pu vivre dans la journée lui permettra de dénouer les tensions qui ont pu l’animer.

  • Jouer à des jeux de contact physique

Les jeux de contact physique sans violence (comme une bataille d’oreillers, une bataille d’eau ou de boule de neige, une bataille de pouce, le karaté chaussettes…) permettent de dégager l’énergie et de rétablir la relation.

>>> Lire cet article : L’importance des jeux de chahut.

 

– Anticiper les situations de stress (séparation, école…)

Mettre des limites, c’est comme mettre un couvercle sur le lait qui bout. Et si on éteignait plutôt le gaz ? L’amour est un bouton pour éteindre le gaz. L’amour est un carburant pour réguler le stress, nous dit Isabelle Filliozat.

 

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