Couple et burn out : faire face à deux (pistes pour préserver le couple lors d’épisode difficile et prévenir l’épuisement avant qu’il ne s’installe)

couple épuisement

Le stress entretient un effet une relation étroite et corrélée avec la satisfaction conjugale :

  • d’une part, un haut niveau de stress diminue la satisfaction conjugale (car le stress rend irritable et diminue le désir),
  • d’autre part, un haut niveau de satisfaction conjugale diminue le stress (car le soutien du partenaire dans l’adversité joue un rôle de tampon entre le stresseur et la personne stressée).

 

Dans leur livre Le Burn-out parental : l’éviter et s’en sortir, Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam proposent quelques pistes pour préserver le couple lors d’épisode difficile (et prévenir l’épuisement avant qu’il ne s’installe) :

  • Décider consciemment de prendre soin du couple (s’informer par exemple sur les menaces qui mettent un couple en danger comme les Les 4 cavaliers de l’apocalypse de John Gottman et s’engager à cultiver le lien d’amour au quotidien, en préservant du temps de qualité consacré aux échanges, à la sexualité, à la tendresse et autres activités de couple)

 

  • Éviter de reporter sur le conjoint ou la conjointe l’énervement dont il ou elle n’est pas responsable (et s’excuser quand c’est le cas, par exemple quand on “passe ses nerfs” en famille alors que le stress est lié au travail)

 

  • Accueillir nos émotions désagréables envers le ou la partenaire et transformer les jugements en besoins insatisfaits. Il ne s’agit pas de censurer nos jugements. La Communication NonViolente (CNV) ne dit pas qu’il ne faut pas émettre de jugements ou critiques mais que ces jugements ou critiques sont l’expression tragique de besoins insatisfaits et qu’ils empêchent une communication empathique en bloquant le lien (lien avec soi-même et lien avec l’autre). La CNV nous invite donc à accueillir et reconnaître nos jugements (je pense ci ou ci et c’est effectivement un jugement) pour pouvoir les travailler : aller chercher les émotions et les besoins à l’origine de ces jugements et les reformuler sous forme d’observation, de sentiment et de besoins (en cherchant les 3 niveaux de besoin). Encore une fois, l’idée n’est pas de dire à l’autre de manière formelle et stéréotypée ce que nous avons observé, comment nous nous sommes sentis, quels sont nos besoins avant de formuler une demande. On parle plutôt ici de dialogue intérieur, d’une clarification pour soi-même qui servira d’appui pour s’exprimer dans un langage authentique et personnel.

 

  • Accepter les défauts et limites du conjoint : quand le conjoint ou la conjointe dit ou fait quelque chose que nous n’apprécions pas (ou ne fait pas quelque chose que nous attendions), mieux vaut éviter de penser que c’est la preuve qu’il ou elle ne nous respecte pas, ne nous aime pas ou se fiche de la famille. Il est possible d’imaginer d’autres raisons susceptibles d’expliquer ce comportement en raisonnant en termes d’émotions, de besoins (quelle est sa motivation ?) afin de recadrer les pensées et de formuler à nouveau nos attentes sans l’attaquer frontalement.

 

 

  • S’engager à ne jamais utiliser la violence au sein du couple, qu’elle soit verbale, émotionnelle ou physique. Rien ne peut jamais justifier d’humilier le ou la partenaire; rien ne justifie de frapper. Cet engagement peut être formellement formulé entre les partenaires comme un pilier de la relation.

 

  • Se relier à ce qui est positif dans la relation. L’idée est de rester en lien avec ce qui va : de l’appréciation, de la gratitude, de l’amitié, de l’admiration pour le ou la conjoint.e ou pour la relation avec celle-ci. Cela peut passer par le fait de citer un fait que nous avons apprécié, de dire comment nous nous sentons maintenant quand nous y pensons, d’exprimer les besoins nourris. Quand quelque chose de négatif doit être dit, maintenir la balance de trois interactions positives (gratitude) pour une négative.

