Ces petites choses du quotidien sur lesquelles j’ai (réussi à) lâcher prise

Je rencontre (et j’imagine que je ne suis pas la seule en tant que parent) des situations de la vie courante qui peuvent me déranger, m’épuiser, voire m’obséder.

Ce sont souvent de petites ou grosses zones de friction avec ma fille qui requièrent de ma part un surinvestissement affectif que j’aimerais mieux utiliser ailleurs et de manière plus positive.

J’ai alors décidé d’exercer mon lâcher-prise sur certaines règles/situations que j’estimais non indispensables à notre survie, à ma fille et à moi. Comme dirait Catherine Dumonteil-Kremer, j’ai passé mes règles au “tamis du sens” et j’en ai profité pour aménager quelques “traditions familiales”.

Le brossage des dents

brossage de dents enfants lâcher prise

Ma fille sait que le brossage des dents est important, elle en a compris l’intérêt et sait ce qu’est une carie. Elle sait également se brosser les dents toute seule… bien qu’elle aime bien que je les lui brosse aussi parfois !

Mais j’ai décidé de ne pas en faire un cheval de bataille absolument rigide : les soirs où elle est vraiment fatiguée (par exemple après un repas de famille qui a traîné ou une sortie en soirée), je ne l’oblige pas à se brosser les dents; idem pour certains matins où nous sommes trop en retard, je préfère faire l’impasse sur le brossage de dents.

En revanche, un brossage manqué est toujours exceptionnel : si elle ne s’est pas brossée les dents la veille au soir, elle sait qu’elle ne pourra pas faire l’impasse dessus le lendemain matin; si elle ne s’est pas brossé les dents le matin, on les brossera même le midi s’il se trouve que nous sommes à la maison.

Le bain

A la maison, c’est douche tous les soirs. Encore une fois, il arrive qu’on fasse l’impasse sur la douche de temps en temps. Quand on veille, quand on est invité, quand elle est trop fatiguée… mais cela reste une exception et pas la norme.

Parce que les règles d’hygiène sont importantes, mais que passer des moments agréables, sereins et tranquilles en famille est plus important :-).

La fermeture du manteau en hiver

Il arrive souvent que ma fille refuse de fermer son manteau à l’intérieur d’un bâtiment. Au début, j’insistais pour le lui fermer moi-même mais je me suis vite rendue compte qu’on entrait dans un jeu de pouvoir toxique dans ces cas-là (elle rechigne, j’insiste, elle se débat, je m’exaspère).

Encore une fois, je me suis décidée à lui laisser vivre son expérience. Il se trouve qu’elle avait bien compris l’intérêt de fermer son manteau quand elle RESSENTAIT le froid mais qu’en l’occurrence, elle n’avait pas froid à l’intérieur ! Je me suis rendue compte qu’elle fermait spontanément (et seule) son manteau une fois dehors… si j’avais su, j’aurais fait confiance plus tôt à ses sensations corporelles :-).

“Nos sensations nous envoient des messages très personnels, qui devraient être respectés dès que cela est possible”. Catherine Dumonteil-Kremer dans Poser des limites à son enfant et le respecter

Le séchage et le brossage des cheveux

Cela a longtemps été l’objet d’un rapport de force entre ma fille et moi. Elle déteste qu’on lui touche les cheveux, que ce soit pour les lui sécher ou les lui coiffer.sècher les cheveux d'un enfant

J’ai abandonné depuis longtemps l’idée de lui coiffer les cheveux, que ce soit le soir ou le matin. Je me suis dit que finalement, ce n’est pas si important que ça et que le jour où elle aura envie de se coiffer ou d’être coiffée, elle me le demandera.

Cela lui est d’ailleurs arrivé à plusieurs reprises de me demander des couettes ou des tresses pour des anniversaires ou des soirées.

Je lui ai aussi proposé à plusieurs reprises de la coiffer avant de partir à l’école quand elle avait des épis le matin (proposition acceptée… ou non !).

Quand elle tombe sur un peigne, cela lui arrive même de s’amuser à se coiffer ou à me coiffer.

Et elle a bien compris qu’elle ne pourrait pas avoir de cheveux longs en refusant de se laisser coiffer : elle les porte donc en carré court.

