Il/ elle a peur : 5 erreurs à ne pas commettre pour accompagner les peurs des enfants

comment accompagner peurs enfant

Dans son cahier Mes peurs, amies ou ennemies ?, Isabelle FIlliozat propose une approche pour accompagner les peurs des enfants. Elle y liste 5 erreurs à ne pas commettre.

  • Erreur n°1 : Exposer de force l’enfant à l’objet de sa peur

Il vaut mieux donner des ressources et permettre d’affronter progressivement l’objet de sa peur. Cela peut passer par le fait de fournir des informations sur ce que l’enfant est en train de vivre, sur l’origine des sensations : son corps est en train de mobiliser de l’énergie pour faire face.

On peut expliquer que :

  • nous avons besoin de la peur quand quelque chose est dangereux;
  • le trac est naturel et qu’il est important de le ressentir;
  • être anxieux avant un devoir surveillé/ une évaluation montre qu’on est impliqué dans les études et qu’on se prépare à réussir;
  • tout le monde a peur face à l’inconnu et que cela permet d’anticiper les problèmes;
  • se montrer courageux, c’est écouter les informations que nous transmet notre système de sécurité, regarder le danger en face, le mesurer et réagir en conséquence.

 

  • Erreur n°2 : Surprotéger

La surprotection confirme à l’enfant qui a peur son impuissance. Si l’évitement soulage sur court terme; sur le long terme, le problème risque de s’aggraver. Il est préférable d’offrir de nombreuses opportunités de soutenir le pouvoir personnel de l’enfant, notamment à travers le jeu (jeu de chahut par exemple) ou responsabilités à hauteur d’enfants.

Aider un enfant qui a peur à faire face à sa pur en travaillant avec lui sur le développement de son sentiment de pouvoir personnel :

  • se rappeler d’une fois où il a déjà eu peur et comment il a dépassé cette crainte;
  • poser des questions (de quoi as-tu le plus peur dans ce cas ? qu’est-ce qui te fait le plus peur quand tu penses à la mort ?…);
  • construire des ressources avec lui (par exemple, un galet ressource;  mieux vaut éviter les astuces “magiques” du type un spray anti monstre qui partent du principe que les montres existent);
  • enseigner des techniques de retour au calme (méditation, pleine conscience…);
  • permettre de jouer les scènes vécues ou anticipées génératrices de peurs (par exemple, revivre une piqûre par le jeu sur les nounours);
  • imaginer des histoires pour défier les pensées anxieuses en changeant le scénario que l’enfant s’était imaginé (ainsi, les enfants pourront exposer leurs peurs, leurs « et si… ? » (et si maman m’oubliant à la garderie ? et si papa avait un accident de voiture ?…).

 

  • Erreur n°3 : Rassurer par des mots

Nos mots d’adultes comme “tout va bien” ou “ça va aller”, “il n’y a pas de raison d’avoir peur” ont souvent tendance à minimiser les peurs des enfants qui se sentent alors incompris.

Rassurer par notre regard sans crainte et par du contact physique est plus efficace. En effet, l’attitude intérieure est plus importante que les mots employés. Etre présent dans la respiration, dans l’attitude intérieure peut parfois suffire, et est quoi qu’il en soit une condition à une écoute émotionnelle efficace.

 

  • Erreur n°4 : Exagérer

Exagérer les peurs des enfants n’est pas aidant non plus (“mon pauvre petit, c’est terrible !”). Là encore, l’accueil émotionnel permet de donner sa juste place aux émotions fortes :

  • Respecter les émotions des enfants sans entrer dans un jeu de pouvoir : « je vois que tu as peur »
  • Reformuler sans juger, sans commenter ni intervenir : « tu n’en as pas envie du tout »
  • Accueillir l’émotion en respectant les nuances vécues par l’enfant : « tu as eu vraiment très, très peur, on dirait ! »
  • Ecouter avant de consoler : « je vois que tu te sens mal »
  • Ecouter de l’intérieur ce que l’enfant est en train de vivre : « Tu hésites. Qu’est-ce que tu sens ? »
  • Valider le vécu : « tu as le droit de ne pas avoir envie, c’est vrai, tu préférerais rester ici, je peux comprendre ça »

L’émotion est une structure en 3 étapes :

  1. la charge : quand ça monte à l’intérieur, quand on ressent les sensations corporelles liées à l’émotion (gorge sèche, rythme cardiaque qui s’accélère…)
  2. la tension : on utilise l’énergie de l’émotion dans une action, une parole, un comportement
  3. la décharge :  le moment où l’on pleure, crie, tremble… La décharge n’est que la 3° partie de l’émotion, c’est l’étape qui permet le retour au calme.

Quand on est face à un enfant, il s’agit alors de ne pas empêcher cette troisième étape qui est souvent confondue avec l’émotion elle-même. L’enfant a besoin de se décharger pour ne pas rester en tension. Comme cette tension n’est plus utile, elle doit pouvoir sortir du corps en s’extériorisant.

Par exemple, pleurer fait du bien suite à un choc, à une peur, à une douleur. Dire « ne pleure pas » revient à dire « Garde ta peur à l’intérieur de toi ».

Au contraire, on pourrait encourager les enfants à pleurer :

« Vas y, pleure un bon coup parce que, quand on pleure un bon coup, ça dure quelques secondes et ça s’arrête. Les émotions sont des états, elles sont temporaires. Comme quand le soleil et la pluie s’alternent. »

« Pleure, pleure fort si tu en as besoin, serre-moi et pleure, tu peux même trembler ! »

 

  • Erreur n°5 : Minimiser 

Solliciter les fonctions supérieures des enfants (capacité à raisonner, verbaliser…) permet de calmer les émotions fortes. On peut par exemple demander à l’enfant en prise avec sa peur de mesurer l’intensité de sa peur : “entre 1 et 10, ta peur est à combien ?”. puis démontrer de l’empathie à la hauteur de l’intensité vécue par l’enfant (qui est SA réalité). Cela peut passer par des mots reflétant ses émotions (“ah oui, en effet, cela doit être difficile à vivre”,”pas étonnant que tu sois paralysée”…).

Une reformulation parfaite peut être inefficace si elle ne vient pas du coeur, si elle n’est pas chargée d’empathie.

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Source : Mes peurs, amies ou ennemies ? de Isabelle Filliozat (éditions Nathan). Disponible en centres culturels, en librairie ou sur internet.

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