 

  • Intégrer l’humour et le rire dans le quotidien. Rire (de nous et avec les autres) permet de gagner en élan de vie et en légèreté. Attention toutefois à rire de soi mais jamais de l’autre (rire de notre propre obstination, de notre propre maladresse, de nos propres colères, de nos petites manies…), rire avec l’autre jamais de l’autre (pas de moquerie).

 

  • Être attentif à ce que vit l’autre et partager tant ses joies que ses peines. Quand le ou la partenaire vit une situation difficile, le soutien émotionnel (écoute empathique, toucher…) soutient la satisfaction conjugale. Quand il ou elle vit quelque chose de positif , se réjouir avec lui ou elle, même si on a passé soi-même une mauvaise journée, participe à la satisfaction conjugale.Lorsqu’une personne apprend une nouvelle positive pour le conjoint ou la conjointe (par exemple un nouveau poste ou une promotion), elle peut réagir de façon active (s’impliquer dans la joie ressentie par le conjoint : “Oh, je suis très content.e de cette nouvelle, raconte !”) ou passive (considérer que cela ne la concerne pas directement : “Ah, tant mieux pour toi”), voire violente (“Je m’en fiche”, “Je me demande bien comment ça se fait”). Plus encore que le soutien dans les épreuves douloureuses, c’est la présence et l’attention aux nouvelles positives de l’autre qui détermine la qualité de la relation.

 

  • Discuter de la répartition des tâches domestiques en fonction des besoins et du niveau d’énergie de chaque partenaire. La répartition peut être modifiée et doit être consensuelle et flexible, dans un sens comme dans l’autre. Le vocabulaire employé trahit parfois la manière dont sont abordées ces tâches dans le foyer : les pères n’aident pas les mères, les pères contribuent au fonctionnement de la famille et font leur part. Il n’y a pas de tâches féminines ou d’autres masculines.

 

  • Ne pas négliger la qualité des rapports sexuels, sans pour autant se forcer. Un rapport sexuel sans consentement de l’un ou l’autre des partenaires est un viol et est puni par la loi. La sexualité fait partie du soin apporté à la relation de couple. Or quand il n’y plus de chaleur dans la relation, plus de lien émotionnel au quotidien, la sexualité ne peut pas s’épanouir. Certains hommes se plaignent que leur compagne prétende avoir mal à la tête et ne veuille pas faire l’amour avec eux : mais que font-ils au quotidien pour attiser les braises du désir ? Peut-être avez-vous déjà vu passer cette “blague” qui met en scène deux hommes en train de discuter. Le premier dit au deuxième quelque chose comme : “Ma femme me dit tout le temps qu’elle ne veut pas faire l’amour parce qu’elle est trop fatiguée. Alors, aujourd’hui, je suis rentré plus tôt du travail pour faire les courses, aller chercher les enfants, faire le ménage, préparer le dîner et régler les factures en retard.” Le deuxième répond : “Ah super, et alors elle était moins fatiguée ? Vous avez fait l’amour ?”. Le premier dit dépité : “Ah ça non, j’étais trop fatigué ! Je me suis endormi !”.

 

L’intimité d’une relation se construit forcément sur du temps de qualité passé ensemble, des souvenirs construits au quotidien (et pas seulement lors de grandes occasions), de l’expression de la vulnérabilité personnelle (confession sur le passé, histoire familiale, difficultés rencontrées, rêves…). Choisir de vivre en couple, c’est plus que se répartir les tâches domestiques (même si c’est une question cruciale en termes de charge mentale, notamment pour les femmes). D’ailleurs, il n’est pas question non plus que les femmes prennent, en plus de tout le reste, la charge mentale du soin apporté au couple : c’est un travail mutuel dans lequel chacun fait sa part.

Lire aussi : Les pères “n’aident pas” les mères, ils sont autant parents que les mères.

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Source : Le Burn-out parental : l’éviter et s’en sortir de Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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