4 tabous parentaux qui mériteraient d’être pris en considération pour mieux préparer la naissance et vivre une parentalité avec moins de pression

Alisa Volkman et Rufus Griscom sont deux entrepreneurs américains, en couple et parents de 3 enfants. Ils ont créé le site babble.com sur le thème de la parentalité et de la maison. Dans ce TEDx, ils partagent avec nous 4 tabous liés à la parentalité qu’ils ont découverts à la naissance de leurs enfants et dont ils ont souffert.

Tabou n°1 Vous ne pouvez pas dire que vous n’êtes pas tombé amoureux de votre enfant dès le premier instant.

Rufus explique qu’il a ressenti une profonde affection pour son premier fils à sa naissance, mais pas un amour renversant à le mettre par terre.

Pour lui, nous gagnerions à voir l’amour comme un processus qui évolue dans le temps, et non comme quelque chose de binaire (soit je l’aime, soit je ne l’aime pas).

 

Tabou n°2 : Vous ne pouvez pas dire à quel point avoir un bébé peut vous isoler.

Alisa explique qu’elle s’attendait bien à ce que avoir des nuits sans sommeil et allaiter constamment soit difficile, mais qu’elle ne s’attendait pas à un tel sentiment d’isolement et de solitude. Elle a été vraiment étonnée que personne ne lui ait dit qu’elle allait se sentir si isolée.

Aux Etats-Unis, 58% des mères interrogées déclarent souffrir de solitude. Parmi elles, 67% se sentent plus seules quand leurs enfants sont âgés de 0 à 5 ans – probablement au plus fort entre 0 et 2 ans.

Dans notre monde occidental, moins de 50% d’entre nous vivons près des membres de notre famille, ce qui est probablement une raison pour laquelle cette période est si difficile.

 

Tabou n°3 :  Vous ne pouvez pas parler de votre fausse couche.

Après une fausse couche, Alisa a été étonnée de recevoir tant d’histoires personnelles similaires à la sienne que personne n’avait partagées avec elle auparavant.

Elle estime que la fausse couche est une perte invisible et que c’est pour cette raison qu’il y a peu de soutien collectif à ce sujet. Il n’y a pas vraiment de cérémonies, de rituels, ou de rites pour accompagner le bébé décédé et les parents en deuil. Les parents, et les femmes en particulier, n’obtiennent pas assez de soutien de la communauté lors d’une fausse couche.

Or 15 à 20% des grossesses finiraient en fausse couche et 74% des femmes déclarent ressentir que la fausse couche était en partie de leur faute.

 

Tabou n°4 : Vous ne pouvez pas dire que votre niveau de bonheur moyen a diminué après avoir eu un enfant.

et si le bonheur vous tombait dessusDans son livre “Et si le bonheur vous tombait dessus“, Daniel Gilbert révèle que le fait d’être parent fait baisser le niveau moyen de bonheur.

Alisa et Rufus montrent ce graphique qui reprend les résultats de 4 études scientifiques différentes : toutes convergent pour dire que le niveau de bonheur ne remonte à son niveau initial qu’une fois les enfants partis du foyer familial.

tabou parents

Pour Alisa et Rufus, la définition du bonheur change quand nous devenons parents. Nous échangeons une forme de sécurité et de sûreté d’un certain niveau de contentement atteint à l’âge adulte pour des instants transcendants (comme le babillement d’un bébé, ses premiers pas, les premiers mots lus, les câlins…), lesquels viennent compenser les moments de profonde impuissance.

Quand nous sommes enfants et adolescents, nous avons du mal à gérer nos émotions et le bonheur vient en quelque sorte par à coups, faisant les montagnes russes entre des moments d’extase (trouver un caillou par terre, manger une barbe à papa…) et de désespoir total (se coucher avant 22h, perdre une fleur séchée ramassée la semaine précédente…). Quand nous arrivons à l’âge adulte, notre niveau de bonheur moyen augmente car nous sommes en mesure de mieux gérer nos émotions et nous sommes moins en proie à ces montagnes russes. Or le fait de devenir parents brise cet équilibre et nous redevenons dépendants de ces à coups, à osciller entre bonheur total et profond déspoir.

courbe du bonheur parents

 

Alisa et Rufus se demandent alors : peut-on collectivement infléchir la courbe du bonheur vers le haut ? C’est important d’avoir ces moments transcendants de joie, mais ils sont parfois très brefs. Qu’en est-il alors de cette courbe de référence du bonheur moyen ? Peut-on l’augmenter un petit peu ?

Pour Alisa et Rufus, il faut lutter contre les fausses espérances et les mythes liés à la parentalité : si nous avons les bonnes espérances et que nous savons les gérer, la parentalité pourra devenir une expérience immensément gratifiante.

Ils espèrent qu’en étant plus honnêtes et plus sincères sur la réalité de la parentalité, nous pourrons tous ensemble infléchir vers le haut la courbe de référence du bonheur, ne serait-ce qu’un petit peu.

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