J’ai eu plus de mal à lâcher prise sur les questions de séchage des cheveux car j’avais peur qu’elle tombe malade. Mais finalement, elle porte les cheveux assez courts, elle prend sa douche le soir avant de dîner donc ses cheveux ont le temps de sécher avant qu’elle aille au lit, la maison est chauffée en hiver et je peux très bien lui frotter les cheveux avec la serviette pour les “pré sécher” sans forcément passer par le sèche cheveux… alors pourquoi monopoliser tant d’énergie et rentrer dans un rapport de force inefficace ?

Là encore, nous avons un accord tacite : quand elle a les cheveux mouillés le matin et que nous devons sortir dehors (ce scénario se présente le week-end parfois), elle accepte que je les lui sèche au sèche cheveux.

Le bisou de bonjour ou d’au revoir, de remerciement

J’accorde de l’importance au fait de dire bonjour et au revoir car j’estime que c’est une manière de reconnaître l’autre, son existence. L’impolitesse, c’est nier l’autre.

“Ne pas dire bonjour, c’est d’emblée effacer l’autre d’un coup de gomme, le transformer en fantôme”. Sophie Carquain dans Petites leçons de vie : pour l’aider à s’affirmer

En revanche, j’ai lâché prise sur les moyens. On peut très bien dire bonjour, au revoir ou merci d’un sourire, d’un signe, d’une poignée de main, d’une parole, d’un mot écrit, d’un dessin, sans forcément passer par un bisou. De nombreux livres sur l’éducation s’accordent pour dire qu’il vaut mieux éviter d’obliger un enfant à embrasser une personne quand il n’en a pas envie. Cette position enseigne à l’enfant le respect de son corps, le droit de dire non quand il n’a pas envie d’être touché.

Le repas devant un dessin animé

Là encore, tout est question de dosage et d’explication/compréhension des règles.

“Le poison, c’est la dose.” – Confucius

Il nous arrive de dîner devant la télé de temps en temps, rarement en semaine mais plutôt le samedi soir quand nous ne sommes que toutes les deux. Parfois, elle me demande pour manger devant la télé : je me réserve le droit de dire oui ou non. Parfois, c’est moi qui le lui propose.

On s’installe alors sur la table basse du salon, on éteint les grandes lumières pour ne laisser que la petite lampe et on regarde un dessin animé en DVD (je suis par contre intransigeante sur la télé : c’est DVD ou rien !).

C’est comme une petite bulle de détente, un moment à deux qui change du quotidien. Elle a bien compris que c’est un moment qui reste exceptionnel, que ça ne deviendra jamais la norme mais que j’apprécie autant qu’elle.

Le lavage des mains

se laver les mains enfantsÉtonnamment, je n’ai pas vraiment lâché prise sur le lavage des mains car je n’ai jamais insisté là dessus. Je m’en suis rendue compte assez récemment alors qu’un ami venait déjeuner avec nous. Nous rentrions de l’école à 11h30 et ma fille ne s’est pas lavée les mains avant de passer à table, je ne lui ai pas demandé non plus.

Quant il me l’a fait remarqué, j’ai réalisé que je lui demandais de se laver les mains seulement quand elle avait passé un moment à jouer dehors, après être allée aux toilettes ou avoir cuisiné. Mais je ne lui demandais jamais quand elle rentrait de l’école ou que nous avions passé la matinée à la maison ni après mangé (j’estime que s’essuyer les mains dans la serviette suffit…).

 

 

Finalement, à chaque famille ses règles, souples ou rigides, négociables ou non, dans le respect de chaque membre. Il y a celles qui rendent la vie meilleure, plus sereine, plus agréable, et celles qui sont sujettes à angoisse, à colère, à obsession et qu’on pourrait peut-être aménager.

Et vous, quelles sont les règles/ situations sur lesquelles vous seriez prêt(e)s à lâcher prise pour gagner en harmonie familiale sans lésiner sur la sécurité, l’hygiène ou encore les besoins de chacun ? Un équilibre pas toujours facile à trouver et dont je ne prétends absolument pas avoir trouvé la clé :-) !