Neurosciences : quels types de sons permettent aux enfants de mieux apprendre ?

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Des neurochercheurs ont étudié l’impact du son dans la manière dont se développe le cerveau. Donner du sens aux sons perçus est une des fonctions les plus complexes du cerveau. La manière dont le cerveau répond aux “ingrédients” du son (le ton, la vitesse, le timbre…) donne des informations clés sur la santé cérébrale et sur les capacités d’apprentissage.

L’équipe du Dr Kaus (Northwestern’s Auditory Neuroscience Lab) a trouvé une causalité entre les réponses du cerveau aux sons chez les enfants de 3 ans et leurs compétences en lecture. Il est ainsi possible d’identifier les enfants qui présenteront des difficultés d’apprentissage de la lecture à la manière dont ils réagissent aux sons de leur environnement avant l’âge de 6 ans.

Le Dr Kaus en déduit des pratiques qui favorisent le développement de la manière dont sont traités les sons et de leur donner un sens chez les enfants.

 

Réduire le niveau des bruits parasites

Les enfants qui grandissent dans un environnement bruyant (trafic urbain, logements mal isolés, bruits constants en sourdine…) ont de moins bons résultats scolaires parce qu’ils développent comme un bruit de fond constant dans la tête. Ce bruit de fond constant les empêche de saisir correctement des consignes orales et diminue leur capacité à discriminer des sons (essentiels lors de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture).

Il apparaît donc essentiel de conserver un niveau sonore faible dans les classes (au delà du fait d’inviter les enfants à parler calmement, les infrastructure importent énormément : isolement des bâtiments, mobilier adapté…).

 

Lire des histoires à voix haute

Les enfants de milieux défavorisés auraient entendu 30 millions de mots en moins que les enfants de classe moyenne ou supérieure à l’âge de 5 ans. Le fait de lire des histoires à voix haute ou de raconter des contes aux enfants développent leur vocabulaire et renforce leur mémoire de travail.

Même une fois que les enfants savent lire, continuer à leur lire des histoires à voix haute reste très bénéfique. On pourrait également encourager les enfants à narrer les histoires qu’ils ont entendues (en faire un résumé libre à l’oral) ou à raconter eux-mêmes des contes (lire aussi : Le conte et l’oralité comme outils d’éducation et de lien social).

Ecouter des audiolivres ou des podcasts d’émission (sans support visuel) a également un impact positif sur l’attention, le niveau de langage et la mémoire de travail.

On pourrait aussi imaginer de donner le maximum de consignes à l’oral plutôt qu’à l’écrit.

 

Encourager les enfants à jouer d’un instrument de musique

L’équipe du Dr Kaus a montré que les enfants qui pratiquent un instrument de musique ont une meilleure capacité à capter et à discriminer les sons. Cette capacité leur permet de saisir des consignes dans un environnement avec des bruits parasites de manière plus compréhensible que les enfants non musiciens.

La pratique d’un instrument de musique déclenche réellement des changements biologiques dans la manière dont les sons sont traités, ce qui a pour conséquence un meilleur développement du langage oral et des compétences en lecture/ écriture.

Le fait d’écouter de la musique classique contribue également à développer le cerveau.

Lire aussi : La pratique musicale pour réduire l’illettrisme ? Un exemple en faveur de l’accès à l’art pour le plus grand nombre

 

Encourager la pratique d’une langue étrangère

Le fait de grandir dans un environnement bilingue conduit le cerveau à gérer deux langue en même temps. Le défi que représente le fait de donner du sens à deux langues en même temps soutient les connexions entre les processus neuronaux liés à l’audition et la fabrique de sens, et renforce les capacités attentionnelles.

La pratique précoce d’une seconde langue est également liée à des améliorations des fonctions exécutives (elles mêmes plus prédictives que le QI).

 

Eviter les bruits blancs

Certains appareils émettent es bruits blancs et sont vendus comme des manières de favoriser l’endormissement (des enfants et des adultes). Or le Dr Kraus affirme que le cerveau humain est câblé pour trouver du sens aux sons que nous entendons. Le fait de fournir un environnement complètement privé de sons pourrait avoir perturber l’organisation du cerveau des enfants.

 

On pourrait également imaginer de proposer des activités de discrimination auditive chez les enfants de maternelle. Les clochettes type Montessori s’y prêtent particulièrement bien. le fait de laisser des instruments de musique à disposition des enfants pour un usage libre participe aussi à cette éducation aux traitement des sons (tambourins, maracasses, xylophones, yukulele… pour les moins encombrants).

Des petits jeux inspirés de la méthode Dalcroze pourraient être proposés aux enfants dans cette optique également (un exemple ici).

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La vidéo source en anglais :  Nina Kraus – Breaking the Wall to Neuroeducation @Falling Walls Conference 2015 SD