Non violence : un conte pour apprendre aux enfants à se décentrer et à faire preuve de tolérance

Ce conte, d’inspiration bouddhique, peut être lu aux enfants pour leur apprendre à relativiser leur point de vue et se mettre à l’écoute de celui des autres. Cette compétence peut être utile dans le cas de conflits qui nécessitent de prendre un temps de pause et du recul afin de voir la situation de tous les points de vue.

Un conte pour apprendre aux enfants à se décentrer et à faire preuve de tolérance

Un jour, le roi Face-de-Miroir décida de réunir tous les savants de son royaume afin qu’ils lui expliquent la vérité de la vie et lui disent le sens de l’existence. Les savants arrivèrent un à un dans le palais, ils s’installèrent dans une grande salle avec eurs livres, leurs papiers, leurs porte-plumes. À la question du roi: « Quelle est la vérité de la vie ? », chacun répondit :

– Moi, je connais la vérité. Écoutez-moi, je vais vous l’expliquer.

Mais tout de suite, il y eut un autre savant pour s’écrier:

– Un instant ! tout ceci n’est que mensonges. Moi, je connais la vérité. Et je vous affirme que…

Alors un autre savant exigea le silence, car lui, il pouvait répondre à la question du roi. Mais personne ne le laissa parler. En fait, chacun criait :

– Je sais ce qui est le vrai et tout le reste est mensonge !

Bientôt, ils en vinrent à des insultes, puis chacun essaya de taper sur la tête de son voisin avec ses livres de sagesse. Dans la grande salle du palais régnait un beau tumulte. D’abord le roi s’en étonna puis il s’en amusa. Enfin, il alla trouver son ministre et lui dit :

– Allez dans la ville, rassemblez tous les aveugles de naissance que vous y rencontrerez.Ensuite, conduisez-les jusqu’ici.

C’est ce que fit le ministre et bientôt il amena un groupe d’aveugles. Le roi demanda alors qu’on fit venir un éléphant. Quand la bête se tint devant les aveugles, on guida leurs mains vers l’animal et le roi leur demanda : «Dites moi ce qu’est un éléphant. ».

Le premier dit : « Moi, je connais la vérité. Un éléphant, c’est un gros serpent très fort et très musclé. »

Un autre s’écria tout de suite : « Un instant ! tout ceci n’est que mensonge. C’est un tronc d’arbre solide et rugueux.»

Le troisième exigea le silence en affirmant que c’est une corde fine et lisse.

Un autre les traita d’incultes et dit sentencieusement : « Un éléphant, c’est une voile chaude et épaisse. »

Mais pas du tout dit un cinquième : « L’éléphant c’est un bâton froid et lisse. »

Quand on donna la parole au dernier il jura par tous les dieux qu’un éléphant c’est un grand mur qui palpite.

Et les savants assistèrent à cette scène étonnante : les aveugles de naissance se disputaient, chacun accusant les autres de mensonge et tous affirmant qu’eux seuls connaissaient toute la vérité sur l’éléphant.

Alors, le roi leur dit : « Vous avez tous dit vrai ! Mais chacun de vous ne détient qu’une part de la vérité. Oui, mon éléphant est fait d’un mur qui palpite, c’est son ventre. Il a quatre troncs d’arbres solides et rugueux, ce sont ses pattes. La corde fine et lisse c’est sa queue. Il a deux grandes voiles chaudes et épaisses, ce sont ses oreilles. Il a deux bâtons froids et lisses, ce sont ses défenses d’ivoire. Le gros serpent très fort et très musclé, c’est sa trompe ! C’est tout cela un éléphant et bien d’autres choses encore ! »

Et le roi les congédia tous.

 

Apprendre que notre manière de penser n’est pas la seule valable est un long apprentissage. Ce conte peut permettre aux enfants de comprendre l’intérêt de s’ouvrir aux points de vue des autres. En classe ou à la maison, on pourra faire référence à ce conte lors de désaccords entre enfants pour leur rappeler l’importance de se décentrer.

Par ailleurs, la lecture de ce conte peut être complétée par des ateliers d’écriture (ou de narration orale pour les plus jeunes). L’idée est d’amener les enfants à raconter des histoires à partir de plusieurs points de vue.

Un exemple inspiré par le guide L’apprentissage de la communication à l’école primaire et au collège (du réseau Réseau Ecole et Non-violence):

L’arbre -> On attribue des rôles aux enfants et ils doivent raconter comment ils voient l’arbre selon les différents points de vue (bûcheron, écureuil, biologiste, garde forestier, randonneur, oiseau, poète, sculpteur, singe…). L’idée n’est pas de faire des longs textes, une phrase peut suffire à décrire comment chaque personne voit l’arbre, quelle utilité elle lui attribue. Les enfants pourront ensuite discuter en groupe de la manière dont ces différents points de vue peuvent être conciliés.

On peut imaginer le même exercice avec d’autres thèmes et d’autres rôles (la mer, la pluie, la musique…).

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Conte inspiré du recueil 17 contes du bouddhisme de Thalie De Molènes (éditions Castor Poche Flammarion)